Le
point de vue de Julien Bodin, Cogérant de MVN, Expert en ventilation des
bâtiments collectifs.
Le mal logement concerne 4 millions de personnes en France selon la Fondation pour le Logement. Parmi ces mal-logés, 350 000 sont sans logement fixe, le reste est concerné par une précarité énergétique grandissante et une insalubrité au sein même des logements sociaux, censés compenser ces inégalités.
Autre chiffre important, selon le Médiateur de l'énergie, 30% des Français déclarent avoir souffert du froid dans leur logement en 2024, ils étaient 14% en 2020.
Au-delà des
déclarations préfectorales indiquant l’insalubrité, il existe des réalités qui
dépassent les jalons administratifs.
Une cartographie de
l’insalubrité en France
Les causes du
mal-logement, de l’insalubrité et de la précarité énergétique sont diverses.
L’absence d’isolation, d’accès à un chauffage efficient couplé à l’augmentation
des prix de l’énergie (75% des ménages ont réduit le chauffage dans leur
domicile d’après le rapport du Médiateur de l'énergie) et enfin le manque de
ventilation expliquent en grande partie ces problématiques sociales.
- Premièrement, selon
l’ONPE (Observatoire National de Précarité Énergétique), 3,2 millions de
ménages sont touchés par la précarité énergétique, c’est-à-dire qu’été
comme hiver, leurs logements sont des pièges ou des passoirs thermiques,
laissant entrer la chaleur ou le froid dans l’habitation. Bien que le DPE
(Diagnostic de Performance Énergétique) permette d’évaluer l’ampleur des
travaux, ces derniers restent onéreux, malgré des dispositifs d’aide comme
MaPrimeRénov’, qui s’avèrent être complexes à mettre en place.
- Ensuite,
économiquement, si les ménages se chauffent moins ou climatisent moins, c’est en grande partie
à cause de l’augmentation des prix de l’électricité (137,17% depuis 2007) et du
gaz (63% depuis 2005).
- Le troisième facteur
est probablement le plus sous-estimé par les pouvoirs publics, les
gestionnaires et les professionnels de la construction. Quand on évoque
l’insalubrité, l’humidité arrive au premier rang. Elle est souvent due à une
mauvaise ventilation de l’air intérieur. Or, il existe une véritable fracture
sociale quant à l’accès à une bonne qualité de l’air intérieur (QAI), alors
même que l’air est un bien commun en vertu de l’article 714 du Code civil.
Selon l’OMS, une mauvaise QAI serait à l’origine de 20 000 décès prématurés en
France chaque année. De plus, celle-ci provoque de nombreux problèmes de santé
et maladies comme la toux, la fatigue chronique, les maux de tête, l’asthme… Un
réel enjeu de santé publique !
La France possède un
important parc de logements collectifs, qu’ils soient sociaux ou privés.
Toutefois, ce patrimoine a été progressivement délaissé, avec un manque
d’investissements pour y intégrer les technologies modernes d’isolation, de
chauffage, de climatisation et de ventilation. Le chantier est colossal mais
pas insurmontable !
Rénovation et
ventilation : un duo au service d’un meilleur logement
Avec une construction de logements sociaux en baisse et une hausse des demandeurs
(82 000
constructions par an contre 2,7 millions de demandeurs), la rénovation semble
être un levier majeur pour répondre à cette tension.
La rénovation
énergétique globale soutenue par des politiques publiques conditionnent
l’avenir du mal logement en France. L’Etat a déjà été condamné pour inaction
par le collectif l’Affaire du siècle, en ne déployant pas les moyens suffisants
pour atteindre les 200 000 logements rénovés par an. L’USH milite par la voix
de sa présidente Emmanuelle Cosse pour une rénovation sociale du parc.
Malgré un contexte marché difficile avec de nombreuses entreprises de construction en difficulté
(60 000 entreprises en faillite en 2024 selon la FFB – Fédération Française du
Bâtiment), il existe une prise de conscience dans les copropriétés et chez les
gestionnaires de parcs. Le DPE a grandement participé à ce mouvement pour que
ces acteurs se réapproprient leur rôle de garants de la salubrité des
logements.
À ce titre, la
ventilation possède de nombreux avantages et peut être le premier poste de
travaux à être enclenché pour palier à l’urgence du mal logement. Les travaux
sont moins lourds pour la copropriété et pour l’occupant puisque les
principales installations peuvent se faire dans les conduits existants. De
plus, les effets bénéfiques d’un système de ventilation sont rapides, continus,
et permanents grâce à un débit maîtrisé, garantissant un renouvellement de
l’air, pour une consommation énergétique moindre. Le ressenti de l’habitant et
l’acoustique de certains systèmes de ventilation sont largement palliés par la
précision du réglage du moteur et du volume de tirage.
Face à l’urgence du mal logement, lutter contre la précarité énergétique et protéger la santé des occupants à travers la ventilation s’avère être la meilleure réponse. Une ventilation au service de la qualité de l’air, de l’accès à un logement décent et de lutte contre la précarité sociale.


