Les consommateurs entre conscience des enjeux
environnementaux et sociaux et perte d’engagement.
À l’heure où l’urgence
climatique est plus pressante que jamais, le Baromètre GreenFlex ADEME de la
Consommation Responsable révèle, pour sa 21° année, un paradoxe préoccupant :
l’engagement des citoyens en faveur d’une consommation plus durable
s’essouffle, même si leur inquiétude vis-à-vis de l’avenir de la planète reste
forte.
Une conscience des
enjeux climatiques toujours présente, mais une mobilisation qui faiblit
8 Français sur 10
s’accordent sur le fait que la crise climatique nous oblige à revoir nos modes de
vie et de consommation. Ce chiffre, stable depuis plusieurs années, montre la
nécessité d’agir face au changement climatique. Cette année néanmoins, la part
des citoyens qui sont « tout à fait d’accord » est en recul (31% vs 40% en
2024). Le lien entre consommation et avenir de la planète s’effrite-t-il dans
l’esprit des Français ?
La dynamique de
consommation responsable marque ainsi le pas : les consommateurs se disant
les plus engagés (faisant « tout leur possible ») sont moins nombreux cette
année (13% de la population
vs 18% en 2024). Certaines pratiques sont même en
recul, comme privilégier les achats de seconde main ou d’occasion plutôt que le
neuf, qui baisse de 6 points en 2025 et ne concerne plus que 38% des
consommateurs. Un signe d’essoufflement, voire de résignation ?
Une sensibilité en
retrait, dans un contexte de priorités bouleversées
Parmi les diverses
préoccupations des Français (santé, bien-être, coût de la vie, sécurité,
bonheur, environnement, travail), la sécurité est en hausse significative
depuis 3 ans et figure parmi les
3 premières préoccupations de 41% des
Français. Les sujets environnementaux sont quant à eux en baisse tendancielle
depuis 2 ans : dans le top 3 des préoccupations de 1 Français sur 4 en 2025,
contre
1 Français sur 3 en 2024.
Dépriorisation, moins
de discussions sur le sujet : cette année, la consommation responsable peine
à mobiliser fortement le collectif. En 2024, 26% des Français apparaissaient
très moteurs, en déclarant essayer « plus qu’avant » d’inciter les autres à
consommer responsable. En 2025, ils ne sont plus que 20%.
La dynamique collective
semble affaiblie. A cela s’ajoute un manque d’incitation de la part des médias
et des marques, qui, pour 45% des répondants, ne donnent pas les informations suffisantes
pour faire les bons choix en termes de consommation responsable
Un consommateur prêt à
consommer autrement …
Près de 9 consommateurs
sur 10 s’interrogent au moins de temps en temps sur le besoin ou le caractère
indispensable d’un produit avant de l’acheter, ou bien se laissent un temps de réflexion.
De surcroît, plus de 7 citoyens sur 10 se montrent ouverts aux propositions de modèles
de consommation alternatifs, comme le choix d’une livraison moins rapide mais
moins chère (77% d’intéressés), ou le fait qu’un vendeur déconseille l’achat
d’un produit neuf au profit de la réparation de l’ancien (72% d’intéressés).
… mais sous pression de
la société de consommation
84% des Français
estiment pourtant que l’on vit dans une société qui nous pousse à acheter sans
cesse. Pour 77% des citoyens, la plupart des marques et entreprises incitent à
trop acheter pendant les périodes promotionnelles, et près de 3 consommateurs
sur 4 ont le sentiment que « tout le monde profite de ces périodes
promotionnelles pour faire des achats ».
A l’heure où, en cas
d’hésitation, le principal déclencheur d’achat est le prix attractif pour une
personne sur deux, l’exemple des périodes promotionnelles, toujours plus
fréquentes, illustre bien ce modèle alimentant l’inertie collective face au
défi de la consommation responsable.
Le sentiment d’urgence,
induit par les promotions, les nouveautés et la publicité incite les
consommateurs à acheter un produit presque malgré eux (57% des citoyens
n’attendent pas les périodes promotionnelles) et nourrit ainsi un paradoxe :
une (sur)consommation en conscience, où la moitié des Français (51%) a le
sentiment de se « faire avoir » en période promotionnelle.
« Mobilisés depuis
de nombreuses années pour favoriser l'émergence d'une offre responsable qui
n'arrive pas, ou trop timidement, les consommateurs finissent par se lasser.
Conscients qu'ils doivent revoir leurs modes de vie à l'aune de l'urgence
climatique, le manque d'options concrètes les fait douter. Pire, la
démobilisation générale les fait entrer dans une spirale négative. Même les
consommateurs les plus engagés finissent par "craquer" pour des
achats qu'ils regrettent ensuite face à la pression des incitations
commerciales omniprésentes. Il est temps que les marques ralentissent leur
pression auprès des consommateurs et qu'elles proposent, en fonction de leur
secteur, des usages, des expériences, une autre idée du partage de la valeur,
et un engagement vers la protection du Bien Commun, plutôt que de continuer à entretenir
des imaginaires à l'effet délétère pour notre avenir à tous.", précise Laure
Blondel - Directrice Conseil - Marques, Produits et Consommation Responsables
chez GreenFlex.
« Si la conscience du lien entre consommation et avenir de la planète est toujours bien présente, elle peine à se traduire en actes. La dynamique collective s’essouffle, y compris chez les plus mobilisés. Les prix et les promotions continuent de guider les décisions d’achat, et les consommateurs se sentent moins incités à consommer responsable. Conscients des incitations à la surconsommation auxquels ils sont confrontés, ils témoignent d’une sorte de résignation, de lassitude. Mais ils attendent des marques de nouvelles formes d’offres de consommation alternatives à des prix abordables, qui concilient pouvoir d’achat et protection de l’environnement. Ce décalage interroge profondément à l’heure où l’urgence écologique est plus forte que jamais. Les marques, pour être crédibles, doivent assumer un rôle actif dans la transformation vers une consommation plus responsable en se fondant sur des preuves claires et concrètes. Il y a une véritable attente ! », conclut Valérie Martin - Cheffe du Service Mobilisation Citoyenne et Médias de l’ADEME.