Des
engagements solides pour les entreprises françaises, un levier à renforcer pour
l’action.
Le réseau français du Pacte mondial des Nations Unies publie aujourd’hui sa première analyse des données issues des Communications sur le Progrès (CoP) déposées par ses entreprises adhérentes en 2024.
À travers des indicateurs ESG clés, cette étude
met en lumière les premières tendances de l’engagement des entreprises en
matière de durabilité, en France, en Europe et à l’échelle mondiale.
Outil central du Pacte
mondial des Nations Unies (United Nations Global Compact), la Communication sur
le Progrès constitue un bilan annuel structuré autour des Dix principes
relatifs à la gouvernance, aux droits humains, aux normes du travail, à l’environnement
et à la lutte contre la corruption. Sa standardisation permet d’évaluer la
maturité des démarches RSE, de piloter les actions mises en œuvre, de renforcer
la transparence et d’ancrer les engagements dans un cadre international
reconnu.
Chiffres clés
■ 28 % de femmes en moyenne dans les instances de gouvernance des entreprises françaises, contre
25
% dans le reste de l’Europe ou du monde.
Ce bon résultat
s’explique en partie par le cadre réglementaire français, notamment la loi
Copé-Zimmermann de 2011 imposant un quota de 40 % de femmes dans les conseils
d’administration des grandes entreprises. Les entreprises du SBF120, soumises à
cette obligation, atteignent une moyenne de 45 %.
■ Les entreprises
françaises sont 76 % à déclarer agir en faveur de l’égalité des genres, un
chiffre inférieur au reste de l’Europe (80 %) et au reste du monde (86 %).
Ce paradoxe apparent
peut s’expliquer par la rigueur des exigences réglementaires en France (loi
Rixain, index égalité femmes-hommes), qui peut conduire certaines entreprises à
considérer qu’elles sont déjà conformes, sans ressentir le besoin de « déclarer
» une action RSE supplémentaire.
■ 87 % des entreprises
françaises ont déclaré avoir agi en faveur de la santé et sécurité au travail,
un chiffre élevé, en cohérence avec les fortes obligations réglementaires
françaises sur le sujet (document unique, obligation de résultat…).
■ 33 % de part moyenne
d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique des entreprises
françaises, contre 54 % dans le reste de l’Europe et 35 % dans le reste du
monde.
Ce chiffre traduit les
données structurelles du mix énergétique français, historiquement très
dépendant du nucléaire (non comptabilisé comme renouvelable), contrairement à
certains pays nordiques qui ont investi massivement dans l’éolien et le
solaire.
■ 41 % des entreprises
françaises forment l’ensemble de leurs salariés aux enjeux de corruption,
contre 61 % en Europe et 74 % dans le reste du monde.
Un contraste marqué,
alors même que la France a adopté une législation avancée (loi Sapin 2). Cela
suggère que la conformité formelle (code de conduite, dispositif d’alerte…)
peut parfois être privilégiée au détriment d’une sensibilisation systématique des
collaborateurs.
« À l’heure où les
entreprises font face à davantage d’incertitudes réglementaires, la CoP se
positionne au contraire un cadre robuste, international et universel, précise Nils
Pedersen, Délégué général du Pacte mondial de l’ONU - Réseau France. Articulée
autour des Dix principes universels issus des textes fondamentaux des Nations
Unies, elle est un véritable référentiel commun aux entreprises du monde
entier, loin d’être une simple obligation de reporting, avec une réelle logique
de progrès continu. Elle permet à la fois de mesurer les progrès en matière de
développement durable, mais aussi à chaque entreprise de se comparer entre elle
et ainsi d’accélérer la transformation de son modèle d’affaires. »
Les entreprises
françaises prennent des engagements forts, mais les concrétisent un peu moins
que leurs homologues européennes et du reste du monde.
Sur l’ensemble des cinq
thématiques analysées à travers cette étude CoP 2024, les entreprises
françaises montrent des résultats en moyenne plus hauts sur les politiques
d’engagement que leurs voisines européennes et que les entreprises du reste du
monde, mais néanmoins plus bas sur la mise en œuvre d’actions.
- Sur les enjeux de gouvernance, les entreprises françaises sont plus nombreuses que leurs homologues européennes à adopter des processus de diligence responsable relatifs aux droits humains, aux normes du travail, à l’environnement ou à la lutte contre la corruption (73 % en moyenne, contre
70 % des entreprises européennes),
notamment dans le cadre de la loi sur le devoir de vigilance de 2017.
Cependant, elles sont moins nombreuses à rémunérer leurs cadres en fonction de
la performance sur ces thématiques. En moyenne, environ 19 % d’entre-elles ont
une part variable de ce type dans la rémunération des cadres, contre environ 20
% dans le reste de l’Europe, et 30 % dans le reste du Monde.
- En matière de droits
humains,
si les entreprises françaises ont tendance à davantage élaborer des politiques
d’engagement, elles sont moins dans l’action que leurs homologues européennes
et du reste du Monde. Cet écart est particulièrement visible sur la liberté
d’expression, où bien que 74 % des entreprises françaises aient élaboré une
politique, 66 % ont agi en ce sens, alors qu’à l’inverse les entreprises du
reste du Monde sont moins nombreuses à avoir élaboré une politique (68 %), mais
davantage à avoir agi (76 %). Les entreprises françaises sont également moins
nombreuses à agir en faveur de l’égalité des genres (77 %, contre 80 % pour le
reste de l’Europe et 86 % pour le reste du Monde).
- Sur les normes internationales du travail, des tendances similaires s’observent en France, en Europe et dans le Monde. Les entreprises privilégient largement l’action en faveur des conditions de travail
(83 % en France, 79 % reste de l’Europe, 84 % reste du Monde), de la santé et sécurité au travail
(87 % en France, 86 % reste de
l’Europe, 88 % reste du Monde) et de l’élimination de la discrimination
professionnelle (79 % en France, 73 % reste de l’Europe, 80 % reste du Monde).
Les questions relatives au travail forcé, au travail des enfants et à la
liberté de négociation collective sont des sujets davantage portés par les
grandes entreprises (en France, environ 90 % d’entre-elles agissent sur ces
sujets, contre environ 50 % des PME).
- Sur les thématiques environnementales, les priorités sont là aussi les mêmes en France, en Europe et dans le Monde. Les entreprises agissent principalement sur l’énergie (85 % en France, 84 % reste de l’Europe, 81 % reste du Monde), la gestion des déchets (83 % en France, 80 % reste de l’Europe,
81% reste du Monde), et le changement climatique (80 % en France, 79 % reste de l’Europe, 76 % reste du Monde). Les entreprises françaises agissent cependant beaucoup moins sur la gestion de l’eau
(50 %, contre 57 % reste de l’Europe et 68 % reste du Monde) et les
océans (21 %, contre 26 % reste de l’Europe et 33 % reste du Monde).
Bien que l’énergie soit
la thématique la plus prioritaire, la part moyenne de consommation d’énergies
renouvelables chez les entreprises Française (33 %) est pourtant nettement plus
faible que dans le reste de l’Europe (54 %) et que dans le reste du monde
(35%).
- En matière de corruption, si la plupart des entreprises françaises disposent d’un plan de conformité dans le cadre de la loi Sapin 2, celles-ci ne forment pas systématiquement leurs salariés à ces enjeux
(42 % d’entre elles), alors que 61 % des entreprises du reste de l’Europe le font, et 74 % des entreprises du reste du monde. Elles sont par ailleurs très peu à former leur chaîne de valeur externe (4 %, contre
7% pour le reste de l’Europe et 17 % pour le reste du monde).
L’ancienneté d’adhésion
au Pacte mondial des Nations Unies est un facteur de performance
La segmentation des
données par années d’ancienneté d’adhésion au Pacte mondial des Nations Unies
montre de vraies différences dans le niveau de maturité RSE chez les
entreprises françaises :
- 60 % des entreprises
françaises ayant adhéré il y a plus de 16 ans ont mis en place des critères de
rémunération des cadres en lien avec la performance environnementale, contre 26
% de celles ayant entre 6 et 10 ans d’ancienneté, et 19 % de celles de moins de
2 ans d’ancienneté ;
- Les entreprises plus
anciennes agissent davantage sur les enjeux environnementaux : 95 %
d’entre-elles agissent sur l’énergie, la gestion des déchets et le changement
climatique, tandis que celles ayant adhéré il y a moins de 2 ans sont un peu
moins de 80 % à agir ;
- Plus de 80% des entreprises ayant adhéré il y a plus de 16 ans ont pu agir efficacement pour atténuer un impact négatif sur la santé et sécurité au travail (contre 58 % des 6-10 ans et 51 % des moins de
2 ans), et 65 % sur l’élimination de la discrimination professionnelle (contre 35 % des 6-10 ans et
28 % des moins de 2
ans).
Les entreprises du
SBF120 en fer de lance de la durabilité en France
Une analyse spécifique
des données des entreprises du SBF120 montre que celles-ci ont pour la plupart
atteint un fort degré de maturité sur les enjeux environnementaux, sociaux et
de gouvernance.
- 95% d’entre-elles
rémunèrent les cadres en fonction de la performance environnementale ;
- La part moyenne de
femmes dans les instances de gouvernance des entreprises du SBF120 s’élève à 45
%, soit au-dessus des 40 % requis par la loi Copé-Zimmermann de 2011.
- 75% d’entre-elles
ont formé l’ensemble des salariés aux enjeux d’égalité des genres, et 76 % aux
enjeux de sécurité digitale et de confidentialité ;
- 100% des entreprises
du SBF120 ont mené des actions en lien avec le changement climatique et
l’énergie ;
- 95% ont pu agir
efficacement pour atténuer un impact négatif sur la santé et sécurité au
travail, les conditions de travail ou l’élimination de la discrimination
professionnelle ;
- 64% ont formé l’ensemble de leurs salariés aux enjeux de corruption.