Face à l'accélération des risques liés à la sous-traitance qu’ils soient réglementaires, logistiques, cyber ou sociétaux, les distributeurs doivent transformer en profondeur leur façon de gérer leur supply chain.
L’enjeu : garantir la conformité, la sécurité,
la résilience et l’engagement RSE sur l’ensemble du réseau de partenaires.
Dans ce contexte, les
plateformes de gestion des risques tiers (TPRM) et de gouvernance (TPGRC)
s’imposent comme des leviers stratégiques. Elles permettent d’automatiser
l’évaluation des sous-traitants, d’agir plus rapidement en cas de défaillance,
et de répondre aux attentes croissantes en matière de transparence et de
durabilité.
Emmanuel Poidevin,
Fondateur et dirigeant d’Aprovall spécialiste des enjeux de gestion des tiers,
accompagne les acteurs du secteur dans cette transition. Il nous répond
ci-dessous aux cinq questions pour comprendre comment ces technologies
transforment concrètement les pratiques dans la distribution et quels bénéfices
elles apportent en matière de performance, d’anticipation et de responsabilité.
1. Comment le
département des achats perçoivent-ils les gains apportés par les outils TPRM
dans l’évaluation des sous-traitants ?
Emmanuel Poidevin : Les retours sont très
positifs, notamment sur le volet efficacité opérationnelle. Dans un grand
groupe de distribution, le traitement manuel de milliers de documents
attestations, bilans, certificats mobilisait plusieurs ETP. Avec une solution
TPRM dotée d’intelligence artificielle, cette charge a été réduite.
Les documents sont
automatiquement lus, analysés et classifiés. Un sous-traitant peut être validé
ou mis en alerte en quelques secondes. Cela permet non seulement un gain de
temps, mais aussi une meilleure fiabilité et une réduction des erreurs
humaines. Et surtout, les équipes peuvent se recentrer sur des missions à plus
forte valeur ajoutée, comme l’analyse de risque ou la gestion relationnelle
avec les partenaires.
2. Quels sont les
retours des distributeurs sur l’évaluation continue des sous-traitants,
notamment pour préserver leur image de marque ?
Emmanuel Poidevin : L’évaluation continue change la donne. Les distributeurs
ne veulent pas découvrir trop tard qu’un prestataire nuit à leur image ou ne
respecte plus les standards attendus. Grâce à des évaluations dynamiques et à
des systèmes d’alerte, ils peuvent réagir rapidement : suspendre un
prestataire, demander une mise en conformité ou engager un dialogue correctif.
Un exemple : un
grand acteur du bricolage a pu éviter une crise de réputation liée à un
sous-traitant logistique en recevant une alerte sur un changement de statut
juridique suspect, lié à une procédure judiciaire. Sans l’évaluation continue,
cette information serait passée inaperçue. Aujourd’hui, ce type de surveillance
est vu comme un élément fondamental de protection de la marque.
3. En cas de crise comment les plateformes
TPRM peuvent-elles aider les distributeurs à renforcer la résilience de leur
chaîne d’approvisionnement ?
Emmanuel Poidevin : Les crises montrent à
quel point la chaîne logistique peut être vulnérable. Les plateformes TPRM
offrent une vision centralisée et en temps réel des sous-traitants critiques :
transporteurs, transitaires, entrepôts.
Lors des tensions
géopolitiques de fin 2023 (notamment en Russie), plusieurs distributeurs ont
utilisé nos solutions pour identifier très vite les maillons faibles. Cela leur
a permis d’activer des scénarios alternatifs : reroutage, re-sourcing, renforcement
des stocks tampon. La visibilité et la capacité à anticiper sont devenues des
leviers essentiels de résilience et donc de performance.
En somme, les TPRM et
plus particulièrement les TRGRC sont devenus de véritables outils de pilotage
stratégique.
4. La cybersécurité est
un des risques les plus importants. Comment évaluer la maturité cybersécurité
d’un sous-traitant ?
Emmanuel Poidevin : Nous
intégrons plusieurs indicateurs, à la fois techniques et organisationnels. Il y
a des scores de cybersécurité basés sur des audits externes, des vulnérabilités
connues, la présence ou non de plans de réponse à incident, la conformité à des
normes comme ISO 27001 ou NIS2.
Nous utilisons aussi
des données dynamiques comme l’historique des incidents ou la fréquence de mise
à jour des systèmes.
Par exemple, un
prestataire de livraison utilisant encore des logiciels obsolètes ou non
patchés peut être rapidement signalé comme présentant un risque élevé. Ces
évaluations sont cruciales car les cyberattaques se propagent souvent via des
partenaires mal sécurisés.
5. Comment les solutions
TPGRC contribuent-elles à une meilleure stratégie RSE dans la distribution ?
Emmanuel Poidevin : Les
distributeurs sont de plus en plus attendus sur la transparence et l’éthique.
Les solutions TPRM permettent de structurer cette démarche en intégrant des
indicateurs précis : émissions de CO₂ d’un transporteur,
politique salariale d’un prestataire, conformité aux droits humains, respect
des lois anti-corruption.
Cela ne relève plus du
déclaratif : les données sont collectées, croisées, vérifiées.
Certains distributeurs
vont jusqu’à conditionner l’attribution de contrats à des seuils minimums de
performance RSE. Cela crée un cercle vertueux : les partenaires s’alignent et
la filière dans son ensemble progresse.
C’est aussi un outil de
différenciation sur le marché, car un distributeur engagé est perçu comme plus
responsable par les consommateurs.