L’analyse de Ahmed
Bouaziz, CTO de Numeryx.
Une cyberattaque peut
bouleverser bien plus que les systèmes informatiques d’une entreprise. Elle
affecte son image, ses clients, son fonctionnement quotidien. Pour une TPE ou
une PME, ce genre d’incident peut mettre en péril toute l’activité si une réaction
structurée n’est pas rapidement mise en œuvre. Pourtant, même sans expertise
technique interne, il est possible de rebondir.
Communiquer
efficacement en interne et en externe
Une attaque
informatique ne se gère pas uniquement avec des logiciels ou des mesures
techniques.
La manière dont vous communiquez joue un rôle déterminant dans la
maîtrise de la crise.
Informer les parties
prenantes internes
Les premiers concernés
par une attaque sont vos collaborateurs. En cas d’incident, informez rapidement
l’ensemble des équipes concernées : les dirigeants, bien sûr, mais aussi les
salariés qui utilisent les systèmes compromis. Une communication claire permet
d’éviter la propagation de fausses informations, de rassurer et d’impliquer les
personnes dans la résolution de la crise. Un simple email ou une réunion
d’urgence peut suffire à transmettre les mesures à adopter (ne plus utiliser
certaines applications, changer les mots de passe, séparer les usages
personnels et professionnels etc.).
Gérer la communication
externe
Lorsque les données de
clients ou de partenaires sont susceptibles d’avoir été compromises, il est
fondamental de préparer une communication officielle. Là encore, la
transparence sera votre meilleur atout. Informer vos clients avec honnêteté sur
la nature de l’incident et sur les mesures prises pour y remédier limitera les
pertes de confiance. Dans certains cas, une déclaration aux autorités (comme la
CNIL en cas de fuite de données personnelles) est une obligation légale.
Adopter une posture de
transparence
Dans un contexte où la
confiance est un levier de compétitivité, choisir la transparence peut
transformer une situation de crise en opportunité. De nombreuses entreprises
ayant publiquement assumé une faille de sécurité ont, à terme, renforcé leur
image de marque. À l’inverse, les entreprises qui tentent de cacher une attaque
s’exposent à des désastres en termes de communication. Le mot d’ordre c’est de
communiquer rapidement, honnêtement, et rester disponible pour répondre aux
interrogations.
Renforcer la
cybersécurité et prévenir les futures attaques
Une fois la
communication de crise gérée, il est temps d’agir pour que cela ne se
reproduise plus.
La priorité doit être donnée au renforcement de votre sécurité
numérique à tous les niveaux.
Auditer les systèmes et
renforcer la sécurité
Il est essentiel de
comprendre comment l’attaque a pu avoir lieu. Cela passe par un audit de
sécurité approfondi de votre système d’information. Ce diagnostic doit
identifier les failles utilisées par les cybercriminels (mises à jour absentes,
mauvaises configurations, défauts de sauvegarde…). Une fois ces points identifiés, il faut les
corriger et envisager des investissements ciblés, comme un antivirus plus
performant, un pare-feu renforcé ou des outils de supervision.
Sensibiliser et former
les équipes
Une entreprise peut
avoir les meilleurs outils de cybersécurité, mais s’ils ne sont pas accompagnés
d’une vigilance humaine, leur impact restera limité. Il est donc essentiel de
former l’ensemble des équipes. Cela peut
passer par des sessions de sensibilisation sur les emails piégés, les mots de
passe sécurisés, ou encore la gestion des supports amovibles. Des prestataires
proposent des formations adaptées aux TPE et PME, dans un format accessible,
clair et ancré dans les réalités du terrain.
Mettre en place une
réponse aux incidents efficace
Chaque minute compte
lors d’une attaque. Disposer d’un plan de réponse documenté, révisé et testé
régulièrement est indispensable. Ce plan doit prévoir qui contacter, quelles
décisions prendre en priorité, et comment isoler les systèmes infectés. Il peut
être utile de s’appuyer sur des partenaires extérieurs, comme un SOC managé ou
un service d’astreinte cyber.
Appliquer des mesures
simples et rapides
Même sans budget
conséquent, certaines bonnes pratiques peuvent faire la différence.
L’activation de la double authentification, la définition de mots de passe
complexes et leur renouvellement régulier, la limitation des droits d’accès aux
ressources, ou encore la réalisation de sauvegardes régulières, sont autant
d’actions à la portée de toute entreprise. Ce sont souvent les gestes les plus
simples qui permettent d’éviter les situations les plus critiques.
Clore une cyberattaque, c’est beaucoup plus que restaurer des fichiers. C’est rétablir la confiance, capitaliser sur l’expérience acquise, et construire une démarche de cybersécurité solide et accessible, même avec des moyens limités.