L’EM Normandie et Actual group, en partenariat avec Le Point, publient les résultats de la
3ᵉ édition de leur
baromètre semestriel sur le rapport au travail des Français.
Deux ans après sa
première publication, le baromètre du rapport au travail continue d’éclairer la
transformation complexe de la relation des Français avec le travail, au fil des
semestres d’une époque ambiguë.
En ce second semestre
2025, les voyants économiques ne sont pas au rouge, mais aucun n’est
franchement au vert. Croissance molle, climat des affaires atone, décisions RH
et d’investissement repoussées : la France vit une résilience à bas régime. Les
entreprises tiennent : trésorerie pilotée, coûts contenus, arbitrages tactiques
— mais elles avancent à pas mesurés.
Du côté des actifs,
quelles adaptations le baromètre permet-il d’observer ?
Le regain d'attractivité du salariat, valeur refuge en temps de crise. Les entrepreneurs ou freelance, hier à la recherche d’aventures, souhaitent intégrer ou réintégrer un poste de salarié dans une entreprise.
La période post covid est
bel et bien révolue.
• L’inégalité dans l’accès à la formation s’accentue : les salariés les plus formés sont encore plus bénéficiaires de formation que dans un passé récent, tandis qu’une catégorie de menacés émerge. Le fossé s'agrandit entre ces oubliés de la formation, de moins en moins à même de s’adapter aux grands changements de l’époque, et les autres.
Quatre voies
d’adaptation se dessinent :
• Les Avant-gardistes (8,1%) : ces élites de l’employabilité fuient toujours les entreprises pour entreprendre ou freelancer. Mais le contexte effraie ou décourage : leur nombre a diminué de moitié en
6 mois.
• L’autre moitié, Les Éclaireurs (7,8%) réintègrent le
cadre rassurant de l’entreprise. Mais c’est au prix de leur vocation et au
risque d’une frustration latente. Cette revanche du salariat et de l’entreprise
est autant vécue comme un échec que comme un repositionnement agile.
• La trajectoire du déclin. Victimes d’un accès
limité à la formation, une large proposition des actifs glisse d’une
employabilité précaire vers le décrochage, piégés par un cercle vicieux de
perte de confiance et d’accès limité aux ressources (16,7%). Ce sont parfois
des oubliés des plans de formation et parfois des victimes collatérales de
l’attentisme actuel.
• 59,4 % des actifs restent des « Stables » (optimistes ou
pessimistes) durablement installés dans un salariat de long terme. Leur destin
dépend des décisions organisationnelles et des soubresauts économiques.
Pour Jean Pralong,
enseignant-chercheur en ressources humaines à l’EM Normandie et pilote de
l'étude : « Cette
fragmentation n'est pas une fatalité. C'est un diagnostic qui doit nous pousser
à l'action, elle questionne notre capacité à recycler massivement les
compétences des populations intermédiaires et fragiles. Former renforce la
capacité à s'orienter, qui facilite à son tour l'accès à la formation. Mais ce
cercle vertueux tourne plus vite en haut de l'échelle, creusant les écarts au
fil du temps. Sans une stratégie d’ampleur d’adaptation des compétences, la
France risque un décrochage industriel et social majeur. »
Samuel Tual, Président d’Actual group, acteur majeur du travail et de l’emploi en France, poursuit : « Ce troisième baromètre confirme la profondeur des transformations à l’œuvre dans le rapport au travail. Si le salariat retrouve son attractivité dans un contexte d’incertitude, l’étude révèle surtout une France du travail qui se fragmente et où l’accès inégal à la formation devient un enjeu majeur. Face à cette diagonale du décrochage, notre responsabilité collective est d’investir massivement dans les compétences, ouvrir l’accès à des parcours de formation réellement inclusifs et accompagner chacun dans sa capacité à s’orienter. Chez Actual group, nous sommes convaincus que la sécurisation des parcours et la montée en compétences sont les leviers essentiels pour redonner de la confiance, soutenir l’employabilité et bâtir un modèle social qui ne laisse personne au bord du chemin. »


