L’analyse de Mario Bucciarelli,
Fondateur de CoachingCore et créateur du programme ASSO©
Depuis des années, le
stress au travail est documenté, chiffré, analysé. Pourtant, il reste largement
sous-estimé dans sa dimension humaine, sociale et économique. Dans nombre
d’organisations, on continue de considérer la pression comme un “mal nécessaire”,
un passage obligé vers la performance. Et c’est précisément cette croyance qui
mène aujourd’hui à un engrenage inquiétant : augmentation des burn-out,
désengagement massif, absentéisme record et difficulté à recruter.
Nous ne faisons plus
face à un simple problème de bien-être au travail ; nous faisons face à un
véritable enjeu stratégique.
Un stress qui
s’installe silencieusement… puis explose
Le stress, dans sa
dimension actuelle, n’a plus rien à voir avec celui d’il y a vingt ans.
Accélération constante, injonction à être disponible en permanence, empilement
de responsabilités, perte de sens : les signaux faibles se multiplient, mais
ils ne sont pas toujours identifiés, ni pris au sérieux.
Pourtant, les dégâts
sont bien réels. Le stress chronique n’affecte pas seulement la motivation : il
altère la mémoire, réduit les capacités décisionnelles, érode la confiance en
soi, et finit par détruire les collectifs de travail. C’est un cercle vicieux :
plus on est stressé, moins on est performant, et plus la pression augmente.
L’urgence d’une
approche globale
Face à l’ampleur du
phénomène, il devient indispensable d’adopter une approche globale et
structurée de la gestion du stress au travail. Les solutions les plus efficaces
ne se limitent plus à des conseils ponctuels ou à des outils isolés : elles
reposent sur une compréhension fine des mécanismes physiologiques, émotionnels
et cognitifs impliqués.
Les experts s’accordent sur plusieurs leviers essentiels :
• Développer la conscience de soi pour repérer
les signes de saturation avant qu’ils n’impactent durablement la santé ou la
performance.
• Apprendre à stabiliser les pics de stress
grâce à des techniques qui restaurent la clarté mentale et évitent les
réactions impulsives ou les blocages.
• Repenser l’organisation personnelle et
professionnelle, afin de réduire les facteurs de surcharge et de recréer des
espaces de respiration dans le quotidien.
• Ancrer des stratégies durables, pour
maintenir un équilibre solide dans le temps, même dans des environnements
exigeants.
Cette approche intégrée
est aujourd’hui soutenue par de nombreuses recherches en neurosciences et en
sciences comportementales : elle montre que la gestion du stress n’est pas
qu’une affaire individuelle, mais un enjeu systémique qui implique à la fois les
personnes et les organisations.
Le coût du déni : quand
l’entreprise attend que ça passe
Beaucoup d’entreprises
n’agissent que lorsque le mal est déjà fait : arrêts maladie, rupture de
contrat, burn-out, conflits internes.
Pourtant, le stress est
prévisible et gérable. Ce n'est pas une fatalité, mais un indicateur. Il nous
dit qu’un système, individuel ou collectif, arrive à saturation.
Ne pas agir, c’est
accepter de perdre des talents, de fragiliser la marque employeur, et de voir
les coûts humains et économiques exploser.
Redonner du pouvoir
d’agir, redonner du sens
Accompagner les
collaborateurs face au stress n’est pas une dépense : c’est un investissement.
Les organisations qui
l’ont compris constatent une transformation profonde : communication apaisée,
équipes plus autonomes, engagement retrouvé, résilience renforcée.
Le monde du travail est
à un tournant. Nous pouvons continuer à penser que le stress est un moteur… ou
reconnaître enfin qu’il est devenu un frein.
La performance durable
ne se construit pas sur la pression, mais sur l’équilibre, la clarté et la
capacité à agir avec discernement.
Il est temps de traiter le stress pour ce qu’il est réellement : un enjeu majeur de santé, de leadership et d’avenir.


