L’IRIS-ST, l’OPPBTP, la CAPEB et la CNATP publient une
étude inédite sur la place des femmes dans l’artisanat du BTP et du paysage,
qui met en lumière à la fois leur contribution essentielle et les freins
persistants à leur intégration.
La place des femmes
dans le BTP et le paysage progresse, mais elle reste marquée par des obstacles
persistants. Selon une enquête menée auprès de 520 personnes, dont 360 femmes,
69% des répondantes estiment devoir encore justifier leurs compétences auprès
des clients, des collègues ou des fournisseurs. Plus de la moitié (56 %)
déclarent avoir déjà vécu des situations où un interlocuteur s’est adressé à un
collègue masculin, voire à leur conjoint, plutôt qu’à elles.
Pour les entreprises
artisanales, le recrutement féminin demeure un véritable défi. Près d’une sur
deux (49%) a déjà recruté une femme, mais le manque de candidatures, des
conditions de travail parfois inadaptées et la persistance d’une image de
métiers « peu adaptés » freinent encore leur arrivée sur les chantiers.
Pourtant, les bénéfices de la mixité sont tangibles : les employeurs constatent
dans les équipes mixtes une plus grande attention portée aux conditions de
travail, des comportements plus soignés et une attitude plus bienveillante et
protectrice entre collègues.
Les réalités liées à la
maternité illustrent également les contraintes auxquelles les femmes peuvent
être confrontées. Parmi celles ayant été enceintes au cours de leur carrière,
22% ont écourté leur congé maternité et repris le travail, pour la plupart
plus d’un mois avant la date prévue, qu’elles exercent sur les chantiers ou
dans les bureaux. Neuf pour cent déclarent même ne pas avoir pu bénéficier de
leur congé maternité, principalement en raison de la gestion de l’entreprise,
de l’absence de relais ou d’une volonté personnelle de reprendre rapidement
leur activité.
Face à ces constats,
l’étude identifie plusieurs leviers d’action pour favoriser une intégration
durable des femmes dans le secteur. Il s’agit notamment de valoriser les
métiers du BTP et du paysage dès l’orientation scolaire, de proposer des
équipements de protection et des outillages adaptés à la morphologie féminine,
de soutenir financièrement les entreprises pour l’acquisition de dispositifs
d’aide à la manutention, et d’adapter les infrastructures – sanitaires,
vestiaires ou bases vie – ainsi que l’organisation du travail, afin de rendre
les chantiers plus accueillants et inclusifs.
Ils ont dit :
Jean-Christophe Repon,
président de la CAPEB : « Les résultats de cette étude sont
édifiants. Ils révèlent que nous avons encore beaucoup de progrès à réaliser
collectivement pour faire savoir aux femmes que nos métiers leurs sont ouverts
et favoriser au mieux leur intégration. L’enjeu pour notre secteur est de
taille au regard du nombre de compétences dont nous allons avoir besoin pour
relever les défis environnementaux et sociétaux. La féminisation des métiers
est un préalable essentiel à la pérennisation de nos petites entreprises. Je
formule le vœu que nous saisissions collectivement des solutions concrètes
mises en lumière dans l’étude. »
Pascal Rineau,
Président de la CNATP : « La présence des femmes dans le BTP et le Paysage est
une force, elles apportent souvent un regard neuf et contribuent à la qualité,
à la sécurité et à l’innovation sur nos chantiers. Leurs intégrations se
déroulent assez naturellement et sans difficulté particulière. Il n’y a donc
aucune raison à s’imposer des freins ou des barrières lors du recrutement. La
CNATP soutient pleinement cette dynamique, essentielle à l’avenir de nos
entreprises. Nos métiers y gagnent quand ils se construisent avec toutes et tous.
»
Paul Duphil Secrétaire
général à l’OPPBTP :
« Cette étude confirme un point essentiel : si nous voulons que davantage de
femmes rejoignent durablement les entreprises du BTP, nous devons poursuivre
l’amélioration des conditions de travail de manière résolue. Les situations
rapportées montrent que les infrastructures, l’organisation du travail et les
équipements ne sont pas toujours pensés pour accueillir tous les profils. Or,
adapter les bases vie, proposer des EPI et des outillages réellement
ergonomiques, faciliter la manutention et repenser certains aménagements
deviennent indispensables pour rendre nos chantiers plus inclusifs. Au-delà de
l’enjeu d’attractivité, c’est aussi une question de performance et de
prévention : lorsque les conditions de travail s’améliorent pour les femmes,
elles s’améliorent pour l’ensemble des salariés. L’OPPBTP entend poursuivre son
rôle d’accompagnement des entreprises pour créer des environnements de travail
où chacune et chacun peut exercer son métier en sécurité, avec efficacité et
dans le respect. »
Cette étude met en évidence que les femmes apportent une valeur ajoutée au secteur, mais que des efforts restent nécessaires pour adapter les mentalités, les conditions de travail et les équipements. Une action coordonnée entre fabricants, organisations patronales, instances de prévention et pouvoirs publics est indispensable pour renforcer leur présence et leur réussite dans le BTP et le paysage.


