Selon le dernier rapport de la série «
People at Work 2025 » d'ADP Research menée auprès de près de 38 000
travailleurs dans 34 pays dont plus de 1 000 en France, le manque de
perspectives d’évolution de carrière est l’obstacle à la progression
professionnelle le plus fréquemment cité à l’échelle mondiale (19%).
En France, c’est
également un salarié sur cinq (20%) qui déclare que l’absence d’opportunités
d’évolution freine sa progression de carrière, plaçant le pays au troisième
rang européen, derrière l’Espagne et l’Italie (23% chacun). Comme à l’échelle
mondiale, le manque de temps (13% contre 12% au niveau mondial) et l’absence
d’envie de changer (13%) figurent parmi les autres freins les plus cités. Cette
absence d’envie d’évoluer semble traduire une satisfaction vis-à-vis de
l’emploi occupé : cette raison est citée par 16% des Européens, dont 28% par
les salariés néerlandais. Avec 13%, la France représente le plus bas niveau de
la région, juste devant l’Italie (9%).
Autre spécificité
française : le manque de confiance en soi est une barrière à l’évolution de
carrière citée par 11% des salariés de l’Hexagone, ce qui en fait le plus haut
niveau en Europe. La moyenne européenne du manque de confiance comme obstacle à
la progression est de 8%, et seules les Philippines et le Viêt-Nam ont un
niveau supérieur dans les 34 pays étudiés (14% et 13%). A noter qu’en France,
les femmes (13%) sont plus nombreuses que les hommes (8%) à citer le manque de
confiance en soi parmi leurs principaux freins pour évoluer dans leur carrière.
A contrario, le manque
de compétences (5%) et de formation (3%) sont les obstacles les moins
mentionnés, ce qui suggère que la lisibilité des parcours d’évolution au sein
d’une entreprise, la confiance en soi et la volonté réelle d’évoluer ont
davantage d’influence que le manque de compétences dans la progression
professionnelle.
« Les salariés
d'aujourd'hui savent pertinemment ce que recouvre la notion d’évolution
professionnelle, qu'il s'agisse d'accéder à un poste de manager, d'assumer de
nouvelles responsabilités ou de développer leurs compétences. Cependant,
lorsqu’ils ne perçoivent pas clairement les perspectives d’évolution qui
s’offrent à eux au sein de leur entreprise, même les collaborateurs les plus
engagés peuvent perdre leur motivation à progresser. » souligne Carlos
Fontelas De Carvalho, Président d’ADP en France et en Europe centrale.
Avant de poursuivre : « Nous savions que
la flexibilité avait une réelle valeur pour la rétention des salariés, tout
comme le sentiment d’appartenance à une équipe ; l’étude indique également que
les opportunités d’évolution de carrière occupent la deuxième position parmi
les raisons pour lesquelles les collaborateurs veulent rester avec leur
employeur actuel. Les employeurs doivent donc veiller à rendre les opportunités
d’évolution plus visibles et concrètes au sein de leur organisation. »
Une perception des
opportunités d’évolution qui diffère selon l’âge et le niveau hiérarchique
A l’échelle mondiale, 21% des travailleurs âgés de 40 ans et plus citent le manque d’opportunités comme le premier obstacle à leur évolution professionnelle, contre seulement 14% chez ceux de moins de
26 ans. Chez ces derniers, le manque d’expérience (12%)
et de confiance en soi (11%) font partie des obstacles les plus mentionnés.
Des différences apparaissent également selon le niveau hiérarchique : les cadres supérieurs sont moins préoccupés par le manque d’opportunités que les collaborateurs situés plus bas dans la hiérarchie.
Ainsi, 16% des cadres supérieurs
considèrent ce facteur comme un frein à leur évolution professionnelle. Cette
proportion s’élève à 18% chez les managers intermédiaires et de proximité, et
atteint 20% chez les collaborateurs sans responsabilité managériale.
La stagnation de
carrière, un facteur de risque pour la rétention des talents
15% des travailleurs
dans le monde sont persuadés de devoir démissionner pour pouvoir progresser
professionnellement. En Europe, la France se classe au quatrième rang des pays
européens où ce taux est le plus faible, avec 12%, devant les Pays-Bas, la Tchéquie
et la Pologne (chacun à 10%).
Face à ce constat, la
stagnation professionnelle apparaît comme un facteur important incitant à la
recherche d'un nouvel emploi. Parmi les salariés qui estiment avoir peu de
perspectives d'évolution dans leur entreprise actuelle, plus d'un tiers (34%)
recherche activement un nouvel emploi. A l’inverse, parmi ceux qui se disent
confiants dans leurs perspectives d’évolution au sein de leur entreprise, seuls
6% affirment être en recherche active d'emploi.
Ce risque pour la
rétention des talents s'accompagne d'un autre effet négatif pour les employeurs
: une productivité plus faible. En effet, les travailleurs convaincus qu'ils
doivent changer d'employeur pour progresser sont 2,6 fois moins susceptibles de
se considérer comme très productifs.
Perspectives
d’évolution, formation et flexibilité : le triptyque gagnant pour fidéliser les
collaborateurs
Parmi les salariés qui
envisagent leur avenir au sein de leur employeur actuel, les principales
raisons évoquées sont les suivantes :
• Les opportunités d’évolution de carrière
(45%)
• La formation professionnelle et le
développement des compétences (36%)
• La flexibilité dans l’organisation du temps
de travail (34%)
En France, les raisons
les plus souvent citées pour rester dans son entreprise sont d’abord la
flexibilité des horaires (32%), puis les opportunités d’évolution de carrière
(26%) et la formation (23%).
« Le manque de perspectives d’évolution au sein de l’entreprise ne se traduit pas seulement par un désengagement des collaborateurs, mais aussi par une perte de productivité, une capacité d'innovation moindre et un turnover plus élevé, précise Nela Richardson, cheffe économiste chez ADP. Les organisations qui conçoivent des parcours professionnels clairs et équitables ne se contentent pas de retenir les talents : elles permettent également aux collaborateurs de déployer pleinement leur potentiel ».


