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[Expertises] COP30, l’économiste David Dosso alerte « Le financement climatique reste un système profondément inéquitable »

Alors que la COP30 s’ouvre à Belém, au Brésil, la question du financement climatique s’impose déjà comme l’un des sujets les plus sensibles des négociations.

 

Le dernier rapport d’Oxfam, publié en octobre, a jeté une lumière crue sur les déséquilibres persistants du système. Selon l’ONG, seulement un tiers des financements climatiques déclarés correspondraient à de véritables aides, soit 28 à 35 milliards de dollars en 2022, bien loin des 116 milliards annoncés.

 

Oxfam pointe également une répartition profondément inégale : les pays les moins avancés, pourtant les plus exposés aux effets du réchauffement, ne reçoivent qu’environ 19,5% des financements publics.

 

Pour David Dosso, docteur en sciences économiques à l’ESLSCA Business School et spécialiste de la finance durable, le constat est sans appel : « La finance climatique reflète aujourd’hui les logiques de pouvoir plus que celles de la justice climatique. »

 

Dans une étude portant sur 140 pays récipiendaires et 30 pays donateurs entre 2000 et 2021, co-signée avec Francisco Serranito (Paris Nanterre) et Imen Ghattassi (Sorbonne Paris Nord), l’expert révèle un paradoxe saisissant :

• Les pays les plus vulnérables au changement climatique ne sont pas ceux qui reçoivent le plus d’aides climatiques bilatérales.

• La répartition des financements reste fortement influencée par les intérêts économiques et politiques des pays donateurs : proximité géographique, liens commerciaux ou héritages coloniaux.

 

Un déséquilibre dénoncé depuis plus d’une décennie

Depuis l’engagement pris à la COP15 de Copenhague, renouvelé lors de la COP21 à Paris, les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2025. Un nouvel objectif a été fixé à 300 milliards par an d’ici 2035. Mais au-delà des montants annoncés, c’est la destination des fonds qui interroge. Selon David Dosso : « près de 70% des financements bilatéraux prennent la forme de prêts, parfois assortis de conditions strictes, au lieu de subventions véritablement solidaires. »

 

Vers une finance climatique plus juste ?

 

Pour espérer un rééquilibrage, David Dosso avance plusieurs pistes :

•   Utiliser des classements harmonisés des pays les plus vulnérables pour guider les choix d’investissement.

•   Encourager la transparence et la gouvernance locale pour renforcer la confiance entre bailleurs et bénéficiaires

•   Créer un fonds climatique international impartial, indépendant des enjeux politiques nationaux, à l’image du fonds « pertes et préjudices » amorcé en 2023 et piloté provisoirement par la Banque mondiale

 

Et la rentabilité dans tout ça ?

Peut-on concilier justice climatique et intérêts financiers ? « Oui, à condition de revoir nos modèles d’investissement », indique David Dosso. Il cite notamment l’exemple du fonds souverain norvégien, qui soutient des projets d’énergies renouvelables en Afrique et en Asie tout en générant des rendements durables. Un marché du carbone plus robuste et plus transparent pourrait également contribuer à cet équilibre entre rentabilité et responsabilité.

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