La
COP30 se tiendra du 10 au 21 novembre 2025 à Bélem, au Brésil, et la question
du financement du climat s’annonce comme l’un des sujets les plus sensibles de
la conférence.
Les pays du Sud
attendent des engagements concrets après les promesses non tenues des
précédentes COP, tandis que les pays développés peinent encore à respecter
leurs contributions.
Pour David Dosso, docteur en sciences économiques à l’ESLSCA Business School et spécialiste des problématiques liées au changement climatique et à la finance durable, le constat est clair :
« La finance climatique reflète aujourd’hui les logiques
de pouvoir plus que celles de la justice climatique. »
Dans une étude portant
sur 140 pays récipiendaires et 30 pays donateurs entre 2000 et 2021, co-signée
avec Francisco Serranito (Paris Nanterre) et Imen Ghattassi (Sorbonne Paris
Nord), l’expert révèle un paradoxe saisissant :
• Les pays les plus
vulnérables au changement climatique ne sont pas ceux qui reçoivent le plus
d’aides climatiques bilatérales.
• La répartition des
financements reste fortement influencée par les intérêts économiques et
politiques des pays donateurs : proximité géographique, liens commerciaux
ou héritages coloniaux.
Un déséquilibre dénoncé
depuis plus d’une décennie
Depuis l’engagement pris à la COP15 de Copenhague, renouvelé lors de la COP21 à Paris, les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2025. Un nouvel objectif a été fixé à 300 milliards par an d’ici 2035.
Mais au-delà des montants annoncés, c’est la destination des fonds qui interroge. Selon David Dosso :
« près de 70% des financements bilatéraux prennent la
forme de prêts, parfois assortis de conditions strictes, au lieu de subventions
véritablement solidaires. »
Vers une finance
climatique plus juste ?
Pour espérer un
rééquilibrage, David Dosso avance plusieurs pistes :
• Utiliser des classements harmonisés des pays
les plus vulnérables pour guider les choix d’investissement.
• Encourager la transparence et la gouvernance
locale pour renforcer la confiance entre bailleurs et bénéficiaires
• Créer un fonds climatique international
impartial, indépendant des enjeux politiques nationaux, à l’image du fonds «
pertes et préjudices » amorcé en 2023 et piloté provisoirement par la Banque
mondiale
Et la rentabilité dans
tout ça ?
Peut-on concilier justice climatique et intérêts financiers ? « Oui, à condition de revoir nos modèles d’investissement », indique David Dosso. Il cite notamment l’exemple du fonds souverain norvégien, qui soutient des projets d’énergies renouvelables en Afrique et en Asie tout en générant des rendements durables. Un marché du carbone plus robuste et plus transparent pourrait également contribuer à cet équilibre entre rentabilité et responsabilité.


