Pact'Alim présente ici sa feuille de route.
En novembre 2023, le
premier rapport réalisé par le cabinet Roland Berger pour Pact’Alim avait
marqué une étape essentielle dans la reconnaissance du poids et du rôle des PME
et ETI de l’alimentation.
Pour la première fois,
ces 3000 entreprises françaises étaient mises en lumière comme le cœur battant
de notre industrie agroalimentaire et, plus encore, comme un pilier
indispensable de la souveraineté alimentaire et industrielle de la France. Ces
entreprises, implantées sur l’ensemble de notre territoire, représentent 62% de
l’emploi du secteur, 55% de son chiffre d’affaires, soit 129 milliards d’euros,
et emploient 292 000 collaborateurs. Elles transforment plus de la moitié des
productions françaises, apportant ainsi une valeur décisive à notre amont
agricole et contribuant à l’équilibre de nos territoires.
Ce premier rapport
avait aussi mis en évidence des fragilités préoccupantes : une rentabilité
insuffisante, un endettement supérieur à la moyenne industrielle, une capacité
d’autofinancement trop faible, des marges rognées par les rapports de force
avec la grande distribution et une attractivité décroissante de leurs métiers.
Le constat était déjà celui d’un tissu d’entreprises vital mais contraint,
reconnu pour son rôle central, mais menacé par un environnement économique
défavorable. Ce premier rapport estimait à 15 milliards d’euros le niveau
d’investissements nécessaires pour la décarbonation des PME et ETI de la
transformation alimentaire.
Moins de deux ans plus
tard, le deuxième rapport réalisé par le cabinet Roland Berger pour Pact’Alim
vient approfondir et actualiser ce diagnostic. Il ne se limite pas à
confirmer les difficultés identifiées : il démontre que sans modernisation et
sans décarbonation, l’avenir même de notre souveraineté alimentaire est en
péril et fait des propositions concrètes pour relever ce défi.
Ces entreprises vitales
font aujourd’hui face à un mur d’investissements pour maintenir leur capacité à
transformer les productions. A titre d’exemple, depuis 2010, l’écart de marge
d’EBIT entre l’agroalimentaire et l’ensemble de l’industrie manufacturière
s’est creusé de 50%. La rentabilité du secteur pourrait passer sous la barre
critique des 5% d’ici 2030-2035, un seuil qui limiterait de façon durable sa
capacité à investir. Dans le même temps, on constate que l’âge moyen des
équipements industriels de ces entreprises est de 23 ans (contre 9 ans en
Allemagne).
Le rapport estime qu’il
faudrait mobiliser en moyenne 6 à 8 millions d’euros supplémentaires par
entreprise, pour moderniser l’appareil productif. Cela représente un niveau
d’investissement 10 fois supérieur aux investissements annuels actuels des
entreprises. Dans un contexte de marges en baisse, cette équation est intenable
pour la plupart des 3 000 PME et ETI qui ne disposent pas des capacités de
financement.
Pour limiter le décrochage économique et atteindre nos objectifs dans le cadre de la Stratégie Nationale Bas Carbone, Pact’Alim appelle à renforcer les investissements et le soutien à la décarbonation/modernisation. Renforcer et moderniser notre outil industriel n’a jamais été aussi crucial.
A défaut, la France pourrait voir
disparaître une partie de sa capacité de transformation alimentaire,
affaiblissant par ricochet l’ensemble de l’écosystème, à commencer par l’amont
agricole.
Reculer aurait donc
pour conséquences de fragiliser notre compétitivité, l’amont agricole et, à
terme, notre souveraineté alimentaire.
Pact’Alim préconise
plusieurs propositions concrètes autour de trois axes de travail prioritaires.
Ces trois leviers s’inscrivent dans le cadre des exigences actuelles sur la
maîtrise des finances publiques, en réorientant et en optimisant des moyens existants
:
1. Orienter
différemment les financements existants.
2. Faciliter l’accès au
financement en créant des outils adaptés aux besoins de ces entreprises.
3. Créer un programme
d’accompagnement dédié.
Par ailleurs, Pact’Alim demande une réforme des relations commerciales afin de garantir un partage plus juste de la valeur et de soutenir l’amont agricole.


