Et si tout ce que nous pensions urgent… ne
l’était pas vraiment ?
Le point de vue de Mario
Bucciarelli, Fondateur de CoachingCore et créateur du programme ASSO©
Depuis plusieurs mois,
mes clients me font part d’un constat troublant : tout est devenu urgent.
Chaque dossier, chaque tâche, chaque email semble réclamer une réaction
immédiate. Et, à en croire beaucoup, cette frénésie a été amplifiée par les
périodes de lockdown liées au Covid-19. Après ces arrêts forcés, la nécessité
de « rattraper le temps perdu » aurait contaminé toutes les activités.
Sauf que ce rattrapage
est une illusion. Si hier vous n’avez rien accompli, travailler deux fois plus
aujourd’hui ne vous fera pas revenir en arrière. Vous doublerez simplement
votre charge mentale et votre fatigue. Nous en faisons tous l’expérience pendant
les vacances : aucun effort ne peut réellement récupérer le temps passé.
Cette urgence
permanente n’est pas sans conséquences.
Elle augmente
considérablement la charge mentale et le stress des collaborateurs à tous les
niveaux. Tout le monde ressent la pression constante : « il faut aller vite,
c’est urgent ! » … mais ce sentiment d’urgence est souvent hors de
proportion avec la réalité.
Un incendie, oui, c’est
urgent. Mais le feu dans votre cheminée ? Non. Pourtant, dans nos
organisations, les pompiers courent partout pour éteindre ces « feux de
cheminée » quotidiens. Et si parfois un véritable incendie surgit, il reste
l’exception, pas la règle.
Alors, que se
passerait-il si nous ne nous laissions pas emporter par cette frénésie et
considérions les tâches comme ordinaires plutôt qu’urgentes ?
Perdrions-nous des
clients ou des parts de marché ? Pas nécessairement. Dans un monde VUCA
(Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity), le véritable défi n’est pas
d’aller vite, mais de construire des stratégies durables.
Je propose de
transformer VUCA en VUCA prime
• Vision : percevoir le système dans sa globalité.
• Understanding (Compréhension) : connaître les facteurs
et compétences nécessaires pour réussir.
• Clarity (Clarté) : savoir où concentrer
ses efforts et quelles priorités établir.
• Agility (Agilité) : s’adapter efficacement
à l’imprévu, sans se laisser emporter par le chaos.
Éteindre un incendie, c’est une performance remarquable, mais ce n’est pas une stratégie durable.
Le
« vite, vite ! c’est urgent » est souvent le résultat d’un manque de vision :
sans recul, tout semble prioritaire et urgent.
La vision, c’est un
instantané du futur. Elle exige un temps de respiration, un pas de recul pour
observer l’environnement et projeter ses actions dans une perspective claire.
Sans ce travail, tout semble urgent, même ce qui est quotidien et ordinaire.
Ensuite viennent la
compréhension et la clarté. Sans elles, la vitesse devient illusoire : agir
vite sans savoir exactement quoi faire ou pourquoi ne mène pas à la
performance. L’agilité, enfin, n’est possible que si l’on connaît le terrain et
que l’on est correctement équipé. Chaque action devient alors mesurée, adaptée,
efficace.
Le « vite, vite ! c’est
urgent » freine la compétence durable
1. Il augmente la charge mentale et le stress,
réduisant la capacité d’agir de façon pertinente.
2. Il empêche de prendre le recul nécessaire pour choisir la meilleure
stratégie.
3. Il dévalorise les collaborateurs, érode la confiance en soi et
fragilise les compétences.
Pour performer
durablement, il faut suspendre le temps, ralentir la cadence, respirer et
observer le système dans son ensemble. Ce n’est pas la vitesse qui compte, mais
la perception globale et la pertinence de l’action.
Si vous entendez encore : « Vite, vite ! c’est urgent », faites une pause.
- Respirez.
- Regardez votre environnement de travail.
- La vision, la compréhension, la clarté et l’agilité émergeront naturellement.
- Et c’est ainsi que l’on transforme une urgence apparente en performance durable et sereine.


