Le Groupe
APICIL, en collaboration avec le Groupe JLO, publie les résultats de la 4e
édition de son Observatoire des arrêts de travail.
• Le taux d’absentéisme passe de 4,27% en 2023
à 4,41% en 2024, soit une légère augmentation de 0,14 point en un an. Il reste
cependant inférieur à son niveau de 2022 (4,61%).
• La part de salariés ayant eu au moins un
arrêt de travail augmente légèrement, passant de 26,32% en 2023 à 26,98% en
2024. Ces travailleurs ont en moyenne connu 1,83 arrêt de travail en 2024.
• La durée des arrêts de travail reste stable,
avec une moyenne de 19,85 jours (contre 19,64 jours en 2023).
• Les arrêts de plus de 90 jours sont en hausse
(+0,24 point), tandis que la part du micro-absentéisme croît également (+2,24
points pour les arrêts de moins de 3 jours).
• Plus de 9 arrêts de travail sur 10 (90,94%)
sont dus à une maladie, loin devant les accidents du travail (4,55%) et les
temps partiels thérapeutiques (3,43%).
• 1 salarié sur 50 a eu un arrêt de travail pour accident du travail. Leur durée moyenne dépasse désormais la barre des 40 jours d’arrêt (41,18 jours), derrière les temps partiels thérapeutiques
(44,15
jours) et la maladie professionnelle (121,73 jours en moyenne).
• Les populations les plus touchées par l’absentéisme restent les ouvriers (taux d’absentéisme de
6,54% contre 2,36%
pour les cadres), les seniors (5,68% contre 3,26% pour les moins de 30 ans),
les femmes (5,19% contre 3,60 pour les hommes), les salariés ayant plus de 10
ans d’ancienneté (5,16%), ainsi que ceux à temps partiel (5,01%).
• Les secteurs les plus impactés par
l’absentéisme sont la santé, l’économie sociale et l’éducation (taux
d’absentéisme de 5,68%), l’industrie et le BTP (4,59%), ainsi que le commerce
et le transport (4,33%).
L’absentéisme au
travail demeure un enjeu de premier plan en France, révélateur des
transformations profondes du monde professionnel. En 2025, cette problématique
a pris une résonance toute particulière : la santé mentale a été érigée en
Grande Cause nationale et, fin août, le Gouvernement a lancé une charte
d’engagement pour la santé mentale au travail. Ce choix symbolique, qui relève
d’un enjeu de société, met en lumière une réalité de plus en plus prégnante :
la santé psychologique des Français est fragilisée. Les salariés, en
particulier, sont directement concernés, alors même qu’ils constituent un
pilier essentiel de la performance durable des entreprises, des associations et
des employeurs publics.
Parallèlement, la santé physique demeure un enjeu majeur
: les troubles musculo-squelettiques (TMS) indemnisés ont représenté, en 2021,
plus de 11 millions de journées de travail (source : INRS). C’est dans ce
contexte que le Groupe APICIL publie la 4e édition de son Observatoire des
arrêts de travail, réalisée en collaboration avec une de ses filiales, le
Groupe JLO, cabinet de conseil spécialisé en RH et QVCT (Qualité de Vie et des
Conditions de Travail).
Ce rapport vise à éclairer la situation de
l’absentéisme en France à partir des données objectives de l’année 2024
collectées auprès de 53 000 entreprises clientes du Groupe APICIL, représentant
plus de
1 million de salariés, et d’études scientifiques.
« Les mutations du
travail ont amplifié les risques psychosociaux et renforcé les attentes des
collaborateurs en matière de mieux vivre au travail. L’absentéisme s’impose
comme un défi crucial pour les entreprises, les obligeant à repenser leurs
pratiques managériales, leurs modes d’organisation et leurs politiques de
prévention. Face à ces enjeux, elles doivent plus que jamais concilier
performance économique et engagement humain. La QVCT ne peut plus être perçue
comme un simple levier RH : elle devient un impératif stratégique. Les
démarches visant à prévenir l’absentéisme, soutenir les salariés fragilisés et
créer un environnement de travail sain doivent être au cœur des plans d’action, souligne
Thomas Perrin, Directeur Général Adjoint Services du Groupe APICIL. Face
à cet impératif d’améliorer les conditions de travail pour réellement réduire
l’absentéisme, et afin d’accompagner au mieux ses entreprises clientes, le
Groupe APICIL s’est doté d’une nouvelle filiale : le Groupe JLO, l’un des
principaux cabinets de conseil RH et QVCT français ».
Le micro-absentéisme et
les arrêts longs poursuivent leur hausse
En 2024, le taux d’absentéisme a atteint 4,41%, contre 4,27% en 2023, soit une progression de
0,14 point. Ce niveau reste toutefois inférieur à celui observé en 2022
(4,61%). Par ailleurs, plus d’un quart des salariés (26,98% contre 26,32% en
2023) ont connu au moins un arrêt de travail au cours de l’année, en
augmentation de 0,66 point.
La durée moyenne des
arrêts de travail reste stable, passant de 19,64 jours en 2023 à 19,85 jours en
2024, soit une légère hausse de 0,21 jour. Les arrêts de durée intermédiaire
demeurent de loin les plus fréquents : 39,17% concernent des arrêts de 3 à 7
jours et 24,85% des arrêts de 8 à 30 jours.
En revanche, le
micro-absentéisme (arrêts de moins de 3 jours) et les arrêts longs (entre 31 et
90 jours ou plus de 90 jours) ont, quant à eux, tendance à augmenter en
proportion par rapport à ceux de durée intermédiaire. Ainsi, la part des arrêts
de moins de 3 jours est passée de 19,68% à 21,92% entre 2023 et 2024, soit une
hausse de 2,24 points. Les arrêts de plus de 90 jours progressent de 4,89% à
5,13% (+0,24 point), tandis que ceux de 31 à 90 jours augmentent de 8,75% à
8,93% (+0,18 point).
La maladie professionnelle demeure le motif qui engendre les arrêts les plus longs
En 2024, plus de 9
arrêts de travail sur 10 (90,94%) sont dus à la maladie, confirmant son statut
de principal motif d’absence, et de loin. Leur nombre a légèrement augmenté de
2,92% par rapport à 2023, tandis que leur durée moyenne reste stable à 17,56 jours.
Par ailleurs, plus d’un salarié sur 4 (25,57%) a eu un arrêt de travail pour
maladie, soit +0,58 point en un an.
Les accidents du
travail constituent le deuxième motif d’arrêt de travail, représentant 4,55% de
l’ensemble des arrêts. Un salarié sur 50 a été concerné, avec une durée moyenne
qui a augmenté de 1,85 jour, passant de 39,33 jours à 41,18 jours. Viennent ensuite
les temps partiels thérapeutiques qui représentent 3,43% de l’ensemble des
arrêts avec une durée moyenne de 44,15 jours, soit une augmentation de
4,05
jours en un an. Les temps partiels thérapeutiques sont prescrits en général
pour accompagner le retour progressif du salarié à la suite d’un arrêt longue
durée. Ils peuvent participer à la réadaptation progressive du salarié.
Si les maladies
professionnelles ne représentent que 0,20% des arrêts, elles entraînent en
moyenne 121,73 jours d’absence, soit près de trois fois plus qu’un accident du
travail ou de trajet. Cette durée recule toutefois légèrement de 1,84 jour en
un an.
Les maladies
professionnelles liées aux troubles psychosociaux connaissent un très fort
accroissement : +117% entre 2019 et 2023 selon l’Assurance Maladie. Ce constat
est confirmé par la cellule médicale d’APICIL, pour qui les principales causes
en 2024 des arrêts « longs » (plus de 90 jours) faisant l’objet d’un suivi
médical par l’assureur sont de nouveau :
- Les pathologies
psychologiques, toujours en hausse, représentant plus de 40% des dossiers
(allant de la fatigue psychologique à la dépression longue, en passant par des
syndromes de burn-out de plus en plus fréquents).
- Les troubles
musculo-squelettiques
qui constituent un tiers des dossiers, touchant particulièrement les assurés
exerçant dans des secteurs à forte pénibilité, ainsi que ceux contraints à des
postures statiques prolongées, une situation parfois aggravée par le
télétravail.
Un absentéisme qui
augmente fortement avec l'âge
Plus les salariés
avancent en âge, plus leur taux d’absentéisme et la durée moyenne de leurs
arrêts de travail augmentent. En 2024, les travailleurs de 60 ans et plus
présentent ainsi un taux d’absentéisme de 5,68%, contre 3,26% pour les moins de
30 ans, soit un niveau 1,74 fois plus élevé.
Quant à la durée des
arrêts de travail, elle est de 12,09 jours chez les moins de 30 ans, contre
33,73 jours pour les 60 ans et plus, soit un écart d’un peu plus de 21 jours,
l’équivalent de 3 semaines.
Cette progression s’explique par plusieurs facteurs
:
- Les problèmes de
santé liés à l’âge –
ils s’accroissent naturellement avec le temps et les guérisons deviennent plus
lentes ;
- Les effets cumulatifs
du travail –
avec l’âge, les conséquences négatives que le travail peut avoir sur nos vies
s’amplifient ;
- Les styles de vie – les mauvaises
habitudes influencent la santé sur le long terme.
Ces constats soulignent
la nécessité d’adapter les conditions de travail au vieillissement de la
population active.
Depuis 2022, la durée
des arrêts de travail a augmenté dans toutes les tranches d’âge, à l’exception
des moins de 30 ans, où elle a chuté de 15,48 jours à 12,09 jours, soit une
baisse de 3,39 jours.
À noter qu’il y a une
particularité chez les 60 ans et plus : seuls 18,66% d’entre eux ont eu au
moins un arrêt de travail, contre 26,18% chez les moins de 30 ans et jusqu’à
30,04% chez les 30-39 ans. Ainsi, bien que leur taux d’absentéisme soit le plus
élevé, il résulte en réalité d’une concentration sur un plus petit nombre de
salariés. Une hypothèse qui pourrait être avancée pour expliquer cette
situation est celle de l’effet du travailleur en bonne santé : les personnes
les plus fragiles sortiraient de l’emploi pour des raisons diverses (retraite
anticipée, décès, invalidité), ne laissant en activité que celles dont l’état
de santé leur permet de poursuivre leur carrière.
Au cours des 3
dernières années, la cellule médicale d’APICIL constate une représentation de
plus en plus significative des jeunes actifs en arrêt pour dépression ou
burn-out : 27% des 30-39 ans ont été touchés en 2024 par une pathologie
psychique, un chiffre identique à 2023.
Des inégalités
persistantes face à l’absentéisme
Tout comme les seniors,
les autres segments de population les plus à risque face à l’absentéisme
restent, en 2024, identiques aux années précédentes :
- Les ouvriers : leur taux
d’absentéisme est de 6,54% alors qu’il est de 2,36% chez les cadres, soit un
niveau 2,77 plus élevé. Les employés (4,98%) et les ETAM (4,21%) se situent
entre ces deux catégories de salariés.
- Les femmes présentent une durée
moyenne d’arrêt de 20,61 jours contre 18,81 jours pour les hommes, et un taux
d’absentéisme de 5,19% contre 3,60%, soit un niveau 1,44 fois supérieur. Elles
sont également plus nombreuses à avoir eu au moins un arrêt : 28,71% contre 25,01%
pour les hommes. Entre 2023 et 2024, tous les indicateurs ont davantage
augmenté chez les femmes :
• Leur taux d’absentéisme a augmenté de 0,18
point, contre 0,10 point chez les hommes ;
• La durée de leurs arrêts s’est accrue de 0,36
jour, tandis qu’elle est restée stable chez les hommes ;
• La proportion ayant eu au moins un arrêt de travail a connu une hausse de 0,78 point, contre
0,53 point chez les hommes.
Ces écarts croissants révèlent la nécessité d’intégrer une analyse genrée des données de santé au travail.
- Les salariés ayant
plus de 10 ans d’ancienneté : leur taux d’absentéisme s’élève à 5,16%,
contre 3,44% pour ceux ayant moins de 3 ans d’ancienneté. La durée moyenne de
leurs arrêts est également plus élevée (25,01 jours contre 15,29 jours pour une
ancienneté de moins de 3 ans).
- Les salariés à temps
partiel :
leur taux d’absentéisme atteint 5,01% contre 4,41% pour ceux à temps plein,
soit une différence de 0,60 point.
- Les salariés en CDI ont un taux
d’absentéisme de 4,66%, contre 2% pour ceux en CDD, soit un écart de 2,66
points. Ces derniers peuvent redouter davantage les conséquences d’un arrêt,
qu’il s’agisse du non-renouvellement de leur contrat ou d’une perte de revenus,
leur rémunération étant en moyenne plus faible. Cette insécurité
professionnelle les incite donc à limiter le recours à un arrêt, quitte à
mettre leur santé en danger, afin de préserver leur emploi.
- Le secteur de la
santé,
de l’économie sociale et de l’éducation présente à la fois le taux
d’absentéisme le plus élevé (5,68%, +0,17 point) et la durée moyenne d’arrêt de
travail la plus longue avec 22,97 jours, avec la plus forte hausse (+0,84
jour). À l’opposé, le secteur des services aux entreprises possède la deuxième
durée moyenne d’arrêt de travail la plus courte (17,24 jours), ainsi que le
taux d’absentéisme le plus faible (3,29%), mais enregistre la plus importante
augmentation (+0,35 point).
« D’une année sur l’autre, les caractéristiques structurelles de l’absentéisme demeurent inchangées : surexposition des femmes, vulnérabilité croissante avec l’âge, fortes disparités selon le statut et prééminence du motif de maladie. Alors que les grandes orientations actuelles du marché du travail et de la société incitent davantage au pessimisme qu’à l’optimisme, la prévention des risques et la QVCT doivent être placées au cœur des politiques des entreprises privées comme des organisations publiques. C’est ce message que le Groupe APICIL et le Groupe JLO s’engagent à porter, aussi haut et aussi longtemps que nécessaire, en accompagnant l’ensemble des acteurs. Qu’il s’agisse du déploiement d’actions de prévention santé en entreprise, de la réalisation d’une cartographie ou d’un diagnostic de l’absentéisme, ou encore d’un accompagnement personnalisé au retour à l’emploi, les solutions existent pour prévenir, réguler et réduire l’absentéisme » conclut Stéphane Roose, Directeur associé, Pôle Conseil du Groupe JLO.


