Par Emma Rafowicz, membre du
Groupe S&D.
À travers l’Europe, des
millions de jeunes voient leur entrée dans la vie professionnelle conditionnée
par la multiplication de stages, souvent mal encadrés et parfois non rémunérés.
Le rapport commandé par le groupe S&D sur la réglementation des stages au
sein de l’Union européenne tire la sonnette d’alarme : un véritable “far west”
des stages s’est installé, creusant les inégalités entre les jeunes et entre
les États membres.
La question du statut
des stages révèle de profondes inégalités sociales et rend urgente une
harmonisation européenne, garantissant les droits de celles et ceux qui doivent
être protégés.
Le statut des
stagiaires en Europe n’est pas une affaire individuelle : il incarne un
véritable enjeu de justice sociale et de cohésion européenne.
Pourtant, le cadre
législatif européen actuel est bien trop faible pour offrir aux stagiaires un
statut clair et des droits effectifs.
C’est pourquoi il est
nécessaire de garantir la rémunération systématique de tous les stages. Car derrière la
rhétorique flatteuse de « l’expérience », se cache en réalité un filtre social
implacable : seuls les jeunes dont les familles peuvent financer des stages
non-rémunérés accèdent aux opportunités les plus prestigieuses. En Europe, près
d’un stage sur deux n’est pas rémunéré. L’égalité réelle entre jeunes européens
exige au minimum la reconnaissance de leur contribution au monde du travail.
Sans rémunération, il ne peut y avoir ni justice sociale, ni véritable
apprentissage.
Par ailleurs, garantir
des stages de qualité est essentiel pour qu’ils ne se transforment pas en
simple substituts à l’emploi salarié. C’est pourquoi, nous défendons l’instauration
de normes strictes : la mise en place d’un contenu pédagogique défini et un
véritable encadrement assuré par un tuteur.
Enfin, la transparence
des offres de stage doit être garantie. Chaque annonce doit fournir à minima des
informations claires sur la rémunération et les conditions de travail. Trop
souvent, elles se réduisent à quelques lignes vagues, sans mention claire des
conditions générales.
Face à cette réalité,
l’Europe doit plus que jamais répondre par un engagement fort en faveur de la
protection sociale et de la dignité des jeunes travailleurs. Clarifier le
statut et rendre la rémunération obligatoire permettra de mettre fin au “far
west” des stages et d’instaurer une véritable justice sociale européenne.
Refuser la précarisation, c’est rappeler que l’Union se construit avec sa
jeunesse et pour elle.
A cet égard, le groupe S&D, par la voie de notre rapporteure Alicia Homs, restera vigilant s’agissant de la proposition de directive visant à améliorer les conditions de travail des stagiaires dans l'UE. La position du Conseil est à ce stade inacceptable puisqu’elle exclut 75% des stagiaires en Europe et se focalise uniquement sur l’emploi déguisé.


