Dans un contexte mondial marqué par des conflits
et des tensions commerciales dont l’évolution pourrait peser sur les
perspectives de croissance, l’AMF (Autorité des marchés financiers), constate
la bonne résilience des marchés. Elle observe toutefois une volatilité accrue
sur l’ensemble des classes d’actifs, qui pourrait perdurer dans les mois à
venir.
À l’occasion de son
exercice annuel de cartographie des risques et des marchés, l’AMF fait le
constat d’une augmentation des risques de marché tout en soulignant la
résilience des marchés financiers. Depuis le début de l’année 2025, les
incertitudes liées à la politique économique et commerciale américaine, ainsi
qu’au regain des tensions géopolitiques dans plusieurs régions du monde, pèsent
sur les prévisions de croissance mondiale. Au printemps 2025, le Fonds
monétaire international a ainsi revu à la baisse ses anticipations de
croissance pour les États-Unis à 1,8 et à 1% celle de la zone euro.
Si les indices
boursiers ont connu un réajustement marqué à l’annonce de nouveaux droits de
douane par les États-Unis début avril, à l’image du CAC 40 qui a perdu 12%
entre le 2 et le 9 avril, les marchés dans leur ensemble ont fait preuve de
résilience. À la faveur d’un moratoire et de l’ouverture de négociations
bilatérales sur ces droits de douane, les valorisations ont depuis retrouvé des
niveaux élevés, supérieurs à leurs niveaux antérieurs, faisant craindre de
nouvelles phases d’ajustement.
Dans le même temps, la volatilité s’est
renforcée sur l’ensemble des classes d’actifs, y compris les crypto-actifs qui
exercent un attrait important chez les investisseurs particuliers et semblent
davantage sensibles au contexte économique et géopolitique que par le passé. Le
régime de volatilité accrue semble devoir perdurer dans le contexte actuel
d’incertitude. L’issue des négociations commerciales bilatérales avec les
États-Unis, qui n’est pas encore connue, pourrait également avoir des
répercussions additionnelles sur les anticipations de croissance.
Compte tenu des
évolutions récentes du marché survenues début avril 2025, la gestion d’actifs
française a bien résisté. Les fonds monétaires ont enregistré une collecte
nette positive, tandis que les flux sur les fonds actions, les fonds
obligataires et les fonds diversifiés sont restés très limités. Deux segments
restent toutefois des points d’attention pour le régulateur : celui des fonds
investis dans l’immobilier commercial et celui des fonds investis dans des
actifs illiquides, tels que les actifs non cotés, compte tenu de leur
croissance soutenue et des vulnérabilités qu’ils pourraient révéler en cas de
tension de liquidité. Dans ce contexte, les interconnexions avec le reste du
système financier demeurent un point de vigilance. L’AMF, l’Autorité de contrôle
prudentiel et de résolution (ACPR) et la Banque de France finalisent
actuellement les modalités d’un test de résistance à l’échelle du système
associant banques, assureurs et fonds d’investissement.
Les cyberattaques
continuent d’augmenter dans tous les secteurs et le degré de préparation des
acteurs reste hétérogène. L’entrée en vigueur en janvier 2025 du règlement
européen DORA, qui vise à renforcer la transparence sur les incidents et à
imposer des dispositifs plus robustes pour la gestion des risques
opérationnels, représente à cet égard une avancée majeure en matière de
résilience opérationnelle.



