Le cabinet EKILIBRE Conseil publie le 1er Baromètre national des causes racines du mal-être au travail, mené avec OpinionWay.
Chiffres
clés
·
Près
de 8 salariés sur 10 déclarent une fatigue professionnelle, signe d’un
épuisement physique et mental généralisé qui s’installe.
·
Plus
d’1 salarié sur 2 ressent un mal-être au travail, dont 3 sur 4 affirment que
cela nuit à leur santé mentale et/ou physique.
·
En
six mois, 1 salarié sur 5 a été arrêté pour un motif lié au travail
(épuisement, troubles psychiques, douleurs physiques).
·
1
sur 4 a été victime de violences internes ou externes dans le cadre
professionnel, souvent à répétition.
·
Près
de 1 salarié sur 2 dit devoir masquer ses émotions en permanence, pour “tenir”
sans craquer.
·
Plus
de la moitié estiment que leur employeur n’agit pas concrètement pour préserver
leur santé mentale.
Le cabinet
EKILIBRE Conseil, spécialiste de la santé psychologique au travail, dévoile ce
jour les résultats du premier baromètre national mené avec OpinionWay sur les
causes profondes du mal-être en entreprise.
À
travers ce sondage mobilisant un échantillon représentatif de plus de 1 025
salariés, une réalité systémique s’impose : le mal-être psychique et physique
est indissociable du travail pour une large part de la population active,
parfois de façon silencieuse. Fatigue chronique, surcharge mentale, violences
banalisées, perte de sens, invisibilité du mal-être : loin d’être des
situations marginales, ces réalités sont aujourd’hui systémiques. Les résultats
de ce baromètre mettent en lumière les mécanismes invisibles de la souffrance
au travail et plaident pour une transformation structurelle des organisations.
« Ce
baromètre révèle une vérité que l’on ne peut plus ignorer : le mal-être au
travail n’est plus un signal faible. Il est devenu un fait social majeur, ancré
dans la somme de déséquilibres répétés entre les exigences professionnelles et
les ressources disponibles. Au-delà du traitement des symptômes, la santé
organisationnelle et ses causes racines : spirale de surcharge,
appauvrissement du sens, isolement…doit être questionnée et accompagnée de
toute urgence, avec méthode, à la hauteur des enjeux. » commente
Jean-Christophe Villette, psychologue du travail et des organisations et
dirigeant d’EKILIBRE Conseil.
Un
mal-être généralisé et persistant
Les
chiffres parlent d’eux-mêmes. Près de 8 salariés sur 10 se déclarent concernés
par une fatigue professionnelle, symptôme d’un épuisement physique et mental
devenu endémique. 66 % vivent un stress quotidien, souvent sans dispositif de
régulation, et 43 % expriment un sentiment de mal-être au travail. Parmi ces
derniers, 3 sur 4 affirment que cet état nuit directement à leur santé mentale
et/ou physique.
Ce
mal-être ne reste pas sans conséquences sur les arrêts de travail : 20 % des
salariés interrogés déclarent avoir été en arrêt maladie au cours des six
derniers mois, pour une cause liée au travail, qu’il s’agisse d’un burn-out, de
douleurs musculo-squelettiques, ou de troubles psychiques.
« Ce
n’est plus une addition de signaux faibles : c’est un faisceau massif
d’indicateurs qui témoigne d’une dégradation structurelle de nos environnements
de travail. Ce que nous observons, c’est moins une crise passagère qu’un
épuisement organisé qui s’enracine, devenu la norme dans trop d’organisations.
Il est temps de sortir de l’anesthésie collective et de réinvestir la question
de la soutenabilité travail. » analyse Jean-Christophe Villette
Violences
au travail : un phénomène trop banalisé
Les
violences, verbales, psychologiques ou physiques, sont loin d’être marginales. Un
quart des salariés (25 %) affirme avoir été exposé à des violences dans leur
environnement professionnel, que ce soit à travers des comportements dégradants
internes (harcèlement moral, pressions, mises à l’écart) ou des incivilités et
agressions externes (clients, usagers).
Parmi ces
salariés victimes, 58 % estiment avoir été harcelés moralement, et 19 %
rapportent des situations de harcèlement sexuel ou de comportements sexistes.
Ces violences ne sont pas ponctuelles : près d’un salarié concerné sur trois
dit y être confronté fréquemment, voire quotidiennement.
« La
violence au travail ne commence pas toujours avec des cris. Elle naît souvent
dans le silence, les mots blessants banalisés, parfois sous couvert « humour »
ou de « simples maladresses ». Ce qu’on ne nomme pas,
s’installe et ces violences finissent par faire corps avec la culture
d’entreprise. » poursuit Jean-Christophe Villette
Une
analyse scientifique des causes racines pour passer du ressenti à l’action
Afin de
dépasser le simple recueil de perceptions, ce baromètre intègre une analyse
rigoureuse des causes racines du mal-être au sens du rapport Gollac
et des indicateurs recommandés par l’INRS. D’abord par un recueil du niveau de
ces indicateurs pour tous les facteurs de risques psychosociaux principaux pour
constituer un référentiel objectivé, jusque-là inexistant au niveau national.
Puis en complétant cette démarche par l’application de modèles statistiques
performants pour dépasser ce qui n’est pas visible
à l’œil nu.
Cette
démarche repose sur des modèles statistiques de type régression stepwise, qui
permettent de hiérarchiser les facteurs les plus explicatifs du stress, la
fatigue, le mal-être ou l’insatisfaction au travail.
Les
résultats confirment que les causes organisationnelles (charge mentale,
intensité émotionnelle, absence d’écoute, absence de reconnaissance,
inadéquation des moyens) sont les plus puissants prédicteurs du mal-être, bien
devant les caractéristiques personnelles ou contextuelles. Cette objectivation
permet aux entreprises de ne plus se limiter à l’écoute des signaux faibles,
mais d’agir sur les leviers structurels du travail lui-même.
Tout
d’abord, l’intensité cognitive du travail : 64 % des salariés doivent
maintenir une vigilance permanente, et près de la moitié (47 %) disent devoir
dissimuler leurs émotions pour rester professionnels, quitte à s’épuiser
intérieurement. La pression temporelle est également en cause :
39%
dénoncent un rythme de travail soutenu, et 27 % estiment que les moyens mis à
disposition sont insuffisants pour atteindre les objectifs fixés. Ce
déséquilibre génère de la frustration, voire un sentiment d’échec.
Enfin, la
perte de reconnaissance et de sens est un facteur majeur : 33 % des
salariés se sentent invisibles ou dévalorisés, et 24 % jugent ne pas pouvoir
produire un travail de qualité, en raison d’une organisation déficiente.
« Ce que montre
notre analyse, c’est une invitation à dépasser l’analyse des fragilités
individuelles culpabilisantes pour les salariés en déséquilibres. J’invite à
questionner la santé organisationnelle. Quand la charge mentale, le manque
d’écoute ou l’absence de reconnaissance deviennent systémiques, ils produisent
de la souffrance. Ce baromètre donne enfin aux entreprises une boussole pour
comprendre et agir là où ça fait mal : sur les fondations mêmes du
travail. » explique Jean-Christophe Villette
Une
mobilisation encore insuffisante des entreprises
Face à
cette réalité, la mobilisation des employeurs reste, selon les salariés, en
deçà des enjeux.
55% estiment que leur entreprise n’agit pas concrètement pour
préserver leur santé mentale. Seuls
23% ont bénéficié d’une formation sur les
risques psychosociaux dans les trois dernières années.
Pire, plus
de la moitié des salariés (53 %) ne savent pas vers qui se tourner en cas de
souffrance psychologique au travail dans leur organisation, qu’il
s’agisse : d’un manager, d’un collègue de confiance, d’in élu ou d’un
service RH. L’isolement est donc à la fois émotionnel et structurel au travail
face aux vulnérabilités. Quand on croise avec les solutions externes
mobilisables, ils sont encore 33% à n’identifier aucun interlocuteur qualifié
pour les aider.
« Il faut sortir de la prévention cosmétique. Deux séances de relaxation ne suffiront jamais à réparer une organisation qui épuise. Ce que demandent les salariés, ce n’est pas juste un geste symbolique. Parler de santé mentale au travail, c’est parler de gouvernance, de justice organisationnelle, de conditions concrètes pour faire un travail de qualité. C’est là que se joue les enjeux d’une prévention qui sera efficace. » conclut Jean-Christophe Villette.