Alors que les demandes de rénovation énergétique ont triplé début 2025, et que les rénovations réalisées gagnent nettement en performance, la suspension du dispositif MaPrimeRénov’ qui vient d’être annoncée par le Gouvernement va contre le sens de l’Histoire. Pour Dorémi, entreprise de l’Économie Sociale et Solidaire spécialisée dans la rénovation performante des maisons, cette annonce marque une nouvelle rupture de continuité dans les politiques publiques, au détriment des ménages et des professionnels engagés.
« Pour la première fois
en 2024, une vraie dynamique vers plus de performance et plus de rénovations a
été initiée en France, grâce aux aides de l’Etat. Le manque de stabilité
budgétaire, décrié par toute la filière sans exception, crée un climat d’incertitude
intenable. Les ménages veulent rénover performant. Les artisans sont prêts.
Mais l’État, par ces annonces, n’est pas à la hauteur des enjeux sociaux,
énergétiques et écologiques. », rappelle Vincent Legrand, Président de
Dorémi
Une dynamique réelle
freinée par une décision incohérente
Depuis 2024, les
signaux sont positifs : les projets de rénovation d’ampleur ont bondi, portés
par les aides bien calibrées du parcours MaPrimeRénov’ Rénovation d’Ampleur et
par un nouvel accompagnement associé (MonAccompagnateurRénov’). Les chiffres de
l’ANAH pour le T1 2025 confirment une forte mobilisation, notamment sur les
passoires thermiques, et sur les ménages modestes et très modestes.
Dans ce contexte
historiquement positif, l’annonce d’un gel du dispositif est incompréhensible :
l’Etat décide de stopper le premier dispositif d’aides qui, historiquement,
parvient à le rapprocher de ses objectifs !
Cette décision
déstabilise un écosystème entier : artisans, collectivités, formateurs, ménages…
Tous ont investi dans la rénovation d’ampleur, sur la base d’engagements
publics.
Les effets d’une
politique de stop & go
Dorémi, en phase avec
l’ensemble des acteurs de la filière du bâtiment, alerte depuis plusieurs
années sur les conséquences d’une gestion par à-coups des politiques de
rénovation énergétique. Chaque suspension, même temporaire, brise l’élan des
ménages, décourage les artisans, et retarde l’atteinte des objectifs nationaux.
Plutôt que de freiner,
nous appelons à renforcer l’efficacité du dispositif, avec trois leviers
prioritaires :
• Cibler les rénovations les plus performantes (trois postes de travaux bien coordonnés), et autant que possible la rénovation globale (6 postes de travaux), seules capables de produire des résultats durables. L’Etat n’a plus les moyens de saupoudrer ses aides pour des travaux qui ne conduisent pas à la performance à terme (monogestes, pompes à chaleur dans des bâtiments de classe E, F ou G...).
• Lutter activement contre les fraudes, qui nuisent à la crédibilité du système et pèsent sur les acteurs de terrain, en s’appuyant sur des outils déjà éprouvés comme les bouquets de travaux précalculés qui cadrent et encadrent les préconisations de travaux des DPE et des audits, et simplifient les contrôles. Dorémi promeut et a initié le développement d’un réseau de contrôleurs-experts, en capacité d’intervenir sur le terrain pour valider la bonne mise en oeuvre des chantiers.
• Renforcer les moyens de l’ANAH, de l’ADEME et
des délégations locales, pour assurer une fluidité, une homogénéité et une
automaticité dans le traitement des dossiers, et une bonne gestion des avances
financières - il n’est plus possible que les ménages attendent 9 mois des
réponses à des dossiers parfaitement montés, avec des traitements fantaisistes !
Un enjeu écologique,
social et économique majeur
Le bâtiment représente
plus de 40 % des consommations d’énergie. Réduire cette part est indispensable
pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Mais la rénovation,
c’est aussi un enjeu de santé publique : plus 12 millions de personnes vivent dans des
logements mal isolés, froids l’hiver, étouffants l’été. C’est enfin un levier
de pouvoir d’achat, avec des factures de chauffage divisées par
4 à 8 chez les ménages
accompagnés par Dorémi.
« Nous invitons les
médias et les décideurs publics à venir constater sur nos chantiers à quel
point MaPrimeRénov’ a été un déclencheur pour les propriétaires, et une
réussite lorsque les travaux sont bien conduits. Derrière chaque dossier, il y
a des ménages qui sortent de la précarité énergétique, des artisans fiers de
contribuer à la transition énergétique, et des vies qui changent au niveau de
chaque territoire ; la rénovation performante est l’avenir de nos territoires
et devrait rester la priorité, et même l’obsession, de l’Etat ! », conclut Vincent Legrand.
Vers une programmation
plus lisible
Dorémi soutient la demande portée par de nombreux acteurs d’une programmation pluriannuelle du financement de la rénovation performante, seule garantie d’atteindre nos objectifs nationaux dans la durée. La filière est prête à répondre aux ambitions : elle a besoin d’un cadre stable, lisible, et juste.