Le point de vue d’Arnaud Hacquart,
président d’Imodirect
Annoncée mardi par la
presse, la suspension du dispositif MaPrimeRénov’ a d’abord été démentie par le
ministère du Logement… avant d’être confirmée mercredi soir par le ministre de
l’Économie, Eric Lombard. Cette volte-face en dit long sur le manque de cohérence
de la politique du logement. Pour Arnaud Hacquart, président d’Imodirect, cette
décision est non seulement un très mauvais signal envoyé aux bailleurs, mais
elle rend les interdictions de location liées au DPE injustifiables en l’état.
Il appelle à une remise à plat des règles et avance une proposition
alternative, structurante et soutenable.
Selon Arnaud Hacquart, cette décision doit logiquement s’accompagner d’un
moratoire immédiat sur toutes les interdictions de location liées au DPE : « Comment peut-on
interdire à un propriétaire de louer un logement classé G ou F, tout en
supprimant les aides censées lui permettre de le rénover ? C’est une absurdité
complète, qui révèle l’illisibilité totale de l’action publique sur ce sujet. »
Cette instabilité
permanente est un frein majeur à la relance du marché locatif privé. Elle fait
fuir les investisseurs et renforce la pénurie de logements disponibles. Il est
urgent de repenser la stratégie de rénovation du parc immobilier avec plus de cohérence
et sur le temps long.
Arnaud Hacquart propose
une alternative structurante et soutenable : « Plutôt que d’imposer
des travaux coûteux à court terme, sans garantie d’aides ni de visibilité,
mettons en place une obligation de rénovation au moment de la transmission du
bien. Lors de la vente d’un logement classé F ou G, l’acquéreur serait tenu de
réaliser des travaux permettant de gagner au minimum deux lettres sur le DPE.
Le montant des travaux serait intégré dans le financement global, via un prêt
immobilier incluant un prêt à taux zéro pour la part des travaux. »
Ce mécanisme
permettrait :
• de lisser l’effort de rénovation sur la durée
du crédit,
• de limiter l’impact budgétaire pour l’État,
et
• de favoriser une transition progressive, mais
réelle, du parc immobilier français.
En concentrant les
efforts sur les moments de mutation du patrimoine, cette solution évite de
mettre en difficulté les petits propriétaires, maintient l’offre locative, et
accélère la rénovation là où elle est la plus naturelle : quand un bien change
de mains.
« On ne peut pas décréter l’exemplarité écologique tout en laissant les moyens se déliter. Il faut arrêter les injonctions contradictoires et construire une politique lisible, réaliste et durable. » conclut Arnaud Hacquart.