Retour sur la 2nde
édition du Private Markets Place, évènement coorganisé par AirFund et Fund
Channel.
AirFund, Marketplace
digitale visant à simplifier la distribution de fonds d’actifs privés, et Fund
Channel ont organisé le mardi 6 mai la seconde édition du Private Markets Place
à Paris.
Cet évènement désormais incontournable pour les acteurs de la distribution et du Private Equity portait sur le thème : « Actifs Privés en 2025 : Nouvelle allocation ou ajustement stratégique ? ».
À l’occasion de cet
événement, un panel d’experts de premier plan s’est réuni, composé de :
- Claire Chabrier, Managing partner au
sein d’Amundi Private Equity Funds
- Olivier Dauman, Global Head of
Investor Relations Private Markets
- Stéphane Rudzinski, Président de Rhétorès
Finance
- Nicolas Capelli,
Avocat associé au sein du cabinet Morgan, Lewis & Bockius LLP
- Yann Charraire, Directeur Général
Délégué d’AirFund
À travers des échanges
riches et parfois contrastés, plusieurs lignes de force ont émergé, révélant à
la fois l’ancrage croissant de ces véhicules dans les allocations et la
diversité des approches selon les profils d’investisseurs.
Consensus sur la
croissance structurelle du marché
Les intervenants se
sont accordés sur un point : le capital-investissement connaît une accélération
historique de sa démocratisation. En France, plus de 5 milliards d’euros ont
été levés auprès des particuliers en 2024, soutenus par une conjonction de
facteurs :
• L’adoption de mesures
réglementaires structurantes, notamment dans l’assurance-vie et l’épargne
retraite pilotée ;
• L’intégration
croissante des solutions digitales dans la distribution ;
• La volonté marquée
des sociétés de gestion de rendre cette classe d’actifs plus accessible.
Ce mouvement de fond
s’accompagne d’un changement culturel : le Private Equity sort d’un périmètre
élitiste pour se positionner comme une brique potentielle des allocations long
terme.
Divergences nettes sur
les fonds semi-liquides
L’essor des fonds
evergreen semi-liquides illustre cette dynamique d’ouverture, mais divise les
acteurs :
• D’un côté, ces fonds sont perçus
comme un vecteur de démocratisation, en rendant les actifs non cotés plus
accessibles et compatibles avec des véhicules assurantiels ;
• De l’autre, certains expriment des
réserves sur la clarté de l’offre, soulignant le risque d’ambiguïté pour les
investisseurs quant à la liquidité réelle et aux contraintes d’engagement.
Tous convergent
néanmoins sur un impératif : l’éducation financière reste un préalable
indispensable à une distribution responsable.
L’allocation aux actifs
privés : convictions partagées, méthodes divergentes
Sur le plan de
l’allocation, les visions varient :
• Certains recommandent
une allocation cible de 20 à 40% dans les portefeuilles clients, estimant que
les actifs privés offrent une régularité de performance, une meilleure maîtrise
des cycles, et des moteurs de création de valeur clairs.
• D’autres défendent
des approches plus modulées de 10 à 15%, tenant compte de la liquidité globale
du portefeuille et de la capacité des clients à absorber les caractéristiques
de cette classe d’actifs.
Dans tous les cas, la
recherche de diversification – par stratégie, secteur et géographie – reste une
constante dans les constructions d’allocations.
Marché en tension,
opportunités renforcées
Le contexte
macroéconomique – taux d’intérêt élevés, pressions géopolitiques, incertitudes
politiques (notamment aux États-Unis) ont suscité deux lectures opposées :
• Pour les uns, ces turbulences
renforcent la pertinence d’une exposition Private Equity, historiquement
résiliente, avec des performances fortes lors des cycles tendus. Le midmarket
buyout et les stratégies infrastructure ou dette privée sont alors perçus comme
des refuges de performance.
• Pour d’autres, ces éléments appellent
à une prudence accrue dans la sélection des millésimes, et à un usage renforcé
du secondaire ou du co-investissement, pour maîtriser les points d’entrée et
accélérer la visibilité sur les cash-flows.
Une classe d’actifs à structurer, expliquer et accompagner
Le
capital-investissement dispose en France d’un réservoir de croissance
considérable, encore sous-exploité. Le taux d’équipement des clients privés
reste inférieur à 1% dans certaines banques, illustrant un potentiel de
développement encore important.
Mais cette croissance
doit s’accompagner de conditions de marché adaptées : structuration juridique
rigoureuse, effort pédagogique soutenu, et qualité de gestion homogène entre
les investisseurs institutionnels et particuliers.
Les actifs privés ne sont plus en marge des allocations patrimoniales et s’ils suscitent encore des divergences quant aux modalités d’accès ou à leur degré de liquidité, leur place au sein des portefeuilles de long terme ne fait plus débat. Entre cadre réglementaire renforcé, sophistication de l’offre, et attentes grandissantes des clients, les professionnels ont désormais un rôle clé à jouer pour accompagner la montée en puissance de cette classe d’actifs avec rigueur et pédagogie.