Décryptage WTW
La réforme des
retraites de 2023 suspendue jusqu’en 2028 : une décision politique majeure qui
relance le dialogue social et impacte les générations concernées
Le 14 octobre 2025, le
Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé devant l’Assemblée nationale qu’il
envisageait de suspendre la réforme des retraites de 2023 jusqu’au 1er janvier
2028, soit au lendemain de l’élection présidentielle de 2027.
Cette suspension vise à
relancer les négociations sur la réforme des retraites, une mesure clé du
second mandat d’Emmanuel Macron qui a rencontré une forte opposition des
organisations syndicales.
Quelles conséquences
cette suspension a-t-elle sur les futures dates de départ en retraite ?
Tout d’abord, une
suspension ne signifie pas une suppression : elle est, par définition,
temporaire.
Dans le cadre de cette
suspension, l’âge légal de départ en retraite reste fixé à 62 ans et 9 mois, et
le nombre de trimestres à acquérir pour bénéficier du taux plein demeure à 170,
et ce jusqu’au 1er janvier 2028. Ces conditions correspondent à celles actuellement
appliquées pour la génération 1963.
Conséquences sur les
dates d’ouverture des droits, pour les générations directement concernées

Suspension des autres
mesures de la réforme : quelles implications ?
Analyse des
conséquences possibles de la suspension et des points restant à clarifier
• La surcote parentale :
La réforme des
retraites avait prévu la mise en place d’une surcote parentale à partir de la
génération 1964 afin de pallier l’impact du recul de l’âge d’ouverture des
droits pour les femmes ayant eu des enfants. Etant donné le gel de l’âge légal
de départ en retraite, nous pouvons supposer que cette mesure l’est également.
• Le départ en retraite pour carrière longue :
Selon toute logique,
l’âge d’ouverture au départ en retraite pour les assurés remplissant les
conditions d’une carrière longue devrait également être temporairement arrêté à
60 ans et 3 mois.
Par ailleurs, la
réforme de 2023 prévoyait l’ajout d’un âge de départ en retraite pour carrière
longue pour les assurés nés à partir de 1965 : les assurés ayant acquis 5
trimestres (4 pour ceux nés le dernier trimestre) à 21 ans et remplissant les
conditions de départ pour carrière longue (avoir acquis le nombre de trimestres
nécessaire pour le taux plein dont un certain nombre dans le cadre d’une
activité professionnelle) pouvaient prétendre à un départ à partir de 63 ans.
L’âge légal étant
temporairement figé à 62 ans et 9 mois, cette mesure perd son sens pendant
cette période de suspension.
• Le maintien au chômage :
Un assuré en situation
de chômage à son âge légal de départ peut, s’il remplit les conditions,
continuer à percevoir ses allocations chômage (avec acquisition de trimestres
et de points retraite) jusqu’à atteindre le taux plein. La réforme prévoit une
réduction temporaire de 1 à 2 trimestres nécessaires pour partir à taux plein.
Cela signifie qu’un assuré pourrait atteindre plus rapidement le taux plein.
Cependant, la réduction
temporaire de 1 à 2 trimestres nécessaires pour atteindre le taux plein
permettra-t-elle réellement de réduire la durée d’indemnisation chômage des
assurés, ou est-ce que de nombreuses personnes resteront quand même au chômage
jusqu’à atteindre leur taux plein ?
• Le rachat de trimestres :
La réforme pourrait
avoir un impact sur le rachat de trimestres pour certaines générations. Pour
rappel, pour les personnes ayant déjà racheté des trimestres avant avril 2023,
un remboursement avait été proposé jusqu’en avril 2025. La question est donc de
savoir si un dispositif similaire sera prévu pour les trimestres déjà rachetés
par les générations concernées par la suspension de la réforme.
Constatons que cette
suspension a de multiples impacts et crée de nombreuses incertitudes pour les
assurés partant prochainement à la retraite.
• La suite reste en suspens...
Que se passera-t-il si les négociations échouent à la fin de l’année 2027 ? Si la réforme actuelle est maintenue, dans quelles conditions sera-t-elle appliquée ? Les âges d’ouverture des droits seront-ils repris à 63 ans ou à 63 ans et 3 mois ?

Il est nécessaire de
rappeler que l’annonce du 14 octobre 2025 est une proposition qui sera débattue
en novembre prochain. Nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux rebondissements.
Quoiqu’il en soit, la question de la réforme des retraites n’est pas terminée et toutes les conséquences d’une suspension ou d’une suppression devraient être traitées prochainement par le législateur ou à défaut par les organismes de retraite et les partenaires sociaux.


