Baromètre
Phygital Workplace Julhiet Sterwen et l’Ifop
30% des entreprises ont
structuré un déploiement de l’IA… alors que 40% des salariés déclarent déjà
l’utiliser.
À l’heure où
l’intelligence artificielle et les nouvelles formes d’organisation du travail
bouleversent les entreprises, les organisations avancent vite… mais les
collaborateurs, encore plus. C’est l’un des principaux enseignements du
Baromètre Phygital Workplace 2025 mené par Julhiet Sterwen et l’Ifop auprès de
1 000 salariés d’entreprises de plus de 1 000 salariés, complété par un
suréchantillon de 300 managers issus des mêmes types de structures.
Face aux
bouleversements technologiques, les entreprises accélèrent leur mutation.
Flexibilité, nouvelles attentes des collaborateurs et montée en puissance de
l'IA imposent de repenser profondément l'expérience de travail. À travers cette
étude, Julhiet Sterwen confirme que la transformation numérique liée à l’IA
réussira uniquement si elle est centrée sur des usages métiers validés par les
collaborateurs dans leur quotidien
IA : des usages
collaborateurs en avance sur les stratégies d’entreprises
L’usage de
l’intelligence artificielle est déjà une réalité pour près de quatre salariés
sur dix, qui l’intègrent à leurs pratiques professionnelles, souvent via des
outils personnels. Pourtant, seules 30% des entreprises ont structuré un
déploiement d’outils d’IA, et près d’un tiers prévoit de le faire
prochainement. Ce décalage crée un flou dans les usages, avec des risques pour
la sécurité, la cohérence et la performance collective.
L’IA est néanmoins bien perçue par les salariés, qui y voient un levier de productivité, d’automatisation et de créativité. Néanmoins, parmi l’ensemble des salariés ayant reçu une formation, seuls 20% se considèrent comme bien formés, tandis que 50% estiment leur niveau encore très basique. Chez les managers, la situation est ambivalente : 79% de ceux qui utilisent l’IA sont formés au prompting, mais 42% estiment avoir encore besoin de progresser. Du côté des collaborateurs, seuls 42% (également) sont formés à l’IA, et souvent de manière superficielle.
« 40% des salariés
utilisent déjà l’IA dans leur quotidien professionnel, mais sans stratégie
d’entreprise clairement définie, souvent de manière non encadrée. Il y a
urgence pour les entreprises à structurer et sécuriser ces pratiques. Il ne
suffit pas d’initier les usages de l’IA. Il faut accompagner durablement les
équipes pour en faire un levier collectif de création de valeur » rappelle Ludivine
Montaudoin, Directrice Modern Workplace et IA chez Julhiet Sterwen.
Travail hybride : un
modèle adopté mais encore fragile
Le travail hybride est
désormais la norme pour trois quarts des grandes entreprises. 80% des
collaborateurs y sont favorables, séduits par la flexibilité qu’il apporte. Du
côté des managers, les défis restent importants. 64% déclarent peiner à
identifier les difficultés rencontrées par leurs équipes à distance, à évaluer
leur charge de travail ou à maintenir la cohésion.
La diminution des
interactions informelles affaiblit les liens entre collègues. Les
collaborateurs réclament une meilleure qualité des réunions hybrides, plus de
clarté sur les règles de télétravail, et une flexibilité horaire accrue.
L’hybridation du travail ne peut être pleinement réussie sans une approche plus
souple, plus individualisée et centrée sur la confiance.
« Le modèle hybride est
désormais incontournable et non négociable pour les collaborateurs(trices).
Pour l’heure, il pose toutefois un certain nombre de défis, notamment en termes
d’organisation, de cohésion et d’efficacité. Il ne peut réussir qu’à condition
d’être structuré, soutenu et adapté aux réalités du terrain », souligne David
Gautron, Partner Employee Experience chez Julhiet Sterwen.
Vers 2030 : des
environnements de travail plus souples, durables et sociaux… et une IA plus
encadrée et responsable
Alors que les attentes
en matière de personnalisation du travail explosent, près d’un salarié sur deux
anticipe une montée en puissance des besoins différenciés selon les rythmes,
lieux et modalités de travail.
Ainsi, les jeunes
générations impulsent de nouveaux usages : 17% des moins de 35 ans privilégient
déjà les tiers-lieux ou les espaces de coworking, en quête de souplesse,
d'autonomie et de lien social. De leur côté, 4 managers sur 10 anticipent une
réduction des surfaces physiques, au profit d’espaces de socialisation
renforcés, pour cultiver l’esprit d’équipe dans un cadre plus modulaire.
L’objectif n’est plus seulement d’optimiser les mètres carrés, mais d’imaginer
des environnements modulaires et évolutifs, capables de s’adapter aux usages
réels et aux attentes différenciées des équipes.
« Les entreprises ne
pourront pas se contenter d’adapter leurs espaces de travail : elles devront
concevoir une expérience globale, qui allie flexibilité, responsabilité
environnementale et lien humain. C’est cet alignement qui fera la différence en
2030 »
poursuit David Gautron.
Les collaborateurs
expriment une volonté claire d’environnements plus connectés… mais surtout plus
durables et encore plus modulaires. Près de la moitié d’entre eux citent la
construction de bâtiments autonomes en énergie comme une priorité, et 40% estiment
que l’optimisation des coûts devra s’accompagner d’un effort pour rendre les
espaces plus attractifs.
L’autre différence qui
va primer pour 2030 ? L’approche par rapport à l’IA. Pour un tiers des
managers, les enjeux clés en 2030 seront de garantir une utilisation éthique et
transparente de l’IA. Les débats autour de l’éthique ne font que commencer…
Management : vers une
posture plus humaine et adaptative
Cette nouvelle donne
transforme aussi le rôle des managers. Dans des organisations éclatées, 64%
déclarent avoir plus de mal à détecter les difficultés de leurs équipes. 55%
estiment que l’information circule mal dans les environnements hybrides. Les
rituels managériaux doivent évoluer, vers plus d’écoute, de proximité et de
réactivité. À l’horizon 2030, les trois qualités les plus attendues chez un
manager seront la capacité à intégrer les nouvelles technologies, à s’adapter
aux différentes générations, et à faire preuve d’empathie. Le management ne se
résume plus à fixer des objectifs : il doit fédérer, accompagner et créer du
lien.
« Il ne s’agit plus
seulement de piloter, mais de faire grandir et de maintenir l’engagement dans
un environnement hybride et agile » affirme David Gautron.
Une transformation à
réussir : conjuguer innovation, confiance et sens
Le Baromètre Phygital
Workplace 2025 montre combien l’intelligence artificielle et le travail hybride
imposent une reconfiguration des modes de collaboration, des espaces de travail
et des pratiques managériales. Pour en tirer pleinement parti, les entreprises
doivent agir sur plusieurs leviers : renforcer les compétences, adapter les
environnements de travail, réinventer le leadership et garantir une gouvernance
technologique responsable… mais surtout remettre l’humain au cœur de leur
stratégie.
« Construire l'entreprise de demain exige de concilier innovation digitale et expérience humaine, pour bâtir des organisations plus durables, plus engagées et plus performantes » conclut David Gautron.