Enquête
annuelle « Pour un numérique soutenable » : l’empreinte environnementale des
équipementiers de réseaux mobiles désormais évaluée, celle des opérateurs de
centres de données et des opérateurs télécoms continue à augmenter.
Conformément à la
mission qui lui est confiée par le législateur pour suivre l’impact
environnemental du numérique en France (voir encadré), l’Arcep collecte des
indicateurs auprès des acteurs du numérique et restitue ces informations dans
une publication : l’enquête annuelle « Pour un numérique soutenable ». Celle-ci
est accompagnée d’une synthèse infographique. L’an passé, au-delà de la
collecte auprès des quatre principaux opérateurs, l’enquête avait été enrichie
d’indicateurs sur les fabricants de terminaux et les opérateurs de centres de
données. Dans cette quatrième édition, l’enrichissement se poursuit avec la
publication d’indicateurs sur une nouvelle catégorie d’acteurs : les
équipementiers de réseaux mobiles.
Malgré une légère
amélioration de l’efficacité des centres de données, leur impact
environnemental progresse rapidement avec le développement des usages et
l’externalisation des services informatiques
Depuis 2020,
l’implantation de nouveaux centres de données s’intensifie, se concentre en
Ile-de-France et concerne des centres avec des capacités informatiques de plus
en plus importantes. Sur l’ensemble des centres exploités par les opérateurs de
centres de données en 2023 (près de 150), huit ont été mis en service sur la
seule année 2023, dont six en Ile-de-France. Ces huit centres figurent parmi
les plus puissants : ils disposent d’une capacité informatique moyenne de 11 MW
par centre, bien supérieure à la moyenne de 3,8 MW des autres centres.
Parallèlement, les
émissions de gaz à effet de serre des opérateurs de centres de données
progressent de 11% en 2023, en raison de l’augmentation significative des
émissions indirectes liées à la consommation d’électricité. Cette dernière
progresse de 8% alors que la consommation d’électricité du secteur tertiaire
(auquel appartiennent les centres de données) diminue. Les centres de données
plus récents ou possédant une capacité informatique importante ont, en moyenne,
une meilleure efficacité énergétique.
En outre, le volume
d’eau prélevé par les centres de données, pour l’essentiel de l’eau potable,
atteint 681 000 m3 en 2023, un niveau qui reste modeste au regard des volumes
prélevés pour d’autres usages. Néanmoins ce volume augmente fortement pour la deuxième
année consécutive (+19% en 2023).
Les émissions de gaz à
effet de serre des opérateurs télécoms et la consommation énergétique des
réseaux augmentent, portées par la croissance des usages numériques
Alors que les émissions
de gaz à effet de serre en France diminuent de 5,8%, celles des principaux
opérateurs télécoms progressent de 4%, atteignant 397 000 tonnes équivalent CO2
en 2023. Cette hausse, qui concerne aussi bien les émissions directes (+2%)
qu’indirectes (+5%), résulte de l’augmentation de la consommation énergétique
des réseaux mobiles.
En effet, alors que la
consommation électrique nationale recule de 3% en 2023, celle des réseaux
télécoms continue de croître (+2%, soit 4,1 TWh). La consommation des réseaux
mobiles progresse (+6%), mais à un rythme plus modéré qu’en 2022 : d’une part,
le rythme de déploiement des sites mobiles ralentit, et d’autre part le volume
de données mobiles continue de progresser, mais à un rythme inférieur aux
années précédentes (+20% en un an en 2023 contre +28% en 2022). À l’inverse, la
consommation des réseaux fixes continue de décroitre fortement (-14%),
notamment en raison de la poursuite de la transition du réseau cuivre vers les
réseaux en fibre optique plus efficaces énergétiquement.
Equipements de réseaux
mobiles : 2,4 tonnes de métaux précieux, 79 000 tonnes équivalent CO2
La phase de fabrication
des équipements de réseaux mobiles représente, selon l’étude ADEME-Arcep, une
part importante de l’épuisement des métaux et minéraux stratégiques et de
l’empreinte carbone au sein du cycle de vie des réseaux. En 2023, la fabrication
des équipements de réseaux d’accès mobiles vendus en France a nécessité 2,4
tonnes de métaux précieux, marquant une diminution pour la deuxième année
consécutive. Cette baisse est principalement due à une réduction significative
des ventes d'équipements, et non à une modification de la composition des
produits. La consommation moyenne de métaux précieux par équipement demeure en
effet stable depuis 2021, autour de 17 g.
Les émissions de gaz à
effet de serre embarquées correspondent à l’ensemble des émissions carbone tout
au long du cycle de vie, hors phase d’usage. Celles des équipements de réseaux
d’accès mobiles vendus en France en 2023 s’élèvent à 79 000 tonnes équivalent
CO2. Ce chiffre ne tient compte que des équipements vendus en 2023, et n’est
donc pas représentatif des émissions de l’ensemble des équipements de réseaux
d’accès mobile déployés par les opérateurs mobiles.
Les volumes
d'équipements numériques mis sur le marché continuent de diminuer, mais la
taille des écrans continue d’augmenter
La baisse des mises sur
le marché des équipements numériques en 2023 s’explique par de nombreux
facteurs tels qu’une inflation soutenue en 2023, ou encore un taux
d’équipements déjà élevé pour certains.
Cette tendance devrait
contribuer à réduire l’empreinte environnementale des fabricants. Mais cette
réduction pourrait être contrebalancée par plusieurs évolutions du marché.
D’une part, l’intégration de nouvelles fonctionnalités avec le développement de
l’intelligence artificielle générative pourrait inciter au renouvellement des
équipements. D’autre part, la taille des écrans ne cesse d’augmenter,
entraînant une hausse de leur impact environnemental. En effet, en phase
d’utilisation, les équipements dotés de grands écrans consomment davantage
d’électricité : un téléviseur de grande taille consomme en moyenne six fois
plus d’électricité qu’un modèle de petite taille, un écran d’ordinateur de
grande taille consomme, en moyenne trois fois plus qu’un écran de petite
taille.
La prochaine édition de
l’enquête annuelle « Pour un numérique soutenable » sera enrichie de nouveaux
indicateurs et de données collectées auprès des équipementiers de réseaux fixes
fabriquant des câbles en fibre optique
Poursuivant sa démarche
d’enrichissement progressif de sa collecte de données sur l’impact
environnemental du numérique, l’Arcep collectera courant 2025 de nouveaux
indicateurs auprès des acteurs déjà concernés, et étendra sa collecte aux
équipementiers de réseaux fixes fabriquant des câbles en fibre optique,
conformément à sa décision de collecte du 21 novembre 2024 (voir le
communiqué).
Des pouvoirs de
collecte de données environnementales confiés à l’Arcep par le Parlement
En 2021, la loi 23
décembre 2021 visant à renforcer la régulation environnementale du numérique
par l’Arcep, a confié à l’Autorité la mission de concevoir un baromètre
environnemental, et lui a donné la possibilité de collecter des données
environnementales non seulement auprès des opérateurs de communications
électroniques, mais également auprès des fournisseurs de services de
communication au public en ligne, des opérateurs de centres de données, des
fabricants d'équipements terminaux, des équipementiers de réseaux et des
fournisseurs de systèmes d'exploitation. En 2024, la loi visant à sécuriser et
réguler l’espace numérique (loi « SREN ») a élargi les pouvoirs de collecte de
l’Arcep aux fournisseurs d’informatique en nuage.
L’enquête annuelle «
Pour un numérique soutenable », un outil au service du débat public et de la
réflexion pour une stratégie bas carbone du numérique
Avec son enquête annuelle « Pour un numérique soutenable », l’Arcep poursuit quatre objectifs :
• informer les citoyens, les acteurs publics et
l’ensemble des parties prenantes sur les impacts environnementaux du numérique
;
• identifier les activités des acteurs économiques
susceptibles d’avoir un impact sur l’environnement ;
• inciter les acteurs à cibler leurs actions vers
les mesures les plus efficaces en matière d’impact environnemental ;
• suivre l’évolution de ces indicateurs dans le temps, afin d’apprécier les effets des actions de protection de l’environnement menées par les entreprises et de fournir des éléments pertinents pour l’évaluation des politiques publiques sur le numérique et l’environnement et, en particulier, des actions de l’Autorité en la matière.