A l’aube de la nouvelle saison des assemblées générales (AG), l’Association Française de la Gestion financière (AFG) publie son étude annuelle sur l’exercice des droits de vote par les sociétés de gestion.
Le
constat est clair : une progression du
vote de la part des gérants, une attention particulière portée aux
rémunérations et aux opérations financières ainsi qu’une place centrale
accordée à l’engagement sur les questions sociales, environnementales et de
gouvernance.
Des gérants d’actifs
mobilisés et attentifs aux principes de bonne gouvernance
Menée en 2025 sur la
base des AG 2024, l’étude de l’AFG met en lumière une mobilisation croissante
des sociétés de gestion.
- Leur participation
aux AG augmente de +3% au global (vs +4% en 2023) et même de +5% pour les AG
d’émetteurs étrangers qui représentent aujourd’hui 90% des AG auxquelles les
gérants d’actifs participent. L’engagement ne se limite pas à la seule
participation en AG.
- 1 résolution sur 5
recueille un vote « contre ». Au moins un vote « contre » est relevé dans
80% des AG françaises, 70% des AG d’émetteurs européens (hors France) et 89%
des AG des Etats-Unis.
Des votes ciblés sur
les sujets sensibles
- Les rémunérations : à 42% les résolutions concernées sont
rejetées, un taux qui grimpe à 63% pour les émetteurs nord-américains en raison
de l’absence fréquente de critères de performance dans les plans de
rémunération à long terme, contrairement aux recommandations de l’AFG.
- Les opérations financières : les gérants restent
également attentifs aux risques de dilution, votant contre un quart de ces
résolutions, et jusqu’à 36% en France, où les actionnaires disposent de marges
de vote plus larges.
- Gouvernance responsable :
dialogue et transparence en progression
- 75% des sociétés de gestion engagent un
dialogue environnemental avec les entreprises détenues en portefeuille et deux
tiers abordent aussi les enjeux sociaux.
- Enfin, 56% des sociétés de gestion publient
les détails de leurs votes par résolution contre 54% en 2023 et 46% en 2020. Cet
engagement, en croissance, met en avant les bonnes pratiques de vote des
sociétés de gestion françaises.
Une gouvernance à
géométrie variable selon les pays
Interrogées sur divers
thèmes de gouvernance, les sociétés de gestion d’actifs soulignent :
- En Europe, un dialogue actionnarial plus
ouvert
et une parité en progrès dans les instances dirigeantes.
- Des réserves vis-à-vis de mécanismes qui limitent
l’expression du droit de vote des actionnaires minoritaires (mesures
protectionnistes sur la structure du capital en Allemagne ou en Suisse,
dispositifs anti-OPA aux Pays-Bas, délais de vote très courts en Italie, des
coûts très élevés pour voter dans certains pays européens etc.). Les gérants
estiment également que les droits de votes multiples limitent le plein exercice
de leur responsabilité sociétale et dégradent in fine, le pouvoir des
actionnaires.
- Des pratiques estimées problématiques telles que l’absence
ou la faible présence de représentants de salariés au sein des conseils (aux
Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en Asie), ou encore l’hétérogénéité de la nature
du vote sur la rémunération des dirigeants (consultatif et non contraignant dans
certains pays, notamment aux Etats-Unis).
En conclusion, l’étude révèle l’implication continue des sociétés de gestion françaises pour faire progresser les bonnes pratiques de gouvernance. Le vote en assemblée générale et le dialogue avec les émetteurs sont des leviers clés pour les gérants permettant d’améliorer la qualité durable de leurs actifs en portefeuille dans le cadre de leur devoir fiduciaire à l’égard de leurs clients. Toutefois, des barrières exogènes, réglementaires et techniques subsistent et freinent le plein exercice du vote : à un an de la révision de la Directive européenne sur les droits des actionnaires, l’AFG s’implique en amont pour contribuer à lever ces limites.