Par Julien
Bruneau, CEO et cofondateur d’iQspot.
À condition de
s’appuyer sur des systèmes simples d’utilisation et alimentés de données
fiables, l’intelligence artificielle (IA) constitue un facteur de progrès
indéniable afin d’optimiser la consommation énergétique des bâtiments.
En France, le secteur
immobilier est responsable d’environ 40% de la consommation d’énergie et de
30%
des émissions de CO₂. Il est donc essentiel pour chaque immeuble de
bureaux de se doter d’outils efficaces pour maîtriser, réduire et optimiser ses
usages énergétiques. L’enjeu est double : réaliser des économies substantielles
tout en répondant aux impératifs climatiques.
Mais avant de déployer
des systèmes automatisés coûteux, la priorité des gestionnaires doit porter sur
la qualité et la fiabilité des données collectées. Sans une compréhension fine
du fonctionnement du bâtiment, les occupants ne peuvent pas agir de manière
éclairée. Et pour cela, encore faut-il recueillir les données pertinentes.
Priorité à la
simplicité
Contrairement aux idées
reçues, la mise en place d’une GTB (Gestion Technique du Bâtiment) n’est pas
toujours la solution la plus adaptée. Ces systèmes, souvent complexes et peu
intuitifs, peuvent décourager les utilisateurs. Dans certains cas, des exploitants
choisissent même de les désactiver pour reprendre la main manuellement sur les
paramètres liés aux ressources énergétiques de l’immeuble. Des solutions
alternatives, plus légères et agiles existent et répondent tout aussi bien aux
objectifs de performance avec une prise en main plus simple. Elles permettent
de collecter des données fiables et fines, puis de les restituer de manière
claire et accessible offrant ainsi une meilleure compréhension des usages et
facilitent la prise de décision.
Outre l’importance de
la fiabilité des données récoltées, il est essentiel que les responsables en
charge de ces problématiques, ainsi que tous les utilisateurs potentiels,
soient correctement formés au maniement de la solution choisie. Plus le système
mis en place sera simple d’utilisation et plus l’intégration de l’intelligence
artificielle (IA) en sera facilitée. N’en doutons pas, le secteur immobilier
n’échappera pas à l’irruption de cette technologie majeure. L’IA va s’avérer
très utile, notamment en ce qui concerne l’analyse prédictive et l’optimisation
de la consommation énergétique des immeubles de bureaux.
Une gestion du système
CVC augmentée par l’IA
Grâce à l’IA, il
devient possible de prédire et d’optimiser la consommation énergétique, sans
intervention humaine, en particulier dans la gestion du système CVC (chauffage,
ventilation, climatisation), principal poste de dépense énergétique.
Au sein du parc
tertiaire français couvrant une surface de près de 1 milliards de m², il est
illusoire de penser que le pilotage de la consommation énergétique pourrait
être effectué manuellement. L’irruption de l’lA dans le secteur immobilier est
inéluctable et salutaire pour les gestionnaires d’immeubles en charge de ces
questions.
Mais, l’intelligence
artificielle appliquée à l’immobilier en est encore à ses débuts : il n’existe
pas encore de modèle type, et tout reste à construire. Sa pertinence repose
avant tout sur la quantité de données qu’elle peut analyser. Plus ce volume de
données est important, plus l’IA est en mesure de détecter des schémas, de
faire émerger des corrélations et de bâtir des modèles fiables et adaptés.
C’est cette accumulation progressive qui lui permet de gagner en précision et
en performance. La rapidité avec laquelle les outils d’IA se perfectionnent,
évoluent et s’adaptent à leur environnement, au fur et à mesure qu’ils
recueillent des données (machine learning), constitue une réponse concrète à
cette complexité. Ils offrent ainsi une capacité d’adaptation fine aux
spécificités de chaque bâtiment, générant des économies financières et surtout
énergétiques.
Un accélérateur de mise
en conformité réglementaire
Ainsi, des outils d’IA
simples et accessibles pourraient jouer un rôle clé dans la démocratisation des
systèmes automatisés, encore trop peu répandus aujourd’hui en raison de leur
complexité. Et pourtant, leur déploiement à grande échelle va devenir obligatoire,
tant pour répondre aux objectifs de performance énergétique que pour se
conformer aux nouvelles exigences réglementaires. Rappelons que depuis le 1er
janvier 2025, le décret BACS (« Building Automation & Control Systems »)
impose à tous les bâtiments tertiaires dont les équipements dépassent 290 kW
(soit pour des surfaces supérieures à
2 500 m²) de s’équiper d’un système
d’automatisation et de contrôle. En 2027, la puissance minimale des bâtiments
concernés sera même abaissée à 70 kW, correspondant globalement au périmètre
défini par le Décret tertiaire.
Dans ce contexte, l’IA
peut devenir un accélérateur de conformité autant qu’un levier de performance
énergétique, à condition d’être intégrée au travers de solutions conçues par
des experts, capables de décrypter les besoins spécifiques de chaque bâtiment,
pour garantir une mise en œuvre alignée avec les besoins des propriétaires
comme des exploitants.