Le point de vue de Silvia Versiglia, Directrice Juridique chez
Orisha Real Estate
L’intelligence
artificielle s’impose aujourd’hui comme une rupture aussi majeure que l’arrivée
d’Internet dans les années 2000. Dans le secteur immobilier, où la donnée, le
risque et la relation humaine sont intimement liés, l’IA n’est pas une simple
évolution technologique : elle redéfinit la manière même de concevoir, gérer et
sécuriser les activités.
Pourtant, le débat se
focalise souvent sur la peur : l’IA ferait disparaître des métiers,
dénaturerait la relation client, créerait un environnement incontrôlable. C’est
oublier que le vrai risque, pour notre filière, n’est pas l’usage de l’IA… mais
son absence.
Des opérations plus
complexes : une opportunité pour l’IA, pas une menace pour les professionnels
L’immobilier vit une
transformation profonde : durcissement de la réglementation, pression
environnementale, volatilité du marché, allongement des délais de transaction.
Dans ce contexte, la
capacité de traiter rapidement des masses d’informations devient un atout
stratégique.
L’IA permet déjà :
• D’analyser des risques juridiques en temps
réel sur des centaines de pages contractuelles ;
• D’automatiser des vérifications de conformité
(baux, diagnostics, obligations environnementales) ;
• De fiabiliser les estimations grâce à des
données croisées et contextualisées ;
• De détecter des anomalies dans des
portefeuilles d’actifs ou des flux financiers.
Ces usages ne
remplacent pas l’expertise humaine : ils l’outillent, la renforcent, et surtout
libèrent du temps pour les tâches réellement à forte valeur ajoutée.
L’intelligence artificielle n’est pas un concurrent : c’est un accélérateur de
maîtrise.
La responsabilité
juridique : un rôle stratégique à l’ère de l’IA
Je vois chaque jour les
avantages, mais aussi les obligations nouvelles qu’implique l’IA.
Le secteur immobilier,
parfois perçu comme conservateur, n’a plus le luxe de l’être. L’IA introduit
une question cardinale : comment garantir la sécurité juridique dans un
environnement automatisé ?
Il nous revient :
• D’encadrer l’usage des données pour éviter
les dérives ;
• De sécuriser la chaîne de décision, qu’elle
soit humaine ou assistée par un algorithme ;
• De s’assurer de la transparence des outils
utilisés par les professionnels ;
• D’anticiper les contradictions réglementaires
entre droit immobilier, droit numérique et droit de l’IA.
L’IA fait émerger un
nouveau rôle : celui du garant de l’éthique technologique. Le juridique devient
une fonction motrice, non plus seulement protectrice.
L’avenir appartient à
ceux qui se formeront et s’armeront maintenant
L’IA ne remplacera ni
un agent immobilier fiable, ni un administrateur de biens compétent, ni un
juriste capable d’anticiper et d’arbitrer. En revanche, elle remplacera ceux
qui travaillent encore comme hier.
La différence entre les
acteurs qui prospéreront et ceux qui disparaîtront ne tiendra pas à leur
taille, mais à leur niveau d’acculturation technologique.
Former, tester,
expérimenter : voilà la nouvelle feuille de route du secteur.
Construire un
immobilier plus efficace, plus transparent et plus responsable
L’intégration de l’IA
n’est pas un gadget d’innovation : c’est une condition pour bâtir un secteur
immobilier plus robuste, plus conforme, plus durable.
Nous avons,
collectivement, une responsabilité : faire de l’IA un levier de confiance, pas
de crainte.
Et c’est en unissant technologie, exigence juridique et expertise humaine que nous construirons la relève du secteur.


