Connexion
/ Inscription
Mon espace
Etudes & Enquêtes
ABONNÉS
Partager par Linked-In
Partager par Xing
Partager par Facebook
Partager par email
Suivez-nous sur feedly

[Etude] Moins de 5% des entreprises affichent des objectifs et un plan de transition compatibles avec une trajectoire +1,5 °

Les entreprises européennes sont loin d'avoir mis en place des objectifs et des plans de transition climatique crédibles pour s’aligner sur l’objectif d’un réchauffement limité à 1,5°C, selon une étude portant sur un échantillon d’entreprises représentant environ 75% du marché boursier européen, publiée aujourd'hui par l'organisation à but non lucratif CDP et le cabinet de conseil en stratégie Oliver Wyman - une entreprise du groupe Marsh McLennan (NYSE : MMC).

Signe que les entreprises européennes prennent conscience de la nécessité de tels plans, l’étude, intitulée Stepping up, constate qu'environ la moitié d'entre elles (49%) déclarent désormais avoir développé un plan de transition pour limiter le réchauffement à 1,5 °C.

Cependant, l'étude révèle que la plupart d’entre eux manquent d'ambition et de transparence dans des domaines clés nécessaires pour démontrer une action sérieuse, tels que la gouvernance, la planification financière et l'engagement de la chaîne d´approvisionnement.

Moins de 5% des entreprises (56) ont à la fois un objectif de réduction des émissions aligné sur l’objectif de 1,5°C et publient des informations sur la plupart (au moins deux tiers) des indicateurs clés montrant l'existence d'un plan de transition crédible.

30 à 45% des entreprises sont, elles, considérées comme "en développement", ce qui signifie qu'elles ont mis en place des objectifs d'émissions moins ambitieux (alignés sur un objectif 2°C) et qu'elles publient des informations sur au moins la moitié des indicateurs.

La majorité des entreprises ont réalisé des progrès "limités"

En ce qui concerne les entreprises françaises, elles obtiennent des résultats légèrement inférieurs à la moyenne européenne, avec seulement 2 % des entreprises considérées comme "avancées" et 40% classées dans la catégorie « en développement ».

Bien que 9 entreprises sur 10 aient pris des initiatives pour réduire leurs émissions, le rapport révèle des lacunes évidentes quant aux actions nécessaires pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Par exemple, 26% seulement des entreprises évaluent dans quelle mesure leurs achats ou leurs revenus sont alignés sur l’objectif de 1,5°C, et moins de 40% intègrent les questions climatiques dans les échanges avec leurs fournisseurs.

En conséquence, le rapport estime que jusqu'à 40% de la dette des entreprises analysées (1 800 Mrds€) finance actuellement des sociétés qui n'ont pas d'objectifs clairs ou de preuves de plans de transition crédibles. L'accès au financement de ces entreprises pourrait par conséquent devenir plus difficile à mesure que les banques cherchent à atteindre les objectifs "zéro émission" en décarbonant leur portefeuille.

En effet, 8 institutions financières sur 10 communiquant au CDP évaluent déjà l'alignement des entreprises de leur portefeuille sur la norme 1,5°C dans certains secteurs clés.

Le climat n'étant qu'une partie d'un défi plus vaste lié à la nature, le rapport a également examiné les principaux domaines d'action en matière de biodiversité, de déforestation et de sécurité de l'eau. Seulement 7% des entreprises ont déclaré avoir un objectif fort en matière de réduction des émissions, de consommation d'eau et de déforestation, et ce alors que 39% ont fait état d'un engagement public en faveur de la biodiversité.

L'incitation des dirigeants d'entreprise à atteindre les objectifs fait également défaut : 54% des entreprises lient désormais la rémunération des dirigeants à la prise en compte des enjeux climatiques, mais moins d'un tiers intègrent la prise en compte de la déforestation et des sujets liés à l'eau.

Toutefois, de manière plus positive, et avant l'entrée en vigueur en 2024 de la loi historique de l'Union européenne sur l'obligation de déclaration (le CSRD), 71% des entreprises qui communiquent des données sur le changement climatique, la déforestation et la sécurité de l'eau au CDP font déjà état de ces données dans leur rapport annuel destiné aux investisseurs. En ce qui concerne la biodiversité, cette proportion tombe toutefois à une entreprise sur quatre.

Par ailleurs, environ une entreprise sur cinq a mis en place une politique de "best practices" pour réduire son impact sur l'eau, et 29% des entreprises ont adopté une politique de "best practices" en matière de non-déforestation.

Seuls 5% des entreprises qui communiquent des données sur les forêts au CDP certifient actuellement que 90% des volumes de marchandises sont exempts de déforestation, tandis que 13% seulement évaluent l'impact de leur chaîne de valeur sur la biodiversité.

Selon Maxfield Weiss, directeur exécutif du CDP : « Toutes les entreprises qui ont un impact sur notre environnement doivent non seulement se fixer des objectifs clairs, mais aussi élaborer des plans précis pour les atteindre et prouver leur engagement. La réglementation de l'UE ne tardera pas à faire sentir ses effets : les entreprises seront tenues par la loi d'établir des plans clairs pour assurer la transition de leurs modèles d'entreprise vers une hausse de température limitée à 1,5 °C. Ce rapport révèle que seule une petite poignée représentant moins de 5% des entreprises divulguent toutes les données dont nous avons besoin pour évaluer ces plans. En sachant que le climat n'est qu'un élément du défi plus vaste que doivent relever les entreprises. Alors que l'on attend des entreprises qu'elles intègrent de plus en plus l’environnement dans leur planification de la transition, ce rapport montre que la plupart d'entre elles doivent encore faire un effort et montrer aux investisseurs, aux prêteurs et aux régulateurs qu'elles sont prêtes à agir. Les entreprises ne peuvent pas atteindre l’objectif net zéro sans s'attaquer à leurs impacts sur la nature : nous n'avons pas de temps à perdre. »

Bruno Despujol, Partner et Responsable du bureau de Paris chez Oliver Wyman, poursuit : « Un changement radical s’impose dans la portée et la qualité des plans de transition des entreprises européennes au cours des deux ou trois prochaines années. Notre étude réalisée avec le CDP montre que, bien qu'il y ait des progrès dans l'adoption de stratégies de transition, un plus grand sentiment d'urgence est nécessaire. De nombreux plans de transition manquent encore d'éléments importants, notamment lorsqu'il s'agit de traduire les objectifs climatiques stratégiques en plans concrets de mise en œuvre et d'engagement de la chaîne de valeur. »

Marc Boilard, Partner chez Oliver Wyman, conclut : « Ce niveau de concrétisation est nécessaire si les entreprises veulent être en mesure de piloter leur activité pendant la transition et de démontrer de manière crédible à leurs parties prenantes qu'elles sont sur la bonne voie pour atteindre les objectifs climatiques. Les entreprises qui ont l'ambition d'être à la pointe de la transition devront aller au-delà du climat et intégrer leurs engagements en matière de biodiversité et de nature dans leur programme de transition. »

Lire la suite...


Articles en relation