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[Tribune] « Nous ne sommes pas face à une crise de confiance »

Patrick Abadie, Président et fondateur de Delville Management, ne se veut « ni optimiste, ni pessimiste ».

Au contact d’entreprises d’horizons différents, il relève que les secteurs sont très inégalement touchés. Et estime que la reprise d’après crise pourrait être vigoureuse. A la différence de 2008, il n’y a pas de crise de confiance.

La crise du coronavirus touche inégalement les entreprises. Le commerce hors alimentaire et hyper-marchés est à l’arrêt complet, quand les entreprises de la logistique sont en surchauffe, que l’agro-alimentaire tourne à plein régime.

Patrick Abadie mesurait au 26 mars une réduction de 20% de son activité. 5% des missions se sont arrêtées net, pour la plupart des missions qui s’approchaient de leur terme. 5% sont passées d’un plein temps à un temps partiel, et 10% ont été interrompues, en attendant la reprise.

Dès le discours d’Emmanuel Macron du jeudi 12, Patrick Abadie a décidé de mettre en place le télétravail pour l’ensemble de ses salariés, qui était effectif dès le lundi matin, avant l’annonce du confinement. « Il y a beaucoup moins de demandes, explique-il. J’ai cependant signé deux missions cette semaine, à effet immédiat. Certains secteurs s’adaptent très rapidement, et ont besoin de managers de transition pour y parvenir. » On citera par exemple les entreprises du textile qui lancent des productions de masques ou celles de la parfumerie qui produisent du gel hydro-alcoolique.

Delville Management qui propose des missions dans de nombreux secteurs, industriels ou non, a des contacts avec des dirigeants d’entreprise d’horizons divers. « J’essaie de n’être ni pessimiste, ni optimiste. Pour beaucoup d’entreprises, le chiffre d’affaires de l’année 2020 correspondra à 9 ou 10 mois d’activité. Mais la crise actuelle est différente de celles de 1929, de 1990 avec la guerre du Golfe, de 2008… Aujourd’hui, il n’y a pas de crise de confiance. Nous sommes bloqués chez nous et nous ne pouvons pas consommer. C’est une perte sèche pour certains secteurs, mais une perte passagère. On peut espérer un fort rebond dès l’arrêt du confinement. »

Après plusieurs semaines de vie monacale, Françaises et Françaises auront envie de consommer. D’autant que l’État joue son rôle : des entreprises ont déjà reçu, sans même en avoir fait la demande, le remboursement de leurs avances sur charges, une initiative qui renfloue des trésoreries mises à mal.

Une reprise vigoureuse provoquerait des embauches, avec un recours important à l’intérim, pour des raisons de flexibilité. Dans ces conditions, les managers de transition auraient eux aussi leur rôle à jouer, pour réorganiser une production sous-tension et absorber le pic d’activité. Une fois passée, la crise laissera des traces et il faudra répondre aux interrogations sur le modèle de production mondialisé. « Il y aura un avant et après coronavirus dans l’empreinte industrielle française, estime Patrick Abadie. Il faudra trouver le bon niveau de rééquilibrage entre le danger de trop dépendre de l’Asie et celui du “ tout fabriqué en France ”, économiquement impossible. »

Les entreprises les plus en danger sont celles qui étaient, avant la crise, en difficulté, des restructurations pourraient survenir dans les secteurs les plus fragiles ainsi que des mouvements au niveau de l’actionnariat. Le 25 mars par exemple, le Fonds stratégique de participations, un fonds privé français regroupant des banques et des assureurs dont la CMP, a annoncé détenir 4% du capital de l’équipementier automobile Valeo. Un actionnaire de long terme qui rejoint BPI France pour stabiliser une entreprise innovante qui investit beaucoup en R&D, mais qui est victime d’un secteur atone.

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