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[Etudes] « État de santé psychologique des salariés français »

Empreinte Humaine publie les résultats de la 15ème édition de son Baromètre sur la santé mentale au travail en partenariat avec Ipsos bva.

 

Malgré une année dédiée à la santé mentale, nommée grande cause nationale de 2025, la situation reste inquiétante : près d'un salarié sur deux est en détresse psychologique (47%). Dans un contexte de fragilisation des collectifs de travail et d'isolement croissant, ce baromètre révèle le portrait d'un monde professionnel en quête de sens et de véritables environnements protecteurs.

 

Dans un environnement marqué par l'instabilité et les crises successives, ce baromètre fait ressortir huit grands enjeux liés à la détresse psychologique, au climat de sécurité psychologique, aux dispositifs d'accompagnement ou encore à la fragilisation des liens sociaux au sein des organisations.

 

Les chiffres clés

 

•   47% des salariés sont en détresse psychologique (+2 points vs mars 2025), dont 14% en détresse élevée (+1 point). Pour 7 salariés sur 10, cette détresse est au moins partiellement liée à leur travail.

 

•   32% sont en risque de burn-out (+1 point) et 12% en burn-out sévère (+2 points). 1 salarié sur 5 déclare « craquer » au moins une fois par semaine à cause de son travail.

 

•   Seulement 10% des salariés évoluent dans un climat de sécurité psychologique élevé, pourtant facteur clé de prévention : dans ces entreprises « championnes », le taux de détresse psychologique chute à 5% et on observe que les arrêts maladie pour raisons psychologiques sont divisés par deux.

 

•   85% des salariés estiment que les conditions de travail doivent s'améliorer pour prévenir les risques psychosociaux. Leurs trois attentes prioritaires : la reconnaissance, la régulation de la charge de travail et la conciliation vie professionnelle-personnelle.

 

•   1 salariés sur 3 vit une solitude sociale au travail (manque de collègues proches, déficit de confiance). Cette fragilisation du tissu relationnel touche particulièrement les moins de 29 ans (40%), les managers (45%) et les salariés en full remote (34%).

Moins d’1 sondés sur 2 déclarent que leurs entreprises proposent un dispositif d'aide pour accompagner les collaborateurs confrontés à des difficultés professionnelles ou personnelles

 

Une détresse psychologique persistante qui impacte la santé physique

 

La détresse psychologique reste à un niveau critique en cette fin d'année. Les populations les plus touchées sont les employés (53%), les femmes (54%), les moins de 30 ans (55%) et les agents du secteur public (52%).

 

Cette souffrance psychologique se traduit par des symptômes physiques alarmants : 52% des salariés souffrent de douleurs musculo-squelettiques, 49% de problèmes de sommeil et 38% de maux de tête. Le lien est direct : parmi ceux qui déclarent ces symptômes, 58 à 83% sont en détresse psychologique.

 

Le climat de sécurité psychologique : un levier décisif encore trop rare

 

Seulement 10% des salariés évoluent dans un climat de sécurité psychologique élevé (11% dans le privé, 7% dans le public). Pourtant, ces environnements protecteurs démontrent leur efficacité de manière spectaculaire :

•   Le taux de détresse psychologique y tombe à 5%

•   On observe que les arrêts maladie pour raisons psychologiques y sont deux fois moins fréquents

•   Le burn-out sévère y est trois fois moins présent

•   On y parle trois fois plus de sens au travail

 

Un résultat majeur : la présence d'un département dédié qui pilote la prévention multiplie par 7 les chances d'avoir un climat de sécurité psychologique élevé (37% vs 5%).

 

Des dispositifs d'aide insuffisants face aux fragilités personnelles

 

1 salarié sur 2 estime que les événements de vie personnelle impactent négativement sa productivité (cette proportion monte à 6 sur 10 chez les moins de 40 ans). Pourtant, moins d'une entreprise sur deux propose un dispositif d'aide incluant un accompagnement personnalisé pris en charge par l'employeur.

 

L'impact de ces dispositifs est pourtant mesurable : quand ils existent, le climat de sécurité psychologique élevé augmente de 17 à 42%, et la solitude sociale diminue significativement (de 42 à 26%).

 

7 à 8 salariés sur 10 attendent que leur entreprise prenne davantage en compte leurs difficultés psychologiques, personnelles ou sociales (situation d'aidant, logement, etc.).

 

Management et culture d'entreprise : des évolutions perçues mais des attentes fortes

 

1 salarié sur 2 estime que le management a progressé sur la prise en compte de la santé mentale. 80% se disent de plus en plus sensibles au management toxique, et la moitié juge les collaborateurs plus vigilants pour détecter les situations de détresse.

 

Cependant, seulement 1 salarié sur 2 est persuadé de la sincérité de la direction pour protéger la santé psychologique de ses collaborateurs. Une perception de sincérité est pourtant déterminante : elle multiplie par 3 le sentiment d'attachement à l'entreprise.

 

Recherche de sens : un défi amplifié par le contexte sociétal

 

55% des salariés estiment que le contexte sociétal (instabilité politique, crises successives) affecte le sens de leur travail. Parmi eux, 55% sont en détresse psychologique.

 

L'attachement à l'entreprise reste néanmoins important (2 salariés sur 3 se sentent attachés à leur organisation) et constitue un facteur protecteur majeur : il divise par deux le burn-out sévère. Cet attachement est directement lié aux actions de prévention mises en place.

 

Arrêts maladie pour motif psychologique : entre tabou et suspicion

 

37% des salariés déclarent que les arrêts maladie pour raisons psychologiques sont fréquents dans leur entreprise (49% dans le secteur public). Pourtant, ces arrêts restent marqués par un climat de suspicion délétère : 48% des salariés estiment qu'il y a entre 1 et 5 abus sur 10 arrêts pour motif psychologique.

 

Cette suspicion a des conséquences dramatiques : parmi les 14% de salariés ayant eu un arrêt psychologique ces deux dernières années, 59% ont ressenti de la honte, 55% ont perçu de la suspicion, et seulement 29% se sont sentis bien accompagnés.

Ces préjugés nuisent à la reconnaissance des véritables situations de détresse (78%) et à la possibilité d'en parler librement dans l'entreprise (74%).

 

Solitude et affaiblissement des collectifs : une crise silencieuse

 

La fragilisation du tissu relationnel au travail est préoccupante : 1 salarié sur 3 vit une solitude sociale (manque de collègues proches, déficit de confiance), avec 57% de ces personnes en détresse psychologique.

 

Au-delà de la solitude sociale, 3 salariés sur 10 vivent une solitude émotionnelle au travail (68% d'entre eux sont en détresse psychologique). Pour 1 salarié sur 3, il manque de véritables collectifs de travail, remplacés par de simples « collections d'individus ».

 

Les Premiers Secouristes en Santé Mentale : un dispositif encore méconnu

 

Seulement 10% des salariés ont été formés comme Premiers Secouristes en Santé Mentale (15% des managers). Parmi ceux en ayant bénéficié, 6% ont déjà été aidés par un PSSM (10% chez les moins de 29 ans), et 68% d'entre eux sont en détresse psychologique, démontrant que ce dispositif atteint bien les personnes qui en ont besoin.

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