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[Etudes] Les vrais revenus des entrepreneurs français : Plus d’un entrepreneur sur deux (53%) ne se verse aucun salaire

Combien gagne réellement un entrepreneur français ? Entre idées reçues et projections idéalisées, la ComptaTech Dougs fait le point.

 

Ce baromètre inédit sur la rémunération des entrepreneurs français se base sur les flux financiers réels de 20 427 sociétés tricolores en 2024 (hors SCI, SC et associations).

 

Cette analyse rigoureuse basée sur de vraies données dépasse les simples sondages ou baromètres classiques en mesurant objectivement les revenus, salaires et dividendes des dirigeants, en comparant secteurs et ancienneté, et en révélant la véritable mécanique économique des petites entreprises françaises.

 

La moitié des dirigeants ne se rémunère pas


Derrière l’image de l’entrepreneur libre et prospère, une réalité beaucoup plus humble se dessine : 53% des dirigeants de TPE ne se versent aucune rémunération. Un constat qui témoigne d’une phase de démarrage prudente, souvent rendue possible grâce à l’Aide au Retour à l’Emploi (ARE), un dispositif qui permet à un demandeur d’emploi de toucher son allocation chômage tout en créant son entreprise. Parmi la part des entrepreneurs ne se rémunérant pas, 62% bénéficient de l’ARE et l’utilisent à leur lancement.

 

Cette abstention salariale n’est pas un signe d’échec, mais plutôt la preuve que l’entrepreneuriat implique un pari sur l’avenir. En renonçant à une rémunération immédiate, les entrepreneurs construisent progressivement un revenu durable et un patrimoine professionnel. Le néo-entrepreneur peut alimenter sa trésorerie car son activité n’est pas encore stabilisée ou parce qu’il n’est pas encore éligible à un prêt bancaire.

 

Un salaire 21% inférieur au salaire médian français


Du côté des 47% d’entrepreneurs percevant un revenu, la rémunération médiane s’élève à 21 631€ par an (environ 1 800€/mois), soit 21% de moins que le salaire médian français (26 400€/an). Cette différence s’explique en partie par la complexité de la rémunération d’un entrepreneur versus celle d’un salarié.

 

Par ailleurs, cette moyenne cache des profils très différents :

●    Le premier, majoritaire (60,6%), est celui des entrepreneurs qui privilégient le « 100% salaire » : une option jugée plus stable et plus lisible, avec une rémunération médiane de 15 017€ par an. Ce choix dépend de la santé de l’entreprise : en cas de baisse d’activité, le dirigeant peut tout simplement décider de ne pas se payer.

●    Le profil mixte « salaire + dividendes », est quant à lui adopté par près de 20% des dirigeants, avec une rémunération médiane de 29 000€. Ces entrepreneurs cherchent un équilibre entre cotisation et optimisation fiscale, profitant d’une fiscalité plus avantageuse sur les dividendes que sur les salaires.

●   Les entrepreneurs les plus établis privilégient le « 100% dividendes », avec une rémunération médiane de 51 998€. Souvent réservée à ceux disposant d’une trésorerie solide, cette stratégie de long terme repose sur un revenu différé – versé une fois par an – qui ne génère pas de droits à la retraite, mais s’inscrit dans une logique patrimoniale : capitaliser aujourd’hui pour sécuriser demain.

 

En parallèle, les écarts de rémunération restent très marqués d’un secteur à l’autre. Les entrepreneurs de l’informatique dominent nettement le classement avec 40 132€ de rémunération médiane, suivis du conseil en gestion (25 510€) et de l’architecture et ingénierie (24 069€). À l’inverse, les dirigeants du commerce, du BTP ou de l’artisanat peinent à dépasser les 15 000€ annuels, conséquence directe de marges plus faibles et d’investissements initiaux plus lourds.

 

Un pari sur le long terme

 

Les premières années sont un pari économique souvent exigeant, mais les chiffres le confirment, la patience paie. La rémunération double en cinq ans, passant de 11 754€ durant les 18 premiers mois à près de 24 000€ après cinq ans d’activité. Les entrepreneurs installés parviennent à se dégager des revenus comparables à la moyenne nationale, voire supérieurs lorsqu’ils ont structuré leur activité.

 

Au-delà de la rémunération immédiate, de nombreux dirigeants choisissent une stratégie de rémunération différée, pensée comme un investissement sur le long terme. Là où un salarié cotise pour sa retraite par répartition, l’entrepreneur construit la sienne par capitalisation : valeur de son entreprise, plus-value à la revente, immobilier professionnel ou revenus accumulés dans une holding.

 

Les données du baromètre montrent que cette logique patrimoniale n’est pas réservée aux grandes fortunes. Les holdings actives des clients Dougs affichent une rémunération moyenne de 23 731€ par an, soit près de 90% du salaire médian national. Ces structures permettent de lisser les revenus, de réinvestir les bénéfices sans double imposition, de préparer la retraite ou encore la transmission d’entreprise en toute sécurité. Un quart des holdings possèdent une filiale SCI (Société Civile Immobilière), faisant grimper le revenu moyen à 29 737€, soit 13% de plus que le salaire médian français.

 

Des mesures fiscales qui pourraient fragiliser les petits patrons

 

Alors que les débats politiques ont un temps porté sur une hausse de la flat tax (de 30% à 33%) et la taxation des holdings, Dougs alerte sur les effets collatéraux que de telles mesures auraient pour les dirigeants de TPE. Un entrepreneur se versant 29 000€ de dividendes pourrait perdre 870€ par an en cas de hausse à 33%, et 10 500€ en cas de suppression de l’exonération mère-fille. Autrement dit, des mesures présentées comme destinées à taxer les grandes fortunes, mais qui, dans les faits, impacteraient directement les TPE.

 

« Avec ce baromètre, nous souhaitons mettre la réalité économique des dirigeants de petites entreprises au centre du débat public. Nos données montrent que les entrepreneurs français ne sont pas des rentiers, mais des bâtisseurs. Ils investissent, prennent des risques, construisent un patrimoine. Notre rôle, en tant qu’experts-comptables, est de leur donner les moyens de piloter intelligemment leur rémunération et leur avenir. », conclut Patrick Maurice, cofondateur et CEO de Dougs.

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