Par Antony Derbes, Open Lake Technology
Dans un paysage réglementaire et technologique en pleine mutation, les organisations font face à un paradoxe devenu structurel : elles doivent gérer davantage de données, répondre à davantage d’obligations, tout en accélérant leur capacité d’exécution.
Au centre de cette tension, le binôme DSI / Conformité se voit confier une mission complexe : garantir la fiabilité, la cohérence et la traçabilité des opérations, sans jamais freiner la performance.
Longtemps perçues comme
deux sphères aux logiques opposées, l’une tournée vers l’efficacité et
l’innovation, l’autre vers la maîtrise du risque, la DSI et la Conformité n’ont
désormais plus le choix que de fonctionner comme un système unique. Les réglementations
récentes (DORA, NIS2, renforcement des exigences de reporting, multiplication
des audits internes et externes comme els contrôles SPOT AMF) placent la
technologie au cœur même de la conformité, tandis que la conformité structure
et sécurise l’usage de la technologie.
Automatiser pour
décider mieux, pas pour déresponsabiliser
L’automatisation
suscite souvent des appréhensions : peur de la déshumanisation des processus,
crainte d’une perte de discernement. Pourtant, dans les faits, ce sont les
activités les plus répétitives et les moins analysées qui pèsent aujourd’hui le
plus lourd sur les équipes : consolidation de données, mise à jour
d’indicateurs, préparation d’audits, suivi de contrôles récurrents.
Automatiser ces tâches
revient à redonner du temps au jugement humain, le seul terrain où l’expertise apporte
une véritable valeur.
Cela permet aussi de
réduire les erreurs, d’augmenter la transparence et de fluidifier la
collaboration entre acteurs qui, jusque-là, travaillaient trop souvent en
silos.
Vers une conformité
continue, plutôt qu’occasionnelle
Pendant des années, la
conformité s’est construite comme une succession d’étapes : audits périodiques,
contrôles ponctuels, états des lieux successifs. Ce modèle atteint aujourd’hui
ses limites, notamment face à l’instantanéité des risques et à l’exigence
croissante de preuves.
L’automatisation ouvre
la voie à une logique différente :
Des données à jour en
permanence,
Des contrôles intégrés
aux processus eux-mêmes,
Une capacité à détecter
les écarts en continu,
Une documentation qui
n’est plus produite « pour » les audits mais générée au fil de l’activité.
Cette dynamique
transforme la relation entre DSI et Conformité : moins de tension, moins
d’urgence, davantage de prévention.
Faire de la technologie
un allié de gouvernance
L’enjeu n’est pas
uniquement technique. Il est organisationnel.
Automatiser, ce n’est
pas ajouter des outils : c’est revoir la manière dont circulent les preuves,
les responsabilités, et les décisions.
Pour que la technologie
devienne un véritable allié de gouvernance, trois conditions doivent être
réunies :
La traçabilité : savoir qui fait quoi,
quand et pourquoi.
La cohérence des
données :
éviter les versions multiples d’une même réalité.
La lisibilité des
processus :
permettre à tous les acteurs, IT, métiers, conformité, direction, de partager
un langage commun
Cette approche ne
supprime pas la complexité, mais elle la rend navigable.
L’automatisation comme
vecteur de maturité collective
Le débat autour de
l’automatisation ne devrait pas se limiter à l’efficacité ou aux gains de
temps.
Il s’agit d’un mouvement de fond, qui pousse les organisations à repenser leur
mode de pilotage : plus transversal, plus structuré, plus orienté preuve.
Pour le binôme DSI /
Conformité, cette transformation est une opportunité. Elle permet de dépasser
l’opposition historique entre innovation et contrôle, pour construire une
dynamique commune : celle d’une maîtrise durable, fondée sur des données
fiables, des processus stabilisés et une collaboration renforcée.
L’automatisation, lorsqu’elle est pensée comme un outil de gouvernance et non comme une promesse technologique, devient un levier de maturité collective. Un levier dont les organisations auront de plus en plus besoin pour concilier rigueur réglementaire et performance opérationnelle.


