Par Xavier
Gruau, CTO, Squad Cybersolutions.
Les SOC (Security
Operations Center) se sont imposés comme le cœur de la cybersécurité. Pourtant,
beaucoup d’entre eux sont submergés par le volume alertes. L’enjeu n’est plus
de détecter davantage mais de voir mieux. Face à cette saturation, l’avenir du
SOC repose sur trois leviers indissociables : le CTEM, l'IA et
l’automatisation. En théorie, le Security Operations Center (SOC) est le
bouclier de l’entreprise, toutefois, en pratique, il devient souvent son point
de fragilité. Chaque jour, les équipes doivent traiter des milliers d’alertes.
Résultat : la majorité du temps est consacrée à trier, pas à analyser.
Ce phénomène, l'alert
fatigue, diminue drastiquement la réactivité des équipes et réduit leur
capacité à identifier les signaux faibles. La technologie commence à apporter
une réponse au travers de l’avènement de l’IA et de l’automatisation qui
tendent à améliorer la situation. Néanmoins, tant que le SOC se concentrera sur
la détection en aval, il continuera à subir le flot d’alertes.
Il faut passer d’une
défense opérationnellement réactive à stratégiquement préventive. C’est
précisément le rôle du CTEM (Continuous Threat Exposure Management). Son
objectif est simple, transformer la cybersécurité en un processus continu qui
mesure et réduit l’exposition au risque. Au lieu d’attendre qu’une menace
déclenche une alerte, le CTEM permet d’identifier, valider et prioriser les
vulnérabilités ou mauvaises configurations avant qu’elles ne soient exploitées.
Adossé à un VOC
(Vulnerability Operating Center), ce modèle complète le SOC en le déchargeant
préventivement d’une partie de la pression opérationnelle en surveillant en
continu les surfaces d’exposition, en suivant les correctifs et en orchestrant
les remédiations avec les équipes IT. Cette approche dynamique réduit
mécaniquement le bruit de fond des alertes : moins de vulnérabilités actives
qui sont exploitées en priorité par les attaquants, c’est moins d’événements
déclenchés, et donc un SOC plus focalisé sur les vraies menaces.
Le dernier pilier de
cette transformation, c’est l’automatisation. À mesure que les environnements
se complexifient (cloud, IoT, identités multiples, chaînes logicielles
étendues), la vitesse de propagation des attaques dépasse largement la capacité
d’intervention humaine. L’automatisation, nourrie par la corrélation, la
télémétrie et l’intelligence artificielle, permet de prioriser et d'enrichir
les alertes avant qu’elles n’atteignent les analystes. Toutefois, elle pourrait
générer des effets de bord dangereux. L'enjeu n’est donc pas d’automatiser
plus, mais d’automatiser mieux, en associant l’expertise contextuelle des
analystes à la puissance du machine learning pour créer un SOC augmenté.
En conclusion, le SOC de demain ne sera pas plus bruyant, il sera plus ciblé en réduisant l’exposition avant qu’elle ne devienne exploitable. Son objectif ne sera plus de détecter ce qui se passe mais d’empêcher ce qui pourrait arriver, se transformant ainsi en un centre de maîtrise des expositions.


