Forterro,
fournisseur européen de logiciels destinés aux industriels, fort de plusieurs
décennies d’expérience auprès du mid-market industriel européen, publie les
résultats de son étude 2025 consacrée à ce segment.
L’enquête s’est
intéressée spécifiquement aux entreprises industrielles en France, au
Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne et en Suède. Les conclusions révèlent un
marché français qui avance rapidement sur l’adoption du cloud par rapport au
reste de l’Europe, mais qui peine à convertir cet avantage en bénéfices
concrets liés à l’IA, tout en exprimant des préoccupations autour des droits de
douane et des exigences de conformité. L’étude pointe également que des freins
persistent quant à la transformation numérique, qu’il existe des défis d’ordre
RH et que la préparation aux futures exigences de conformité reste incomplète,
notamment en ce qui concerne le passeport numérique des produits (DPP).
Cloud, ERP et
transformation numérique : 50,4 % des industriels français mid-market déjà
passés à l’ERP cloud
La France affiche le plus fort taux d’adoption de l’ERP cloud en Europe : la moitié des industriels interrogés (50,4 %) l’utilisent déjà, contre 39 % en moyenne en Europe. Parallèlement, 29 % fonctionnent en modèle hybride et seulement 18 % restent on-premise, soit le taux le plus bas du continent.
La dynamique devrait se
poursuivre : à court terme, 56 % des répondants souhaitent privilégier le
cloud, quand seuls 14 % envisagent de rester on-premise.
En revanche, l’adoption
de l’IA accuse un retard en France. Alors que 29 % des entreprises européennes
déclarent recourir à des fonctionnalités d’IA pour la maintenance prédictive et
la logistique, elles ne sont que 19 % en France, où l’on privilégie plutôt la
gestion documentaire (23 %), le CRM (23 %), les applications mobiles (22 %) ou
la facturation électronique (22 %). Signe d’un potentiel encore sous-exploité,
49 % des répondants français estiment que leur organisation n’utilise pas
suffisamment le cloud, et autant jugent que ce déficit les empêche de profiter
pleinement de l’IA et de l’IA générative.
Cette avance
technologique cohabite toutefois avec un décalage d’exécution : seule la
moitié des entreprises françaises (50,4 %) disposent d’une feuille de route de
transformation (contre 57% en Europe), et à peine un répondant sur cinq
qualifie de « bon » ou « excellent » le niveau de transformation atteint au
cours des trois dernières années.
Freins et défis
sectoriels : 25 % des répondants pointent le manque d’intérêt de la
direction pour le cloud
Les priorités
opérationnelles confirment l’ampleur de la modernisation à mener. En tête des
défis cités figurent l’obsolescence des solutions et systèmes (22,22 %), la
protection de la chaîne d’approvisionnement (20,24 %) et le manque de soutien
gouvernemental (19,44 %). Les inquiétudes liées à l’adaptation des exportations
aux récents droits de douane américains restent, en France, les plus faibles
d’Europe (17 %).
S’agissant du cloud, les freins majeurs tiennent d’abord au manque d’intérêt de la direction (25 %), et à la crainte de perte ou de fuite de données (24 %), devant le manque de budget (20 %) et de motivation
(20 %). Les fonctions finance (33 %), la direction
(24 %) et la production (22 %) sont les départements les plus réticents au
changement.
Enfin, en matière d’IA,
c’est la difficulté à démontrer la valeur et le ROI qui demeure le principal
obstacle identifié par les industriels français.
Compétences et
recrutement : 39 % lient le manque de talents digitaux au ralentissement de la
croissance
Le déficit de
compétences numériques constitue un problème majeur qui freine la
transformation. Les manques les plus cités touchent la cybersécurité (31 %),
l’analyse de données (27 %) et l’acculturation à l’IA (26 %) qui sont autant de
facteurs clés pour industrialiser les usages digitaux.
Dans le domaine du
recrutement, 34 % des entreprises disent ne pas se sentir confiantes pour
attirer des talents digitaux et 25 % n’en sont pas certaines. Ces chiffres sont
le signe d’une certaine tension sur le marché de l’emploi où la concurrence
pour les profils experts est forte.
Ce déficit de talents
impacte concrètement les entreprises qui sont 39 % à y voir un lien de
causalité avec le ralentissement de la croissance ou le retard enregistré par
certains projets au cours des 12 derniers mois. Enfin, seuls 45 % des
répondants estiment disposer des compétences nécessaires pour adopter l’IA,
l’IoT et d’autres technologies avancées, ce qui est le taux le plus faible
d’Europe.
Ces données soulignent
l’urgence d’accélérer les démarches de formation et de montée en compétences
afin de répondre aux défis des entreprises industrielles.
Conformité et Passeport
numérique des produits (DPP) : seulement 38 % des industriels français se
disent préparés
L’un des principaux
enjeux des industriels pour les prochaines années concerne la préparation à
l’arrivée de l’initiative européenne du Passeport numérique des produits (DPP).
À l’heure actuelle, le sentiment de sensibilisation (38 %) et de préparation (également
38 %) des industriels français, reste en dessous de la moyenne européenne où 50
% des entreprises se disent prêtes.
Paradoxalement, les
enjeux de mise en conformité influent déjà sur les décisions d’achat
opérationnelles et technologiques puisque 27 % affirment en tenir compte, ce
qui est le taux le plus élevé en Europe.
Les principaux
obstacles identifiés sont liés au manque de ressources dédiées à la conformité,
à des lignes directrices perçues comme insuffisantes, à la complexité des
exigences et à l’absence de solutions technologiques adaptées.
Pour répondre à ces défis et structurer l’effort de conformité (renforcement des équipes, outils, processus), les entreprises prévoient d’y consacrer en moyenne 31 967 €.


