Réalisée par le Comité Richelieu, le MEDEF et EPSA
Innovation, l’enquête #Innovation 2025 livre une nouvelle photographie de
l’écosystème de l’innovation en France.
Cette édition, fondée
sur les réponses de 422 start-ups, PME et ETI, met en évidence une tendance
forte : l’innovation reste un levier majeur de compétitivité, mais les
entreprises réclament davantage de stabilité, de lisibilité et de
simplification dans les dispositifs publics qui l’accompagnent.
Des dispositifs fiscaux
plébiscités, mais une complexité persistante
Les entreprises
françaises continuent de s’appuyer massivement sur les leviers fiscaux en
faveur de la R&D, tout en pointant une bureaucratie encore dissuasive.
• 58% des répondants déclarent bénéficier du
Crédit d’Impôt Recherche (CIR), dispositif considéré comme central dans leur
stratégie de développement.
• Pourtant, 25% des entreprises éligibles ne
l’utilisent pas,
invoquant le manque de ressources internes ou la complexité des procédures.
Si la peur du contrôle
fiscal reste un frein, elle recule légèrement, signe d’une acculturation
progressive à ces dispositifs. Certes 41% des entreprises bénéficiaires du CIR
ont été fiscalement contrôlés, mais plus de 2/3 d’entre elles n’ont fait l’objet
d’aucun redressement et le cas échant ces redressements sont majoritairement
inférieurs à 5% du montant du CIR déclaré.
• Le Crédit d’Impôt Innovation (CII) gagne
encore du terrain :
68% des répondants le connaissent (contre 65% en 2024) et 24% en bénéficient
en complément du CIR.
• Quant au statut de Jeune Entreprise Innovante
(JEI), son impact reste fort : 85% des bénéficiaires estiment qu’il a eu un
effet significatif sur leur croissance.
French Tech et commande publique : un essoufflement dans la dynamique d’innovation
Douze ans après sa
création, la French Tech demeure un symbole de dynamisme territorial, mais son
impact perçu se réduit.
• 52% des répondants appartiennent à un
territoire labellisé (contre 26% en 2024), mais seuls 32% jugent que ce label a
un effet positif sur leur activité (contre 48% en 2024).
• Cet impact reste davantage local (72% sur le
territoire national) qu’à l’international (17%).
La commande publique
innovante continue d’être identifiée comme un levier sous-exploité :
• 57% des répondants estiment que l’accès aux
marchés publics demeure difficile.
• Seuls 5% connaissent la plateforme APProch
et 37% la plateforme PLACE, dont une part limitée d’utilisateurs effectifs.
• Si 22% des entreprises ont déjà participé à
un partenariat d’innovation (contre 9% en 2024), la dynamique reste encore
marginale à l’échelle nationale.
Les agences
d’innovation : une montée en puissance qui se confirme
Les agences
d’innovation sectorielles créées depuis 2018 s’imposent comme de nouveaux
relais entre sphère publique et entreprises :
• L’Agence de l’innovation de défense (AID), la
plus ancienne, est la plus connue (44%) et suscite une forte intention de
collaboration (45%).
• L’Agence de l’innovation pour les transports
(AIT) et l’Agence de l’innovation en santé (AIS) gagnent progressivement en
notoriété (respectivement 11 et 21%), signe d’un intérêt croissant pour les
dispositifs spécialisés.
Ces résultats
traduisent un rééquilibrage de la politique d’innovation vers des approches
sectorielles, perçues comme plus concrètes et mieux ciblées.
Des signaux d’alerte
sur les financements et la recherche collaborative
La volonté
d’investissement reste présente, mais s’inscrit désormais dans un cadre prudent
:
• 57% des entreprises envisagent de mobiliser
les dispositifs du plan France 2030, un chiffre en léger recul.
• 54% souhaitent intensifier leurs dépenses de
R&I dans les 12 prochains mois (contre 75% en 2021), tandis que 8% prévoient
de les réduire.
• Les initiatives de recherche collaborative
fléchissent :
25% des répondants déclarent ne plus recourir à aucun partenaire public ou
privé.
Regards croisés
Jean Delalandre,
Délégué général du Comité Richelieu : « L’innovation française ne manque pas
d’idées, mais elle souffre d’un manque de cohérence dans ses dispositifs. Les
résultats de cette édition 2025 traduisent une demande claire : une
simplification des démarches, une stabilité fiscale et une politique d’innovation
durablement inscrite dans le temps. »
Charles-Edouard de
Cazalet, Directeur d’EPSA Innovation : « L’enjeu n’est pas seulement de
financer l’innovation, mais de lui permettre de croître dans un environnement
serein. EPSA Innovation plaide pour une approche à long terme, qui combine
accompagnement, efficacité des leviers de financement et sécurisation des
dispositifs. »
Jean-Luc Brossard, co-Président de la Commission Numérique et Innovation du MEDEF : « Face à une concurrence internationale accrue, freiner l’effort de R&D reviendrait à aggraver encore le décrochage économique français. Préserver et améliorer les dispositifs fiscaux, renforcer les partenariats publics-privés et soutenir la réindustrialisation : tels sont les trois piliers d’une politique d’innovation cohérente. »


