L’agence "How Much" a interrogé 3 001 Français afin d’éclairer le débat ouvert par Serge Papin sur un intéressement immédiatement disponible et non imposable.
Un sondage qui montre
un plébiscite pour la mesure, majoritairement sans condition, avec un usage
prioritaire pour les dépenses du quotidien mais aussi pour l’épargne. Une
mesure jugée équitable qui nécessite plus d’explications.
Commentaire de Sandrine Dorbes, Conférencière, Experte en stratégie de rémunération, Créatrice de "How Much" : « Serge Papin, ministre des PME et du pouvoir d’achat, a exprimé le 17 octobre 2025 sa volonté de permettre aux salariés de disposer immédiatement d’un intéressement en le rendant non imposable. Aujourd’hui, les sommes reçues au titre de l’intéressement sont exonérées de cotisations salariales (à l’exception de la CSG et de la CRDS), mais soumises à l’impôt sur le revenu si elles sont perçues immédiatement. Lorsqu’elles sont investies dans le cadre d’un plan d’épargne salariale
(PEE, PEI, PERECO, etc.), elles sont exonérées d’impôt dans la limite de 75 % du plafond de la Sécurité sociale. De ce fait, un intéressement qui serait disponible immédiatement et non imposable permettrait de relancer la consommation en augmentant le pouvoir d’achat.
Mais qu’en pensent vraiment les Français ? Avant même de découvrir les chiffres, une chose est claire : derrière ce débat fiscal, c’est bien le rôle du salaire qui se trouve interrogé. Cette adhésion massive révèle un paradoxe profond. L’épargne salariale a été conçue pour accompagner le long terme, pas pour compenser les difficultés du quotidien. Si les Français souhaitent aujourd’hui pouvoir la mobiliser immédiatement, c’est bien que le salaire ne remplît plus pleinement sa fonction première : couvrir les dépenses courantes. Cela interroge à la fois la soutenabilité du pouvoir d’achat et la place du salaire dans notre modèle social. Le débat sur la « Prime Papin » dépasse donc la seule question de l’intéressement : il renvoie à ce que l’on choisit de rémunérer, et à la façon dont les charges qui pèsent sur le travail peuvent limiter cette fonction essentielle. »
Plus de 4 Français sur
5 plébiscitent une prime disponible non imposable
Le verdict sans appel :
84 % de Français sont favorables à rendre l’intéressement immédiatement
disponible et non imposable. Dans le détail, 59 % le sont « tout à fait »
et 25 % « plutôt ».
L’opposition à cette
mesure plafonne à 7 % et 9 % des personnes interrogées restent neutres. C’est
donc un consensus sur une mesure concrète liée au pouvoir d’achat.
Cette proposition
changerait la donne puisqu’en 2024, près de 13 Md€ d’intéressement ont été
versés dont seulement 30 % en versement immédiat.
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Globalement,
êtes-vous favorable ou opposé(e) à rendre l’intéressement immédiatement
disponible et non imposable ? |
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Réponses
|
Pourcentages |
|
Tout à
fait favorable |
59 % |
|
Plutôt favorable |
25 % |
|
Ni l’un ni l’autre |
9 % |
|
Plutôt opposé(e) |
5 % |
|
Tout à fait
opposé(e) |
2 % |
Une
mesure sans condition
Pour 71 %
des Français, cette mise à disposition immédiate d’un intéressement doit se
faire sans concession aucune ! Seulement 28 % souhaitent réserver la
mesure aux personnes dont les revenus sont inférieurs à 2 000 €, 27 % à de
l’épargne et 25 % veulent en faire une mesure temporaire.
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Si la
mesure était mise en place, quelles conditions vous paraissent nécessaires ? |
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|
Réponses
|
Pourcentages |
|
Plafond annuel
d’exonération |
6 % |
|
Réserver aux revenus
inférieurs à 2 000 € |
28 % |
|
Réserver aux PME |
19 % |
|
Durée temporaire |
25 % |
|
Maintien d’un choix
d’épargne (PEE/PER) |
27 % |
|
Aucune
condition nécessaire |
71 % |
Baisser le plafond ?
Les Français sont partagés…
À la question « Accepteriez-vous
un plafond plus bas si cela réduisait le coût pour l’État ? », les
Français sont très divisés. En effet, 38 % disent plutôt non à un
plafond plus bas, seulement 27 % l’accepteraient, et 35 % hésitent encore.
Il est vrai que le
contexte ne plaide pas pour la restriction. Le plafond correspond à la limite
maximale des sommes d’intéressement exonérées (ou des avantages liés). De ce
fait, baisser le plafond équivaut à réduire cet avantage pour les salariés.
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Accepteriez-vous
un plafond plus bas si cela réduisait le coût pour l’État ? |
|
|
Réponses
|
Pourcentages |
|
Oui |
27 % |
|
Non |
38 % |
|
Je ne sais pas |
35 % |
Une prime utile et bien
loin d’être futile
Contrairement aux idées reçues, un supplément financier ne serait pas obligatoirement dépensé inutilement. Ainsi, plus de 36 % des Français utiliseraient une prime d’intéressement pour des dépenses du quotidien et seulement 24 % pour des achats exceptionnels. Dans les deux cas, ce projet aurait donc bien un effet positif sur le pouvoir d’achat immédiat. De plus, 31 % l’orienteraient vers l’épargne :
18% de précaution et 13 % sur le long terme.
Tous ces signes
dévoilent une gestion responsable des ménages, et une mesure pouvant irriguer
l’économie réelle tout en sécurisant les foyers, loin du cliché de l’argent « facile »
dilapidé.
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Si vous
receviez une prime d’intéressement de 2000 €, immédiatement disponible et non
imposable, que feriez-vous principalement ? |
|
|
Réponses
|
Pourcentages |
|
Dépenses du
quotidien |
36 % |
|
Achats exceptionnels |
24 % |
|
Épargne de
précaution |
18 % |
|
Placement long terme
(PEE/PER) |
13 % |
|
Remboursement de
dettes |
4 % |
|
Don ou aide
familiale |
2 % |
|
Ne sait pas |
3 % |
Une prime qui tient ses promesses
Avec une
belle somme en poche, 56 % des Français dépenseraient plus dans les 3 mois
(dont 21 % « beaucoup plus » et 35 % « un peu plus »). L’effet
souhaiter de booster la consommation
des foyers serait donc instantané et
parfaitement escompté.
Pour les
autres, « pas de changement » à 26 %, voire un recul pour 18 %.
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Cette
mesure augmenterait-elle vos dépenses dans les 3 prochains mois ? |
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|
Réponses
|
Pourcentages |
|
Beaucoup plus |
21 % |
|
Un peu plus |
35 % |
|
Pas de changement |
26 % |
|
Un peu moins |
13 % |
|
Beaucoup moins |
5 % |
Une mesure jugée
équitable, mais qu’il faut bien expliquer
57 % des Français
jugent cette proposition de mesure « équitable entre catégories de
salariés » et seuls 9 % s’y opposent.
En revanche, le verdict est plus mitigé pour déterminer le risque de « prime vs salaires ».
En effet, 33 % pensent qu’elle risque d’encourager les entreprises à verser des
primes plutôt que d’augmenter les salaires fixes, quand 28 % estiment le
contraire et que 39 % restent dubitatifs.
Un autre sujet clivant :
les doutes sur l’argent public bien utilisé. Ainsi, 31 % estiment qu’il s’agit
d’un « bon usage » vs 33 % « pas du tout ».
En conclusion, le
besoin d’explication est massif puisque 54 % réclament un meilleur effort
d’explication sur le fonctionnement et les critères de répartition de ce type
de projet.
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Dans
quelle mesure êtes-vous d’accord avec les affirmations suivantes ? |
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|
Réponses
|
Tout à
fait d’accord |
Ni
d’accord, ni pas d’accord |
Pas du
tout d’accord |
|
La mesure est
équitable entre catégories de salariés |
57 % |
34 % |
9 % |
|
Elle risque
d’encourager les entreprises à verser des primes plutôt que d’augmenter les
salaires fixes |
33 % |
39 % |
28 % |
|
Elle est un bon
usage de l’argent public |
31 % |
36 % |
33 % |
|
Elle suppose un
meilleur effort d'explication sur le fonctionnement et les critères de
répartition |
54 % |
43 % |
3 % |
Un coup de boost au
pouvoir d’achat
Loin d’être une
solution sur le long terme, 54% des Français voient la Prime Papin comme une
mesure ayant un effet ponctuel, contre 25% qui l’envisagent plus durablement
(sans doute les personnes préférant l’épargne).
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Selon
vous, cette mesure aurait-elle un impact durable sur le pouvoir d’achat ou
plutôt un effet ponctuel ? |
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|
Réponses
|
Pourcentages |
|
Un effet durable |
25 % |
|
Un effet
ponctuel |
54 % |
|
Je ne sais pas |
21 % |


