Étude réalisée par la direction d’étude et d’analyse des risques de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).
Synthèse
Les flux en
assurance-vie atteignent un niveau exceptionnel au premier semestre 2025. La
collecte nette des supports rachetables dépasse ainsi le montant collecté pour
l’ensemble de l’année 2024 grâce à des flux d’épargne financière des ménages
élevés et à des taux de revalorisation des supports euros et des unités de
compte attractifs.
Sur l’ensemble des
branches vie (y compris assurance-décès, épargne retraite, santé assimilée à la
vie), les assureurs enregistrent une progression des primes acquises (+6,6%) et
un recul des prestations (rachats et sinistres, -7,3 %) par rapport au 1er
semestre de 2024.
La collecte brute des
contrats rachetables en assurance-vie (hors assurance-décès et retraite) tous
supports atteint un niveau record au premier semestre 2025 (sur la série
semestrielle collectée depuis 2011), s’établissant à 84,7 milliards d’euros
(+5,6 Mds € /+7 % par rapport au premier semestre 2024). La progression de la
collecte brute est aussi bien due à celle des supports en euros dont la
collecte s’élève à 52,3 milliards d’euros (+3,5 Mds € /+7 %) que celle des
supports en unités de compte qui est également en hausse et atteint 32,4
milliards d’euros (+2 Mds € /+7 %). La part de celle-ci dans la collecte brute
tous supports est stable au premier semestre 2025 et s’élève à 38,2 %.
Parallèlement, les
rachats ont décru au premier semestre 2025 à 36,6 milliards d’euros tous
supports confondus, soit 11,2 % de moins qu’au premier semestre 2024. Les
rachats sur les supports en euros diminuent nettement (-3,1 Mds € /-11%),
ainsi que sur les supports en unité de compte (-1,5 Mds€ /-13%). Le ratio
rachats sur primes tous supports confondus s’élève à 43,9 % au premier semestre
2025, en baisse par rapport à la même période en 2024 et se situe parmi les
niveaux historiques les plus faibles (moyenne de long terme de la série (2011-
2024) de 60 %). Le montant des sinistres du premier semestre 2025 diminue très
légèrement et s’établit à 22,8 milliards d’euros (-0,3 Md € /-1 % relativement
au premier semestre 2024.
La collecte nette sur
les supports rachetables en assurance-vie s’établit à 25,2 milliards d’euros au
premier semestre 2025, soit 10,5 milliards d’euros de plus qu’au premier
semestre 2024, et dépasse ainsi le montant global annuel collecté l’an passé
(22,8 Mds €). La collecte nette des supports en euros est en forte progression
au premier semestre 2025 et atteint 3,2 milliards d’euros. La collecte nette
sur les supports en unités de compte, en légère hausse, reste soutenue à 22,0
milliards d’euros sur la période. Les arbitrages sont en faveur des supports en
unités de compte (2,5 milliards d’euros), contrairement au premier semestre
2024 (1,6 milliards d’euros en faveur des supports en euros).
Sur la période de
juillet et août 2025, la collecte nette en assurance-vie tous supports poursuit
sa dynamique, s’établissant à 8,2 milliards d’euros, en forte progression par
rapport à la même période en 2024 (2,5 Mds €). Cette progression est due, tout
comme pour le premier semestre 2025, à l’effet combiné d’une hausse de la
collecte brute et d’un recul des rachats mais aussi des sinistres, qui restent
à un niveau bas sur cette période de l’année en raison d’un effet de
saisonnalité.
Au premier semestre 2025, les organismes d’assurance soumis à Solvabilité II (donc hors ORPS) réalisent un peu plus de la moitié (55 %) de la collecte nette des contrats non rachetables (composés essentiellement de produits d’assurance retraite). Celle-ci s’élève à 560 millions d’euros, en hausse de
59 millions d’euros (+12
%) par rapport à la même période en 20244. En comparaison, la collecte nette
des ORPS s’établit à 467 millions d’euros. La collecte nette sur les contrats
PER des organismes d’assurance soumis à Solvabilité II atteint 1,9 milliards
d’euros au premier semestre 2025 (stable par rapport à la même période en 2024)
et compense largement la décollecte nette des autres contrats non rachetables
(incluant les anciens produits qui ne sont plus commercialisés) qui atteint 1,4
milliards d’euros (et qui s’est atténuée de 6% par rapport à la même période en
2024). Sur l’ensemble des contrats non rachetables, la collecte brute des
organismes soumis à Solvabilité II de 4,7 milliards d’euros repose
principalement sur celle des contrats PER (75% de la collecte brute), tandis
que les prestations (rentes, sinistres et capitaux payés, rachats incluant les
transferts externes) de 4,1 milliards d’euros résultent en grande partie des
autres contrats (62% des prestations).
En assurance non-vie,
une croissance des primes toujours forte et supérieure à celle des sinistres,
permettant un redressement de la rentabilité technique.
Entre les premiers semestres 2024 et 2025, les primes acquises d’assurance non-vie en affaires directes ont progressé de 5,4 %, tandis que les sinistres ont enregistré une hausse plus modérée de 2,3 % sur la même période. Pour les particuliers, la hausse des primes peut s’expliquer principalement par la hausse des tarifs, comme en témoigne l’indice des prix des services d’assurance de l’INSEE qui augmente de
9,8 % sur un an au 1er semestre. Cette croissance des primes est
particulièrement marquée pour les trois principales lignes d’activité de
l’assurance non-vie : les frais médicaux (+4,3 %), l’assurance automobile (+7,5
%) et l’assurance incendie et dommages aux biens (+7,7 %) (cf. Tableau 3).
L’évolution des sinistres a été contrastée : diminution forte pour l’assurance
incendie et dommages aux biens (-5,6 % entre 2024 et 2025), hausse modeste pour
les frais médicaux (+1,9 %) et hausse marquée en assurance automobile (+11,3
%), principalement en raison des effets persistants de la période
inflationniste entre 2022 et 2024. Celle-ci s’est en effet traduite par une
flambée des coûts des pièces détachées et une revalorisation de la
main-d’oeuvre dans le secteur de la réparation. Selon un rapport de
l’association SRA (Sécurité et Réparation Automobile), la hausse du coût moyen
des réparations s’est élevée à 6,2 % en 2024 et à 25,7% sur quatre ans et pour
les pièces de rechange à 7,3 % en 2024 et 29 % sur quatre ans. Cela a contribué
à alourdir significativement le montant des sinistres constatés.
Avec une hausse des
sinistres inférieure à celle des primes, le ratio combiné de l’ensemble des
lignes d’activité non-vie s’est amélioré depuis 2024, atteignant 95,9 % à la
fin juin 2025.
L’allocation de l’actif
des assureurs a peu évolué au 1ème semestre 2025.
Les placements des
organismes d'assurance français (y compris supports en unités de compte)
s’élèvent à 2 738 milliards d'euros en valeur de marché fin juin 2025, en
hausse de 2,5 % par rapport au semestre précédent (2 672 milliards d’euros) et
de 4,3 % par rapport à fin juin 2024 (2 626 milliards d’euros).
L’allocation observée sur les actifs des assureurs à fin juin 2025 diffère peu de celle de fin décembre 2024. Les obligations souveraines représentent 20 % des placements après mise en transparence, les obligations du secteur financier 28 % et les obligations des sociétés non financières 11 % (contre respectivement 19 %, 27 % et 10 % fin décembre 2024). Les actions et participations représentent 22% des placements. À noter que pour 15 % des placements (notamment OPC dont la composition détaillée n’est pas disponible), il n’est pas possible d’opérer de répartition selon ces catégories par transparence (actions / obligations / etc.) ; les chiffres indiqués ci-dessus constituent donc un minorant de leur poids final dans les placements des assureurs. Les émetteurs sont principalement domiciliés en France et au sein de l’Union Européenne pour respectivement 49 % et 84 %. Cette stratégie d’allocation d’actifs leur permet de disposer d’une part très importante d’actifs liquides et de bonne qualité (50 %), pour faire face à de potentiels besoins accrus et soudains de liquidité. Elle permet notamment de limiter l’exposition aux risques de change et aux risques géopolitiques.
Au-delà de l’actif, la
réassurance de certaines activités peut avoir une dimension internationale.
Toutefois, les assureurs français sont peu dépendants des réassureurs établis
hors de la zone euro : hors réassurance intragroupe, les primes cédées à ces derniers
représentent environ 14 % des cessions. Cette part atteint cependant 30 % pour
la réassurance non proportionnelle des activités non-vie (principalement RC
générale et dommages aux biens), notamment en Suisse, au Royaume-Uni, aux
Bermudes et aux États-Unis. Les assureurs vie et mixte sont concernés à hauteur
de seulement 13% (quasi-exclusivement en assurance proportionnelle),
essentiellement sur leurs activités santé et prévoyance et de manière marginale
sur l’assurance vie en euros.
Les moins-values
latentes obligataires représentent l’équivalent de -2 % du total des placements
à fin juin 2025 contre -3 % fin décembre 2024. Les moins-values latentes sur
les actifs obligataires souverains à fin juin 2025 baissent par rapport à fin
décembre 2024. Le portefeuille de placements dans son ensemble (obligations,
actions hors participations, immobilier, OPC) reste en plus-values latentes à
hauteur de 2% du total des placements.
Le taux de couverture
du capital de solvabilité requis (CSR) s’améliore au premier semestre 2025.
Le ratio de solvabilité de l’ensemble des organismes d’assurance s’établit à 241 % fin juin 2025, contre 238 % fin 2024. Cette amélioration concerne tous les types d’organismes ; les bancassureurs voient leur ratio augmenter de 3 points de pourcentage au premier semestre 2025, pour s’établir à 227 % fin juin 2025. Le ratio de solvabilité des autres organismes vie et mixtes progresse de 223 % fin 2024 à 231 % fin juin 2025, et celui des organismes non-vie augmente de 278 % fin 2024 à 285 % fin juin 2025.


