Par Mario Bucciarelli,
Fondateur de CoachingCore et créateur du programme ASSO©
Nous vivons dans une
époque où l’on célèbre la performance comme une vertu, où l’obsession de
l’efficacité est devenue la norme, et où l’épuisement est souvent considéré
comme le prix inévitable du succès. Pourtant, derrière cette course effrénée se
cache un phénomène silencieux et destructeur : le burnout.
Contrairement aux idées
reçues, le burnout n’est pas seulement le résultat d’heures excessives ou d’une
charge de travail écrasante. Il est avant tout le fruit d’un mécanisme
psychologique subtil : l’illusion de contrôle. Cette illusion nous pousse à croire
que nous pouvons tout gérer, tout anticiper et tout maîtriser. Chaque victoire
nourrit cette croyance, chaque erreur devient un fardeau supplémentaire que
nous tentons de compenser. Petit à petit, le corps s’épuise, le mental
s’affaiblit, et le signal d’alarme se fait entendre… parfois trop tard.
Les signes sont
nombreux et souvent négligés : fatigue persistante, irritabilité, troubles du
sommeil, perte d’intérêt pour des activités autrefois sources de plaisir,
sentiment de déconnexion avec soi-même. Le burnout touche toutes les catégories
sociales, toutes les professions, et ne fait aucune distinction entre
indépendants, salariés, cadres ou étudiants. Selon l’Organisation mondiale de
la Santé, le burnout est désormais reconnu comme un problème de santé
professionnelle majeur. Ses conséquences sont dramatiques : dépression,
anxiété, troubles cardiovasculaires, baisse de l’immunité, et parfois
incapacité à reprendre une activité professionnelle normale.
Mais le burnout n’est
pas une fatalité.
Il s’agit d’un signal d’alarme que notre société doit entendre. Comprendre ses
causes et ses mécanismes est la première étape pour se protéger et protéger les
autres. L’épuisement professionnel n’est pas seulement une question
individuelle : il est la conséquence d’une organisation du travail, d’une
culture professionnelle et d’une société qui valorisent le surmenage et l’auto exploitation.
La prévention passe par
plusieurs axes.
D’abord, la conscience de soi : reconnaître ses limites, identifier ses signaux
de fatigue, accepter que l’on ne puisse pas tout contrôler. Ensuite, la
priorisation : savoir dire non, organiser ses tâches de manière réaliste, et
réaffirmer ses besoins personnels. Enfin, la responsabilisation collective :
les entreprises, institutions et communautés doivent créer des environnements
qui valorisent l’équilibre, la santé mentale et la durabilité du travail.
Le burnout est aussi un
enjeu de société.
À mesure que le rythme de nos vies s’accélère, la frontière entre engagement et
épuisement devient floue. Nous devons repenser notre rapport au travail et à la
réussite. Réussir ne devrait jamais signifier se perdre. L’urgence est claire :
écouter les signaux, réinventer nos organisations et valoriser le bien-être
autant que la performance.
Nous avons tous un rôle
à jouer :
apprendre à reconnaître le burnout, soutenir ceux qui en souffrent et changer
nos modes de fonctionnement. Le succès durable ne se mesure pas en heures
travaillées ni en résultats immédiats, mais en capacité à préserver sa santé,
son équilibre et sa motivation sur le long terme.
Le burnout n’est pas une faiblesse. C’est un appel à réinventer nos modes de vie et notre société. Ignorer ce signal, c’est continuer à courir vers un mur invisible. Le reconnaître, c’est ouvrir la voie à une culture plus saine, plus humaine et plus durable.


