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[Etudes] Santé mentale des jeunes de l’Hexagone aux Outre-mer

Cartographie des inégalités par Victor Delage, Margaux Tellier-Poulain, Lou Vincent.

 

Cinq ans après la crise du Covid, alors que les signaux de détresse psychique se multiplient,

en particulier chez les jeunes, la santé mentale s’impose enfin en 2025 comme une grande cause nationale.

 

Pour contribuer à ce mouvement et éclairer les réalités de cette génération confrontée à un mal-être profond, la Mutualité Française, l’Institut Montaigne et l’Institut Terram se sont associés pour dévoiler aujourd'hui une enquête inédite intitulée Santé mentale des jeunes de l’Hexagone aux Outre-mer. Cartographie des inégalités, menée au printemps 2025 auprès de 5 633 jeunes âgés de 15 à 29 ans représentatifs de la population française, y compris dans les Outre-Mer.

 

Cette enquête se distingue par son approche à la fois transversale et ancrée dans les territoires qui met en évidence les fragilités durables dans la santé mentale des jeunes, liées aux conditions de vie, d’étude, de travail, à la précarité, au rapport au numérique, à l’environnement familial ou encore à l’ancrage territorial. Elle explore également les freins à l’accès aux soins, les lacunes en matière de prévention, mais aussi les ressources mobilisées, les formes de soutien disponibles et les attentes exprimées par les jeunes.

 

1 jeune sur 4 souffre de dépression (25%) : un mal-être psychique généralisé


•   Fatigue, repli, perte d’intérêt : les problèmes psychologiques et les troubles psychiques s’accumulent chez les jeunes qui font face à une véritable crise silencieuse. Certaines situations de mal-être présentent une très forte prévalence parmi les jeunes mais le chiffre le plus inquiétant demeure sans doute celui-ci : près d’1 jeune sur 3 (31%) affirme avoir déjà eu des pensées suicidaires ou envisager de se faire du mal.

•   Le stress scolaire et professionnel est massif :  87% des jeunes stressés par leurs études, 75% par leur travail. Ce stress pèse lourdement sur leur santé mentale : alors que ce stress pèse lourdement sur la santé mentale des étudiants et des actifs, l’instabilité de l’emploi accentue le mal-être notamment chez les indépendants, les chômeurs et les salariés à temps partiel.

•   Le harcèlement, facteur de mal-être aggravant : alors que 26% des jeunes interrogés ont déjà été victimes de cyberharcèlement et 31% victimes de harcèlement scolaire, leur santé mentale en pâtit tout particulièrement, générant de nombreuses situations de dépression.

 

Outre-mer, genre, âge et métropole : des détresses inégales


•   Les jeunes ultramarins sont les plus sévèrement touchés : 39% souffrent de dépression (contre 25% en moyenne pour l’ensemble de la France). Plus d’un jeune sur deux en Guyane (52%) est concerné, 44% en Martinique, 43% à Mayotte, des niveaux sans équivalent en hexagone, où les proportions oscillent entre 19% (Bourgogne-Franche-Comté) et 28% (PACA).

•   Les jeunes femmes apparaissent plus affectées : 27% souffrent de dépression, contre 22% des jeunes hommes. L’écart est particulièrement significatif avant 22 ans (29% des femmes de moins de

22 ans contre 19% des hommes du même âge) et tend à diminuer avec l’âge. Cette vulnérabilité de genre s’observe aussi dans les autres indicateurs : troubles du sommeil, fatigue persistante, stress lié aux études.

•   Les jeunes urbains sont les plus touchés : 27% sont en dépression, contre 20% en zone rurale. Le sentiment de tristesse ou de désespoir touche 64% des jeunes en métropole, contre 54% en milieu rural.

 

Un accompagnement encore trop éloigné des besoins exprimés par les jeunes

 

•   Les chiffres sont sans appel, mais une question demeure : face à cette réalité, les jeunes ont-ils réellement accès à des dispositifs d’accompagnement ? L’enquête met en lumière les limites des réponses publiques en matière de santé mentale : dispositifs fragmentés, peu lisibles, difficilement accessibles. À cela s’ajoutent de nombreux freins au recours à l’aide professionnelle : peur de la stigmatisation, méconnaissance des ressources disponibles, peine à identifier les interlocuteurs, obstacles matériels ou logistiques. Ainsi, 38% des jeunes ont déjà évoqué leur santé mentale avec un professionnel, et 21% l’ont fait à plusieurs reprises. Ce chiffre chute à 19% chez les 15-17 ans. Plus d’un tiers des jeunes qui ressentent le besoin de consulter ne franchissent pas le pas. Dans les DROM, où les indicateurs de souffrance psychiques sont plus prononcés, le recours est pourtant encore plus limité : 30% seulement des jeunes ont consulté un professionnel, 27% à Mayotte.

•   Un autre enjeu est de mieux sensibiliser, et autrement : 76% des jeunes déclarent avoir été sensibilisés à la santé mentale. Si les proches et les initiatives de l'établissement scolaire ou universitaire jouent encore un rôle important, les réseaux sociaux sont aujourd'hui leur canal d'information privilégié. Or, l’accès à une information fiable, encadrée, et de qualité reste crucial pour prévenir les troubles et accompagner les jeunes.

•   Loin d’être de simples consommateurs du système, les jeunes aspirent à être des acteurs sur lesquels s’appuyer pour proposer des solutions. C’est dans cette optique que l’étude a intégré une question prospective sur les mesures jugées les plus efficaces pour améliorer leur santé mentale. Les jeunes formulent des demandes concrètes et cohérentes : faciliter l’accès aux soins psychologiques (36%) et à la prévention (36%), les rendre plus accessibles (34%), promouvoir des leviers de

bien-être - sport, culture, activités de sociabilité (16%), renforcer les compétences psychosociales (1%).

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