L’analyse de Nicolas Moulin, fondateur de PrimesEnergie.fr,
acteur de la rénovation énergétique des logements en France.
Parmi les 52 vagues de
chaleur depuis la Seconde guerre mondiale, 35 datent de l’après-2000.
Cet été
encore, deux évènements météos extrêmes ont touché l’Hexagone. D’ici 2050, ces
épisodes météo extrêmes devraient encore doubler dans notre pays.
C’est dans ce contexte
que le gouvernement a annoncé le lancement du programme « Adapt Bâti Confort »,
financé par les Certificats d’Economie d’Energie (CEE). Objectif affiché :
accélérer la rénovation énergétique des logements en développant des solutions
de rafraîchissement des bâtiments, efficaces et à faible impact
environnemental.
Concrètement, cette annonce qui a fait peu de bruit (mois d’août oblige) vise à inciter à la création
de 50 opérations d'adaptation de bâtiments existants, puis de les évaluer dans la durée pour, in fine, sensibiliser et former collectivités et acteurs du bâtiment et, à terme, diffuser les bonnes pratiques au grand public…
Il s’agit donc d’une
vaste expérimentation qui témoigne d’une prise de conscience des pouvoirs
publics sur la souffrance déjà bien réelle de nombreux Français lors des fortes
chaleurs.
Est-ce pour autant
suffisant face à l’urgence de la situation dans des millions de foyers ?
Les copropriétés : le
maillon faible oublié face au dérèglement climatique
Les copropriétés représentent 11 millions de logements en France, dont 15% sont des passoires thermiques. Trop souvent oubliées, elles sont néanmoins au cœur des enjeux de la rénovation énergétique mais généralement compliquées à rénover : trop de freins ralentissent encore les travaux.
Pour Nicolas Moulin,
fondateur de PrimesEnergie.fr, rappelle : « 23 millions de
Français vivent en copropriétés, un tiers de ces dernières sont en voie de
paupérisation selon une commission d’enquête du Sénat. La réalisation de
travaux de rénovation énergétique y est particulièrement complexe : prises de décisions collectives longues et
complexes, problèmes financiers, inaction des syndics, manque d’informations ou
confusion, sujet parfois même non abordé en AG… Dans cette situation, nous
sommes à des années-lumière de résorber les millions de passoires thermiques.
Et, contrairement à ce que l’on peut penser, ce ne sont pas les températures
hivernales qui pèsent le plus sur le bien-être des Français, mais bien les
épisodes de fortes chaleurs...
Près de 4 Français sur 10 vivants en copropriété décrivent leur logement comme une « bouilloire thermique en été, insupportable lors des épisodes de canicule, selon une étude OpinionWay. Ils sont par ailleurs conscients qu’il y a des solutions simples à mettre en œuvre : 62% d’entre eux placent ainsi par exemple l’isolation au cœur de leurs priorités. Encore faut-il financer les travaux, les faire et les faire bien. Si nous saluons le programme Adapt Bâti Confort, il est déjà possible de s’attaquer au phénomène des bouilloires thermiques avec des monogestes importants et ciblés qui ont par ailleurs l’avantage de réduire la facture énergétique de ménages souvent en difficulté financière. Pour y parvenir et après toutes les tergiversations délétères des dernières années, nous réitérons notre demande simple d’une politique d’aides à la rénovation stable fléchant l’essentiel des moyens vers les ménages modestes. Au-delà de la survie d’une filière fondamentale pour la santé de l’économie française, c’est une question de santé publique et de justice sociale. Quel que soit le nom du Premier ministre dans 15 jours ».


