Observatoire de
l’emploi des entrepreneurs
L’association GSC et la société Altares publient les résultats de leur Observatoire de l’emploi des entrepreneurs. Selon cette nouvelle édition, 31 260 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi au
1e semestre 2025, un chiffre toujours très élevé mais une augmentation plus modérée (+4,3%)
par rapport au S1 2024.
• Au S1 2025, plus de 170 chefs d’entreprise
ont perdu leur emploi chaque jour.
• Les dirigeants expérimentés, à la tête d’une entreprise de plus de 10 ans en moyenne,
sont impactés.
• Les secteurs de la construction et du
commerce se trouvent toujours en grande difficulté mais tendent à se
stabiliser.
Hervé Kermarrec, président de l’association GSC, rappelle : « Attention aux faux-semblants : si les pertes d’emploi des dirigeants semblent ralentir au premier semestre 2025, elles se maintiennent à des niveaux préoccupants, révélateurs d’un tissu entrepreneurial toujours sous tensions.
Ces derniers mois ont été particulièrement
instables avec une croissance faible, un climat des affaires dégradé et des
incertitudes commerciales persistantes. Les chefs d’entreprise évoluent dans un
environnement de plus en plus contraint. La pression sur les trésoreries, la
prudence des consommateurs et les tensions sur certains marchés fragilisent les
structures. Le second semestre s’annonce encore complexe et les arbitrages
budgétaires de l’État seront déterminants. Il est donc essentiel de
sensibiliser aux filets de sécurité financiers existants, qui permettent aux
entrepreneurs d’anticiper une situation de perte d’emploi. »
Pour Thierry Millon,
directeur des études Altares : « Le premier semestre 2025 a confirmé nos
inquiétudes exprimées en début d'année avec un nombre historique de
liquidations judiciaires et donc un niveau très élevé de pertes d'emploi de
dirigeants. Cette situation de risque pèse lourdement sur les épaules des
entrepreneurs amenés à devoir faire sans cesse des arbitrages professionnels et
personnels parfois douloureux pour maintenir leur activité. Les trésoreries
sont encore très tendues et les incertitudes fortes. Si quelques timides
signaux permettent d'envisager une faible amélioration au second semestre 2025,
celle-ci devrait être encore insuffisante pour inverser sensiblement la
tendance sur la perte d’emplois. Les prochains mois seront décisifs. »
Les chefs d’entreprise
de PME désormais aussi en difficulté
Au 1er semestre 2025,
les entrepreneurs à la tête de petites structures de moins de 5 salariés
restent les plus touchés, représentant plus de huit pertes d’emploi sur dix (26
313 entrepreneurs).
Le phénomène s’amplifie
pour les patrons de TPE qui comptent 6 à 9 salariés, où la progression des
situations de « chômage » atteint 17,2%, malgré un volume plus faible (1 947).
Les dirigeants
d’entreprises de plus de 50 salariés résistent quant à eux, avec une baisse de
2,4%.
La tendance s’accentue
toutefois pour les dirigeants de structures réalisant au moins 5 millions
d’euros de chiffre d’affaires avec une hausse des pertes d’emploi quatre fois
supérieure la moyenne.
« Nous observons une
évolution du profil des dirigeants concernés : des structures plus établies,
comptant davantage de salariés. Les entrepreneurs subissent de plein fouet les
effets de la conjoncture et peinent à générer suffisamment de revenus pour honorer
leurs dettes. Au premier semestre 2025, celles et ceux qui avaient perdu leur
activité dirigeaient une entreprise créée, en moyenne, il y a 10 ans ! Cela
montre aussi que personne n’est à l’abri de perdre son activité. », poursuit Hervé
Kermarrec.
Les gérants de SAS
forment à eux seuls près de la moitié des pertes d’emploi (14 388
entrepreneurs), en hausse de 8,7 % par rapport au premier semestre 2024. Les
entrepreneurs de SARL, bien qu’épargnés au S1 2025 (-2%), continuent de
représenter une part importante des pertes d’activité (12 023). Les
artisans-commerçants, particulièrement impactés par l’inflation, sont 3 111 à
s’être retrouvés en situation de « chômage » (+16,6%) sur cette même période.
Les professions libérales, notamment les acteurs du judiciaire, accusent la plus forte hausse,
atteignant +56,2%.
Les entrepreneurs seniors toujours très exposés

L'âge médian des
entrepreneurs touchés s’établit à 46 ans. La tranche d’âge des 41 à 50 ans pèse
pour près d’un tiers des pertes d’emploi (8 448).
Mais ce sont les plus de 60 ans qui enregistrent la plus forte progression : 4 229 pertes d’emploi (+20,9%), soit cinq fois plus importante que la moyenne.
Les jeunes
entrepreneurs de moins de 26 ans sont les plus épargnés ce semestre, avec un
recul des pertes d’activité de 8,2%.
Près de la moitié des
pertes d'emploi se concentrent dans les secteurs de la construction et du
commerce
Acteur majeur de
l’économie, le secteur de la construction reste sous tension. Bien que les pertes
d’emploi se stabilisent, 7 745 entrepreneurs ont été impactés (+1%). Le secteur
représente encore plus d’un quart des cessations d’activité. L’immobilier
montre toutefois des signes de résistance après plusieurs années difficiles.
Parmi les activités les plus touchées : les travaux de maçonnerie générale et
le gros œuvre de bâtiment (1 645).
Le secteur du commerce demeure également en
difficulté avec 6 464 femmes et hommes en situation de « chômage » (+0,1%). La
vente de voitures et de véhicules automobiles légers est l’activité la plus
affectée (622 ; +12,7%).
L’hébergement,
restauration, débit de boisson est largement touché avec 4 164 pertes
d’emploi (+11,5%), dont plus de 4 entrepreneurs sur 10 dans la restauration
traditionnelle assise.
Dans le secteur de
l’information et de la communication, 1 033 entrepreneurs sont touchés (+14,1%),
notamment dans les services informatiques.
Le secteur du transport et de la logistique, déjà fortement dégradé au S1 2024, reste fragile.
1 450 femmes et hommes ont
perdu leur activité au S1 2025 (+11,9%). Les filières du fret de proximité
(525) et des taxis (355) sont impactés.
Les services aux
entreprises
comptabilisent 4 199 pertes d’emploi (+13%), en particulier dans les activités
de conseil pour les affaires.
Dans l’industrie, 1 905 chefs
d’entreprise ont cessé leur activité, soit une hausse de 4,4% sur un an.
La situation des
professionnels des services aux particuliers s’améliore, même si la tendance est
encore supérieure à la moyenne nationale. Les coiffeurs sont particulièrement
concernés (596).
Les activités d’assurances et financières se démarquent par un recul des pertes d’emploi de 7,6%.

Une majorité de régions
concernées, mais des signaux positifs dans certains territoires
L’Île-de-France est l’un des
territoires les plus impactés, concentrant près d’un quart des pertes d’emploi
au S1 2025. 7 507 chefs d’entreprise se sont retrouvés en situation de «
chômage », soit une hausse de 4% sur un an. Cette évolution, alignée sur la
moyenne nationale, demeure toutefois plus contenue que celle observée un an
plus tôt dans la région.
En
Auvergne-Rhône-Alpes,
la tendance reste dégradée, avec 3 623 pertes d’activité, soit une augmentation
de 4,9% par rapport au S1 2024. Bien que les tensions semblent se résorber à
l’échelle régionale, elles restent marquées dans le Rhône. Les services aux
entreprises et l’industrie ont été les plus fortement atteints.
En Nouvelle-Aquitaine, 2 754 femmes et hommes
sont concernés, soit une hausse de 18%. Les secteurs du bâtiment, de
l’hébergement, restauration et débits de boisson, et de l’industrie sont
particulièrement à la peine dans cette région.
Les Hauts-de-France,
les Pays de la Loire et la Normandie subissent également une hausse supérieure à la
moyenne nationale avec respectivement +6,2% (2 221 entrepreneurs), +5,9% (1
260) et +5,1% (1 214) par rapport au S1 2024.
Dans la région Centre-Val de Loire, 1 029 chefs d’entreprise se sont retrouvés sans emploi au
S1 2025 (+2,1%).
La Bretagne enregistre le taux le
plus bas (+0,7% ; 1 084). Les activités d’assurance et financières ont été les
plus solides dans la région (-46,2%).
Dans trois régions, les pertes d’emploi des chefs d’entreprise ont légèrement reculé :
Bourgogne-Franche-Comté (-1,4%),
Provence-Alpes-Côte d’Azur (-0,8%) et Grand Est (-0,2%).



