De la Bretagne au Pays basque, l’arc atlantique semble s’imposer comme le nouvel eldorado résidentiel et le littoral le plus convoité de France.
Alors que le marché immobilier français
amorce une phase de stabilisation, s’ajustant à un contexte économique et
politique fragile, la tendance de fond se confirme : cette façade maritime
attire une nouvelle génération d’acheteurs, plus jeune et plus mobile, en quête
de qualité de vie et de climat tempéré. Saturation du marché azuréen, essor du
télétravail, et évolution des priorités des ménages redessinent la géographie
résidentielle française.
Accessibilité et
qualité de vie : l’arc atlantique a la cote
Du Pays basque à la
pointe du Finistère, en passant par la Charente-Maritime et le golfe du
Morbihan, le regain d’intérêt pour la façade atlantique se confirme, le réseau
Expertimo, présent sur l’ensemble du territoire français, constate cet afflux
croissant d’acquéreurs dans les principales villes de la côte et leurs
alentours, à la recherche du meilleur compromis entre vie professionnelle et
personnelle.
« On voit arriver beaucoup de familles ou de jeunes retraités qui vivaient à Marseille, Toulouse, ou même Montpellier. Le critère primordial, ce n’est plus seulement la mer, c’est la température supportable l’été, l’air iodé et le calme », observe Marie-Agnès Johannic, mandataire Expertimo à Auray, dans le Morbihan.
Même constat dans les Landes, à Capbreton, où Yohanna Letoux, également membre du réseau Expertimo, note une forte dynamique d’acquéreurs en provenance d’Île-de-France, mais aussi d’anciens résidents du Sud. « Ce sont des familles, parfois avec jeunes enfants, ou des couples de
50 ans qui télétravaillent. Ils recherchent un climat plus doux,
un marché moins saturé, et une véritable ambiance locale. La LGV Paris-Dax va
encore renforcer cette attractivité. » explique-t-elle.
Les chiffres confortent cette dynamique, avec des villes balnéaires sur la côte Ouest qui affichent une stabilité notable des prix (+0,2% depuis janvier 2024), avec un prix moyen de 3 483€/m² en Bretagne, et de plus de 5 000€/m² en Nouvelle-Aquitaine. Le différentiel est significatif et attractif, notamment pour les profils d’acquéreurs provenant de la région parisienne où le prix au mètre carré peut atteindre plus de
8 000€ en première couronne.
Une reprise bien
amorcée sur l’arc atlantique, mais sélective
Porté par la baisse
progressive des taux (autour de 3,25% mi-2025), le marché immobilier national
reprend de l’élan, avec un rebond attendu de +1% des prix d’ici la fin de
l’année, et une hausse des transactions prévue de +11% par rapport à 2024 .
Côté littoral, la reprise se vérifie également sur le terrain, mais elle reste
segmentée : sur l’ensemble de la façade atlantique, ce sont les extrémités du
marché qui sont les plus dynamiques.
Dans le Morbihan par
exemple, Anita Chaudet, mandataire Expertimo à Sarzeau note que « les biens en
dessous de 300 000€ et ceux au-delà de 700 000€ se vendent très bien, alors
que la fourchette entre ces deux extrêmes, le milieu de gamme, reste plus
difficile à écouler ». Un segment intermédiaire plus compliqué qui explique
aussi la baisse de franciliens acquéreurs dans la région. « Alors que les
Parisiens intra-muros sont encore présents sur le marché de la Bretagne
Sud, les acheteurs de certains départements comme le 93 ou 95 voire 92 sont en
baisse depuis près d’un an et demi car ils ont plus de mal à vendre leur bien
en Île-de-France pour pouvoir acheter ici, » poursuit Anita Chaudet.
Cette dynamique des
extrêmes se retrouve également dans les villes du sud du littoral atlantique et
notamment dans les Landes. « Les petits budgets trouvent rapidement preneurs que
ce soient des primo-accédants locaux cherchant à se rapprocher de la côte ou
simplement à quitter le statut de locataire, ou les investisseurs, affirme
Yohanna Letoux. A l’opposé, le haut de gamme se vend également très bien
grâce à une clientèle parisienne, ou étrangère ».
Les villes moyennes de
la côte gagnent du terrain
L’attractivité
renforcée du littoral depuis la crise sanitaire a permis l’émergence de
territoires jusque-là moins exposés, notamment en Bretagne Sud, en Vendée, en
Charente-Maritime, sur le Bassin d’Arcachon ou dans les Landes. Face à la
saturation et au renchérissement des stations balnéaires de renom (Biarritz, La
Baule, Arcachon, Île de Ré…), des villes moyennes se sont imposées comme
marchés de report. Leur recette ? Un triptyque gagnant : accessibilité,
cadre de vie et potentiel de valorisation à moyen terme.
Les données confirment
cette dynamique de fond :
+59% en 10 ans à La
Rochelle,
où le prix moyen atteint aujourd’hui 4 600 €/m²
+47% à Royan, ville prisée pour son
équilibre entre prix et qualité de vie (3 773 €/m²)
+49 % à
Saint-Gilles-Croix-de-Vie, qui culmine à 4 245 €/m² malgré un léger recul en 2024
(–10,9%)
La Rochelle est ainsi
devenue un choix alternatif à l’Île de Ré ou au Bassin d’Arcachon, Royan attire
une clientèle familiale en quête de praticité, tandis que
Saint-Gilles-Croix-de-Vie capitalise sur sa douceur de vivre vendéenne.
Si ces villes ont
d’abord joué un rôle de repli, elles sont désormais pleinement intégrées à la
nouvelle carte résidentielle post-Covid. Leur attractivité ne dépend plus du
seul désengorgement des “stars du littoral” : elles offrent un équilibre
durable entre mer, services, mobilité et coût de la vie, permettant des projets
de vie viables pour les familles, jeunes retraités et actifs nomades.
Vers un nouveau cycle
résidentiel, entre hybridation des usages et pression sur l’offre
Au-delà des dynamiques
de marché, le réseau Expertimo constate une transformation en profondeur de la
relation au lieu de vie. Ce n’est plus un effet post-Covid, mais bien un
basculement structurel et culturel dans la manière d’habiter le littoral qui s’opère.
La résidence secondaire traditionnelle cède peu à peu la place à un usage
hybride, préfigurant une installation durable puis définitive. « Beaucoup de
nos clients viennent d’abord pour des vacances, puis organisent leur vie pour
s’installer définitivement, élever leurs enfants, travailler à distance ou
lancer une activité locale. Ce ne sont plus des touristes de passage dans un
lieu de villégiature, mais des habitants à part entière, » constate
Marie-Agnès Johannic.
Ce phénomène redéfinit
les frontières entre résidence principale et secondaire : de nombreuses
familles convertissent leur bien en résidence semi-principale, avec l’idée d’y
vivre plusieurs mois par an, avant de s’y installer à moyen terme. Cette
mutation entraîne une pression accrue sur le marché locatif longue durée,
particulièrement dans les communes touristiques. « Dans certaines communes,
la location longue durée devient presque impossible. La tension est telle que
même les locaux ont du mal à se loger, surtout les jeunes actifs. » observe
Yohanna Letoux. Face à cette tension, plusieurs municipalités prennent des
mesures : surtaxe sur les résidences secondaires, régulation des meublés
touristiques, quotas pour les logements Airbnb… Un mouvement déjà à l’œuvre à
Quiberon, Saint-Malo, Bayonne ou La Rochelle.
Pourtant, malgré ces
restrictions, l’arc atlantique reste un territoire porteur. Il conjugue
stabilité climatique, services de proximité, mobilités douces et équilibre des
prix. Ces fondamentaux solides répondent aux aspirations d’une nouvelle
génération d’acheteurs en quête de sens, de résilience et de qualité de vie.
Fort de ces atouts, le littoral du Grand Ouest s’impose comme un territoire clé
de la nouvelle carte résidentielle française en construction.


