Vers un nouvel impératif environnemental et
stratégique des entreprises
Par Nicky Pillard,
Directrice de la Transformation chez ISOSPACE
Face à l’urgence
climatique, l’écologie s’impose comme une priorité majeure, tant pour les
particuliers que pour les entreprises. Si les efforts se concentrent souvent
sur la consommation énergétique ou la gestion des déchets, l’aménagement des
bureaux représente aussi un levier essentiel de transition. Isolation,
mobilier, équipements, décoration… Il ne s’agit plus de penser uniquement en
termes d’esthétique ou de confort, mais d’adopter une logique durable,
circulaire et responsable à toutes les étapes de conception. Comment
transformer un espace de travail en un moteur concret de performance écologique
en 5 étapes ?
1- Priorité à la performance énergétique
Un aménagement de
bureau éco-responsable commence toujours par la performance thermique. Donc,
avant même de songer à l’ameublement et à la décoration, il est indispensable
de penser à l’isolation thermique du lieu et de s’assurer que l’espace ne sera
pas énergivore. Installer des fenêtres à double vitrage, prévoir une
ventilation naturelle, des volets roulants et des portes thermiques permet de
limiter les déperditions de chaleur et de réduire les besoins en chauffage
l’hiver ou en climatisation l’été. Ces choix techniques sont essentiels à la
fois pour le confort des occupants et pour la réduction des consommations. Si
de nombreuses solutions pour réduire la consommation d’énergie sont désormais
disponibles sur le marché, certaines nécessiteront de réaliser des travaux
supplémentaires.
2- Adopter une démarche circulaire pour les
travaux, la rénovation et le mobilier
Réduire l’empreinte des bureaux peut également passer par la valorisation des déchets d’un chantier, voire leur réutilisation. Ainsi, des chutes de bois ou de métal deviennent des cloisons, du mobilier ou encore des éléments décoratifs uniques, tandis que le plâtre peut être recyclé ou upcyclé. D’anciennes portes peuvent également devenir les plateaux des nouveaux bureaux, comme cela a été fait au siège de LCL. Cette approche permet non seulement de réduire l’extraction de nouvelles ressources, mais surtout de diminuer la production de nouveaux déchets. En prime, l’espace de travail gagne une dimension responsable et créative, valorisant le savoir-faire local tout en limitant l’impact environnemental.
Cette démarche s’étend
également au mobilier et consiste à sélectionner des produits dont l’empreinte
écologique globale est la plus basse possible. Cette dernière est calculée
selon divers critères comme la composition du meuble, le mode de fabrication,
le mode de transport, le niveau de réparabilité etc. Aujourd’hui plusieurs
labels existent pour aider à choisir les bons fournisseurs tel que Kollori.
Enfin, le marché de l’occasion reste une solution bas carbone.
3- Décorer et accessoiriser en toute
conscience
La décoration est également une étape à ne pas négliger. Pour les peintures, par exemple, il est recommandé de choisir des produits biologiques à hauteur de 95 à 98%, d’opter pour des peintures naturelles à l’huile de lin ou de soja. Les labels Ecolabel ou NF Environnemental sont des indicateurs fiables. Pour les sols et revêtements, c’est le label GUT qui récompense les produits respectueux et recyclables. Enfin, il est possible d’avoir recours à de faux plafonds écologiques pour créer une ambiance unique au bureau.
Si les accessoires
permettent de personnaliser un bureau, certains peuvent être nocifs pour la
santé et l’environnement. Aujourd’hui, il conviendra de privilégier les lampes
à LED plutôt que les lampes fluorescentes compactes. Les premières permettent
de faire des économies d’énergie, tandis que les secondes contiennent du
mercure hautement toxique. Côté fournitures : avant d’en commander de
nouvelles, un simple tri peut permettre la réutilisation de celles déjà
utilisées comme les classeurs et les pochettes.
4- Végétaliser l’espace de travail
Pour renforcer ces
premiers efforts, il peut également être pertinent de végétaliser l’espace.
Qu’il s’agisse de grandes plantes ou de pots posés sur le bureau, les végétaux
contribuent à l’assainissement de la pièce. En effet, l’humidité optimale dans
un bureau espace est de 40 à 60 %. Les fougères et les plantes ficus, entre
autres, apportent beaucoup d’humidité. Le lichen, de son côté, ne nécessite pas
d’entretien et permet de constituer une cloison végétale pour créer des espaces
individuels dans un bureau ouvert. Au-delà de contribuer au confort des lieux,
les plantes jouent un rôle dans le bien-être des salariés.
5- Opter pour des appareils électroniques
moins énergivores
Enfin, l’aménagement
d’un bureau passe par l’acquisition d’appareils électroniques. Afin de limiter
l’impact sur l’environnement, il est conseillé d’opter pour la location plutôt
que pour l’achat, de manière à les restituer dès qu’ils ne sont plus utiles. Il
est préférable aussi de donner la priorité à du matériel reconditionné. En
comparaison avec l’achat de produits neufs, l’impact est réduit de 80 %. Pour
finir, les accessoires peu utilisés peuvent être mutualisés, comme les
imprimantes communes à plusieurs collaborateurs.
Aménager des bureaux
éco-responsables ne relève plus du simple geste symbolique : c’est un acte
structurant pour toute entreprise engagée dans la transition, un nouvel
impératif de durabilité et d’attractivité. De l’enveloppe thermique au
mobilier, de la décoration à la gestion des équipements, chaque détail compte.
Cette exigence de cohérence écologique devient un levier de performance, de bien-être et d’image. Elle appelle à une approche globale, circulaire et anticipée. Car demain, ce sont les bureaux durables qui feront les entreprises durables.


