L’enquête
Salary Budget Planning - édition juillet 2025, menée par WTW, leader du
courtage et du conseil - révèle qu’en France les augmentations salariales
réelles médianes attribuées en 2025 s’élèvent à 3,1%. C’est 0,4 point en
dessous du niveau anticipé en début d’année (3,5%).
Pour 2026, les
entreprises anticipent un budget similaire, à 3,2%, confirmant une dynamique de
stabilisation, bien que les incertitudes économiques persistent.
Recrutement et
fidélisation : des difficultés en baisse, mais toujours présentes
Les décisions des
entreprises concernant la hausse des salaires s’inscrivent dans un contexte
économique nouveau mais également dans le cadre d’un marché de l’emploi en
évolution : 28% des entreprises déclarent avoir rencontré des difficultés pour
attirer ou fidéliser les salariés en 2025, en baisse de 6 points par rapport à
2023 et de 1 point par rapport à 2024 à la même période de l’année. Si ce
chiffre baisse, il reste révélateur d’un marché de l’emploi toujours en
tension.
Les augmentations
salariales sont stables mais supérieures à l’inflation
L’augmentation médiane
des salaires attribuée en 2025 s’établit à 3,1%, en retrait par rapport à
l’augmentation médiane des salaires attribuée en 2024 (3,8%), mais
significativement au-dessus de l’inflation prévisionnelle qui devrait avoisiner
les 1% cette année. Cet écart et cette évolution témoignent d’une approche
prudente des entreprises quant aux coûts et de leur besoin de rester
compétitives sur le marché de l’emploi.
Les principales raisons de ce ralentissement, par rapport à 2024, citées par les entreprises sont des résultats financiers inférieurs aux attentes (42%) et des politiques de maîtrise des coûts (31%). Plus de
4 entreprises françaises sur 10 (41%) ont
réduit leur budget d’augmentation salariale en 2025 par rapport à ce qui était
initialement prévu et budgété. Pour les 10% des entreprises qui ont augmenté
leur budget par rapport à ce qui était initialement prévu, les pressions et
tensions du marché de l’emploi sont le principal facteur cité.
Bien que les
augmentations salariales attribuées en 2025 soient inférieures à celles
observées ces dernières années, elles témoignent néanmoins d’un renversement de
tendance : en effet, les augmentations salariales médianes sont désormais
supérieures, voire significativement supérieures à l’inflation observée et les
salariés français vont, en moyenne, recommencer à gagner en pouvoir d’achat.
Le contexte économique
et du marché de l’emploi spécifique à chaque secteur d’activité étant
particulier, il est important de noter les différences dans les pratiques
d’augmentations salariales attribuées en 2025 par secteur d’activité :
• Certains secteurs d’activité se sont montrés
plus dynamiques que le marché général en termes d’augmentations salariales
attribuées en 2025 :
c’est notamment le cas des secteurs des énergies et ressources naturelles
(3,5%), pharmaceutique et de distribution (3,4%) et des services financiers
(3,3%)
• D’autres secteurs d’activité ont connu des
contextes plus contraints et des politiques de rémunération moins dynamiques : tel est le cas des
secteurs de l’immobilier, des transports et de la logistique et de
l’aéronautique (3%)
Au-delà du secteur
d’activité, il est également important de noter que les pratiques
d’augmentations salariales dans les entreprises dont le siège social est en
France sont en moyenne moins agressives et dynamiques que dans les filiales de
groupes étrangers en France : l’augmentation salariale médiane attribuée en
2025 par les entreprises dont le siège social est en France avoisine les 2,5%
et elle nuance avec le chiffre de 3,2% propre aux filiales de groupes étrangers
opérant en France. Cette nuance est principalement le reflet de l’offre
d’avantages (couverture santé, opportunité de développement, de formation et de
mobilité, sécurité de l’emploi, marque employeur, avantages CSE, …) plus
importante en moyenne au sein des entreprises dont le siège social est en
France.
L’évolution des
augmentations salariales attribuées en 2025 par rapport aux augmentations
salariales attribuées en 2024 dans les principaux marchés est relativement
comparable à l’évolution observée en France : 3,5% en 2025 vs. 4% en 2024 aux
Etats-Unis, 3,8% vs. 5,9% en Chine, 3,6% vs. 4% au Royaume-Uni et 3,6% vs. 4%
en Allemagne.
Les prévisions pour les
augmentations salariales en 2026 s’annoncent similaires, avec un budget
prévisionnel médian de 3,2% en France. Cette tendance s’inscrit dans un
mouvement global : dans la majorité des grands marchés les augmentations
salariales prévues en 2026 restent stables par rapport à celles attribuées en
2025, à des niveaux médians compris entre 3,2% et 3,6% en moyenne.
Après deux années de forte progression, les dépenses salariales tendent à se stabiliser. En 2024,
79%
des entreprises avaient augmenté leur masse salariale. En 2025, cette
proportion chute à 57%, tandis que 27% des entreprises indiquent même une
baisse de leurs dépenses totales de masse salariale. La hausse moyenne
enregistrée en 2025 est de 1,1%, contre 4,3% en 2024 et 7,1% en 2023,
traduisant ainsi un net ralentissement et une grande prudence des entreprises
quant à la gestion de leurs coûts salariaux.
Dans ce contexte, les
critères d’attribution des augmentations salariales évoluent. Près de
trois-quarts des entreprises (74%) déclarent privilégier les augmentations au
mérite (maîtrise du poste, performance, …), loin devant les augmentations
relatives aux promotions, qui ne sont citées que par 43% d’entre elles. La
tendance, notamment observée entre 2020 et 2024, à l’attribution
d’augmentations générales ou collectives est significativement en baisse en
2025, notamment à la lumière du retour à une inflation à des niveaux plus
maîtrisés : seules 7% des entreprises déclarent prévoir des augmentations de
salaires pour améliorer le pouvoir d’achat ou compenser la perte de pouvoir
d’achat des salariés en conséquence de l’inflation.
Les entreprises
actionnent d’autres leviers en complément des augmentations salariales
Pour faire face à ces
enjeux de maîtrise des coûts et d’optimisation de l’attraction et de la
rétention des talents, les entreprises tendent à augmenter les niveaux de
rémunération à l’embauche (40%), à réaliser une revue complète de la
rémunération de tous les salariés (37%) ou à embaucher des salariés à un niveau
supérieur dans l’échelle salariale applicable (37%).
Au-delà des actions en termes de rémunération, les entreprises ont également mis en œuvre en moyenne deux mesures, et prévoient d’en ajouter une supplémentaire afin de répondre au contexte économique et aux exigences du marché de l’emploi.
Parmi les mesures
les plus fréquemment mises en place ou envisagées, figurent :
• L’amélioration de l’expérience salarié (EX)
(75%)
• Le renforcement des politiques de diversité,
équité et inclusion (DEI) (65%)
• L’évolution des dispositifs de santé et
bien-être (61%)
• Améliorer l’accompagnement, la formation et
le développement des salariés (58%)
• L’amélioration des conditions de travail
flexible (44%)
En effet et malgré les
récentes annonces de certaines entreprises concernant un « retour en arrière »
en termes d’offre de travail flexible, la flexibilité reste une pratique très
courante et n’est plus un élément différenciant pour les entreprises : 89%
d’entre elles offrent le choix du lieu de travail et 77% des salariés
travaillent sur un modèle hybride ou à distance.
Les budgets
d’augmentations salariales, nouvel outil de lutte contre les inégalités
Dans le prolongement
des politiques de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI), certaines
entreprises françaises commencent également à mobiliser leurs enveloppes
d’augmentations salariales comme levier stratégique pour réduire les écarts de
rémunération injustifiés, notamment entre les femmes et les hommes. Alors que
la transposition puis la mise en œuvre de la directive européenne sur la
transparence des rémunérations se rapprochent, un nombre croissant
d’entreprises anticipe ses exigences en réalisant des analyses internes de
l’équité salariale et en consacrant une partie de leurs budgets à des
ajustements ciblés. Près d’un quart des entreprises interrogées déclarent avoir
déjà mis en œuvre ou envisagent de mettre en œuvre des augmentations
spécifiques pour corriger ces écarts, traduisant une volonté de combiner
conformité réglementaire et engagement en faveur de l’égalité professionnelle.
« Malgré un net ralentissement des augmentations salariales en 2025 pour accompagner les stratégies de maîtrise des coûts dans un contexte économique incertain, les entreprises françaises cherchent à préserver leur attractivité et leur compétitivité dans une démarche prudente : par des budgets d’augmentations salariales supérieurs à l’inflation observée et par des ajustements ciblés en faveur des talents clés et des salariés les plus performants et par des niveaux de salaire à l’embauche plus agressifs. Les entreprises françaises prévoient également de continuer à investir et à s’investir dans l’équité salariale et professionnelle, dans les politiques de diversité et d’inclusion et dans l’évolution des dispositifs de couverture santé et de bien-être et dans la flexibilité du travail.
Dans un contexte économique exigeant, marqué par des arbitrages budgétaires plus stricts, les décisions en termes de politiques de rémunération et d’avantages deviennent plus stratégiques et redeviennent plus sélectives », analyse Khalil Ait-Mouloud, Directeur de l’activité enquêtes de rémunération chez WTW en France.


