Prévisions du 2ème
semestre 2025 de l’Observatoire du Véhicule Industriel (OVI) de BNP Paribas
Artegy sur les secteurs du Transport Routier de Marchandises (TRM) et du
Véhicule Industriel (VI).
« Comme prévu, le coup de frein, qui s’est opéré au deuxième semestre 2024, s’est accéléré sur les
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premiers mois de 2025 avec une marche arrière de près de -20% s’appuyant sur
une base de comparaison défavorable. Les prochains mois devraient confirmer la
baisse des immatriculations malgré un deuxième semestre 2024 en forte baisse.
L’instabilité demeure sur tous les aspects : politique, réglementaire,
environnementale, économique et technologique. 2025 sera donc une année en retrait et nous resserrons nos perspectives
vers le bas de la fourchette tout en conservant une vision optimiste du marché.
» déclare
Arnaud Villéger, Directeur de l’Observatoire du Véhicule Industriel.
Ralentissement en
Europe et en France
1/ Une baisse des
immatriculations sur toute l’Europe : -15,2%
Le marché des véhicules industriels de 3,5t et + en Europe a subi une année 2024 en recul, avec
392 175
véhicules immatriculés, en baisse de 5,5% par rapport à 2023, qui avait été
une année exceptionnelle.
Pour le 1er trimestre 2025, le ralentissement pour les véhicules de 3,5t se poursuit, puisqu’on perd
15,2% d’immatriculations par rapport au 1er trimestre 2024. La baisse des
ventes de VI a commencé au 3ème trimestre 2024, où le nombre d’immatriculations
par trimestre est descendu sous les 100 000 unités sur l’ensemble de l’Europe,
alors que lors des six trimestres précédents, il était situé au-dessus.
L’Allemagne, pays
dominant pour les immatriculations de VI de 3,5t et +, s’effondre en repli
de -25,4%. L’Espagne, après une très
bonne année 2024 avec +120% et 32 140 immatriculations, recule au 1er trimestre
2025 de 13%.
L’Italie, qui a stagné
en 2024 (-0,7% à 28 698 véhicules), recule pour sa part au 1er trimestre de 9,4%.
L’Europe de l’Est se replie au 1er trimestre 2025 de 10,8%, dont la Pologne de
12,5% après une année 2024 particulièrement difficile où les immatriculations
avaient reculé de 18,9% pour l’ensemble des pays de l’Est et de 20,9% pour la
seule Pologne.
2/ Un marché français
en net repli : -19,1 % sur les 5 premiers mois 2025
Sans atteindre des
sommets comme en 2019, les immatriculations de VI de + de 5 tonnes en France
ont terminé 2024 sur une bonne note à 49 056 unités, en hausse de 0,4% par
rapport à l’année précédente. La particularité de 2024 est le fort repli des
tracteurs, qui ont reculé de 10,3% à 25 510 immatriculations, et la bonne tenue
des porteurs, en hausse de 15% à 23 473.
Ce mouvement a perduré
sur les cinq premiers mois de 2025 :
• Le nombre d’immatriculations de tracteurs continue de reculer, il perd 28,4% par rapport à la
même période de 2024, à 8 960 véhicules enregistrés. La baisse
brutale des tracteurs a commencé en juillet 2024.
• Le nombre de porteurs
recule également,
mais dans une moindre proportion, de 7,2% à 9 104 unités. Mensuellement, on ne
constate pas le même arrêt brutal du marché que pour les tracteurs. Il est
assez rare pour le noter que le nombre de porteurs immatriculés est supérieur à
celui des tracteurs, ce qui laisse penser qu’un nombre important d’entre eux
est constitué par les reliquats de carnets de commande des
carrossiers-constructeurs.
Au global, le marché
français se replie de 19,1% sur les cinq premiers mois, et sur les douze
derniers mois, la baisse est de 10,9% à 44 793 immatriculations.
Sur dix ans, le positionnement des tracteurs est nettement en retrait de la moyenne, qui est de
10 909 immatriculations sur cinq mois, et seule 2020 fut une année en-deçà de 2025 à 7 186 unités.
Pour les porteurs, le nombre d’immatriculations se situe légèrement au-dessus de la moyenne des
dix ans à 9013 véhicules.
3/ Un marché français
du VUL en repli de 8,1%
Les VUL ont fini l’année 2024 en légère progression de 0,7% à 381 781 immatriculations. Sur dix ans,
ces deux dernières années ont été bien en-dessous de la moyenne, qui se
situe à 407 466, et loin des années fastes de 2018 et 2019, où plus de 450 000
véhicules avaient été immatriculés.
Le début de l’année
2025 a été beaucoup moins favorable que celui de 2024. La baisse des
immatriculations atteint 8,1% à 148 075 véhicules, mais si le début de l’année
2024 a été très bon avec 161 106 véhicules, la suite a montré un certain
ralentissement par rapport à l’année précédente.
2025 : une année de
défis
1/ Un défi financier
La situation économique
actuelle fragilise les trésoreries des entreprises. Ainsi le secteur est
impacté par une forte croissance des défaillances.
En plus de cette baisse
d’activité, les entreprises de transport doivent programmer des investissements
par exemple pour faire face à la fermeture annoncée des réseaux 2G et 3G
(respectivement à partir de fin 2025 et fin 2028) perturbant directement le fonctionnement
de la télématique.
2/ Des délais de
livraison normalisés mais qui progressent
Les délais de livraison
se sont normalisés mais progressent encore. Pour les constructeurs, ils
s’établissent en-dessous de 100 jours à 97, mais progressent de nouveau car ils
se situaient à 87 jours en décembre dernier. Près de la moitié des concessionnaires
subissent encore des délais supérieurs à 100 jours. Chez les carrossiers, les
délais continuent de baisser. Ils n’ont jamais atteint les délais des
constructeurs, mais sont passés de 118 jours il y a un an à 111 en décembre
dernier, et sont actuellement de 104. On notera qu’ils ne sont pas passés sous
les 100 jours depuis 2017.
3/ Des carnets de
commandes insuffisants pour anticiper un rebond
Les carnets de
commandes reculent pour les porteurs neufs (-12%). L’investissement pour les
extensions de parc est en recul et s’établit à 8,3%, très en-deçà du volume
estimé pour envisager une extension du parc.
4/ Le marché des
véhicules d’occasion aussi en repli
Les ventes de VO sont
en forte diminution à -27% pour les tracteurs et à -23% pour les porteurs chez
la grande partie des concessionnaires. Les prix des tracteurs d’occasion
reculent chez presque tous les distributeurs, -8% en moyenne, comme pour les
porteurs à -9%.
5/ L’électrification de
la flotte est en panne
Face à une économie en
décroissance et des trésoreries qui se tendent, les mises à la route de
véhicules électriques restent marginales. Malgré les efforts des constructeurs,
des infrastructures de recharge en déploiement et des offres de financement et de
services pour accompagner la transition, la demande n’est pas au rendez-vous
faute de moyens financiers et d’un modèle économique fragile.
Prévisions 2025 de
l’OVI resserrées sur le bas de la fourchette
Conclusion
Le transport a traversé
de nombreuses crises ces dernières années et a toujours démontré sa forte
résilience. Les années 2025 et 2026 seront donc difficiles pour l’écosystème du
véhicule industriel mais celui-ci sera sans nul doute au cœur de la reprise économique
européenne.
Il est vrai que les
crises stimulent l’innovation en forçant les entreprises à repenser leurs
modèles. Elles accélèrent l’adoption de nouvelles technologies (télématique,
motorisation électrique), l’optimisation des processus et la réduction des
coûts (via l’écoconduite, la meilleure organisation des tournées).
Si les enjeux
climatiques demeurent, la demande d’électrification reste, à ce stade,
marginale du fait d’un avenir incertain pour les ZFE et de sauts technologiques
encore coûteux malgré la stabilité des aides via les CEE.
La transition est nécessaire et inéluctable mais prendra plus de temps que prévue.


