Commerce Équitable France publie son observatoire annuel des ventes
de produits issus du commerce équitable en France.
En 2024, les ventes des
produits provenant du commerce équitable explosent, affichant une croissance de
+25%.
Le marché français du commerce équitable pèse désormais 2,6 milliards
d’euros.
Une croissance qui repose sur le formidable dynamisme des filières
françaises de commerce équitable (+65% d’augmentation en 2024).
Les clefs du succès du
commerce équitable : des principes qui résonnent avec les valeurs des français
Le combat historique
des acteurs de commerce équitable pour la juste rémunération des petits
producteurs du Sud se déploie avec succès dans les filières agricoles et
alimentaires françaises. Avec une offre de produits qui s'étoffe et se
diversifie dans toutes les catégories alimentaires, les produits de commerce
équitable “origine France” (lait, fruits et légumes, céréales etc.) pèsent
désormais autant, en valeur, que les produits tropicaux de commerce équitable
(cacao, thé, café etc.) - respectivement
1,31 milliards d’euros et 1,34
milliards d’euros. La croissance du commerce équitable (+25%) contraste avec
une consommation alimentaire atone estimée par l’INSEE à 1,3%.
Les pratiques du
commerce équitable font écho aux valeurs partagées par une majorité de Français
et Françaises : « Consommer équitable c’est reconnaître
l’importance de rétribuer dignement toutes celles et ceux qui produisent notre
alimentation. Le commerce équitable est un contrat social qui renoue des liens
de solidarité et de proximité entre ceux qui produisent, ceux qui transforment
et ceux qui consomment : il ouvre de nouvelles perspectives aux producteurs
tout en invitant les consommateurs à s’engager », analyse Julie
Stoll, déléguée générale de Commerce Equitable France.
La France confirme sa
place de leader européen du Commerce Équitable “national”
La croissance
exceptionnelle du commerce équitable en 2024 s’appuie sur un travail de
structuration sectorielle entamé depuis 10 ans et rendu possible par une
régulation française unique en Europe : les principes essentiels du commerce
équitable sont inscrits dans la loi relative à l'Économie Sociale et Solidaire
de 2014. Par la suite, la loi climat de 2021 a confirmé la vocation
d'accompagnement des transitions (agro)écologiques du commerce équitable et
l'exigence de recourir à des labels indépendants pour attester des pratiques
revendiquées par les entreprises. C’est sur ce socle, hérité des pratiques
historiques de commerce équitable dans les filières dites de “solidarité
internationale”, que se sont déployées les filières françaises du commerce
équitable.
Selon Julie Maisonhaute,
déléguée adjointe de Commerce Equitable France, le cadre juridique français a
été déterminant dans le succès de l’essor du commerce équitable ces dernières
années. « Il assure la sécurité requise pour inciter les acteurs
économiques à participer au commerce équitable, tout en renforçant la
crédibilité de celui-ci aux yeux des consommateurs. Les résultats sont au
rendez-vous puisqu’en 10 ans les ventes de produits équitables ont été
multipliées par 5 et nous sommes passés de 3 500 références produits à près de
15 000 aujourd'hui ».
Les chiffres clefs du commerce équitable en France en 2024
➔
8 labels de commerce équitable permettent de garantir la mise en oeuvre des
engagements de la loi
➔
environ 600 entreprises, essentiellement des PME, engagées dans des filières de
commerce équitable
➔
15 000 références de produits labélisés de commerce équitable (versus 3 500 en
2014)
➔ 12 000 producteurs français réunis au sein de
100 organisations paysannes bénéficiant de relations de commerce équitable
➔
3 millions de familles, soit 15 millions de personnes à travers le globe sur
les filières internationales de commerce équitable
➔
Des ventes multipliées par 5 depuis 2014
Principales
progressions des produits tropicaux du commerce équitable
La croissance des
filières internationales de commerce équitable a été modeste en 2024 (+1%),
avec quelques belles progressions sur certains segments comme le sucre (+42%)
ou le café (+4%).
A noter que les
productions tropicales font face à des enjeux de restauration des écosystèmes
et d’adaptation aux réchauffements climatiques très importants. Or, les niveaux
des prix payés aux producteurs et leur volatilité ne leur permettent
généralement pas d’investir dans la transition écologique de leurs pratiques
agricoles. En soutenant une meilleure rémunération des producteurs et leurs
organisations collectives, le commerce équitable apparaît comme un levier de
transition écologique majeur pour faire face à ces enjeux.
La progression des
filières françaises de commerce équitable illustrée à travers la filière
laitière
La croissance de +34% des produits laitiers équitables, en bio comme en conventionnel, s’appuie sur une diversification de l’offre. On trouve des nouvelles gammes en lait, yaourts et fromages.
Le rôle clef des
circuits de distribution pour dynamiser la consommation équitable
Les lieux de
distribution des produits issus du commerce équitable sont variés : la GMS pèse
pour 46,6% des produits équitables vendus, en hausse par rapport à 2023, où la
GMS représentait 43% des ventes. Cette progression des produits équitable dans
la grande distribution, portée par les filières équitables “made in France”
participe à la montée en puissance de la notoriété de la démarche et accompagne
son installation dans la consommation des français.
A noter également la
montée en puissance significative des ventes équitables “hors domicile”
dynamisées par les progressions en restauration collective. L’impulsion donnée
par la loi égalim – avec l’obligation pour la restauration publique d’offrir au
moins 50% d’alimentation durable dans les cantines – structure de nouveaux
débouchés. Une offre dédiée à ce secteur monte en puissance pour les produits
équitables des “filières internationales” comme des filières locales “made in France”.
Un commerce équitable
qui dépolarise les débats en se mobilisant à la fois en faveur de la dignité
des agriculteurs et de l’adaptation au changement climatique
La réalité du
réchauffement climatique sur la production agricole se fait sentir partout, en
France comme dans le reste du monde, avec notamment des chutes de rendements
des productions comme le blé, le riz ou encore le cacao et le café.
Pour garantir la
sécurité alimentaire mondiale, le monde agricole doit investir dans des
stratégies d’adaptation qui intègrent des pratiques plus résilientes et plus
écologiques. Or, alors qu'un agriculteur sur 5 en France vit sous le seuil de
pauvreté, et plus des ⅔ dans les pays du Sud, ces changements sont coûteux,
difficiles et risqués. Pour rendre ces transitions agroécologiques possibles,
les acteurs des filières alimentaires doivent eux aussi contribuer à ces
investissements. Dans le commerce équitable, les outils qui permettent de
sécuriser une juste rémunération aux agriculteur s, sont aussi ceux qui
permettent d’investir dans la transition :
- Des prix
rémunérateurs payés par les acteurs de l’aval des filières - Une visibilité
économique avec des contrats sur la durée
- Des groupements de
producteurs solidaires pour accompagner collectivement les défis techniques et
économiques de la transition écologique.
Julie Stoll explique « En réduisant les
risques de transition, le commerce équitable dépolarise les débats sur
l’agriculture et permet de passer à l’action. L'engagement dans la transition
écologique se matérialise, notamment, par la forte proportion des produits bio
dans le secteur du commerce équitable ».
78% des références de
produits issus du commerce équitable sont également labellisés bio. En valeur
ce sont 74% des produits équitables “filières internationales” et 37% des
produits équitables “made in France” qui arborent la double labellisation bio
et équitable.
L’enjeu principal pour
le collectif Commerce Equitable France : Permettre l’accès au plus grand nombre
à une alimentation issue du commerce équitable
« Le collectif se félicite de cette dynamique de croissance. Notre enjeu est de poursuivre l’accompagnement de la progression du secteur et de ses impacts et de permettre au plus grand nombre d’avoir accès à une alimentation qui rémunère dignement les agriculteurs sans détruire ni la santé ni la planète » conclut Julie Stoll.