Baromètre
Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur & Bpifrance Le Lab.
Pour la première fois depuis la crise sanitaire, la santé des dirigeants fragilisée : 82% souffrent de maux physiques ou psychologiques.
La Fondation MMA des
Entrepreneurs du Futur et Bpifrance Le Lab livrent les enseignements du
baromètre annuel sur la santé physique et psychologique des dirigeants de TPE,
PME et ETI en France. Une enquête réalisée par l’institut Occurrence auprès de
1 515 dirigeants au printemps 2025. Cette édition charnière révèle pour la
première fois depuis la crise sanitaire une dégradation de la santé physique et
psychologique des décideurs. Des femmes et des hommes qui, après avoir affronté
tant de crises depuis la Covid, montrent des signaux palpables d’essoufflement.
Cette édition interroge
également les dirigeants sur leur rapport à la consommation d’alcool, de tabac,
de drogues et de médicaments. Alors qu’un sondé sur quatre confie avoir déjà
été confronté à une addiction, seule une minorité choisit de se faire aider.
82% des dirigeants
connaissent des troubles physiques : leur santé montre des signes préoccupants
de dégradation
Pour la première fois
depuis la période Covid, les indicateurs sur la santé physique et psychologique
des dirigeants, femmes et hommes, sont en baisse.
Si la grande majorité
des dirigeants estiment encore être en bonne santé physique (85% vs. 90% en
2024), 82% des sondés déclarent ressentir au moins un trouble physique ou
psychologique, un taux en hausse de 11 points sur un an (71% en 2024) et de
plus de 20 points sur 3 ans (59% en 2021).
Dans le détail des secteurs d’activités, on observe d’importantes disparités : 91% des agriculteurs et
88% des dirigeants du secteur santé/social évoquent des
souffrances, contre 77% dans le secteur public ou 78% dans les transports.
Tous secteurs
confondus, le mal de dos (52%, +7 pts), les troubles du sommeil (48%, +15 pts)
et les troubles anxieux (48%) touchent désormais la moitié des dirigeants.
Notons également que les douleurs articulaires (+9 pts) ou encore les migraines
(+7 pts) et troubles digestifs (+7 pts) sont plus durement ressentis cette
année.
1 dirigeant sur 3 en
mauvaise forme psychologique, avec d’importantes disparités selon les secteurs
mais aussi selon l’âge de l’entreprise ou le capital détenu
Depuis 2021, le taux de
dirigeants en bonne forme psychologique oscille entre 76 et 80%. Cette année,
ce taux chute à 68%, soit 8 points de moins qu’en 2024.
Si une personne
interrogée sur trois en moyenne (32%) évoque une mauvaise forme psychologique,
l’étude révèle des réalités contrastées d’un secteur à l’autre (39% dans les
services aux particulier vs. 25% dans l’industrie) mais aussi selon le capital
détenu (37% chez les dirigeants avec 100% du capital vs. 22% chez les
non-actionnaires).
L’âge de l’entreprise
apparaît également comme facteur impactant. Plus la date de création/reprise
s’éloigne, plus l’état de santé psychologique du dirigeant se dégrade. 35% sont
en mauvaise forme lorsque l’entreprise a entre 15 et 20 ans vs. 17% lorsque
l’entreprise a moins de 3 ans. Un delta qui pourrait laisser entrevoir une
forme d’optimisme pour les dirigeants qui entament leur projet, et à l’inverse
une fatigue mentale installée après de longues années à la tête de
l’entreprise.
Le renoncement aux
soins reste une constante : 1 dirigeant sur 3 a renoncé à consulter sur l’année
et 1 sur 10 ne voit jamais de médecin
Faut-il y voir une
cause ou une conséquence de la dégradation de leur santé ? Le comportement des
dirigeants vis-à-vis de leur suivi médical reste, dans tous les cas, constant :
11% des décideurs ne vont jamais voir de médecin (un taux qui s’élève jusqu’à
18% dans l’hôtellerie restauration et 16% dans l’industrie).
34% ont annulé une
consultation médicale dans l’année par manque de temps (cité à 68%) ou pour
privilégier leur activité (cité à 34%). Un constat strictement identique aux
dernières années.
Focus 2025 -
Consommations à risque d’alcool, tabac, drogues et médicaments
Après avoir étudié le
renoncement (aux soins, à la parentalité, à aider un proche) et le rapport à la
maladie longue comme le cancer, cette édition 2025 lève un nouveau tabou
sociétal en questionnant les femmes et hommes dirigeants sur leur consommation d’alcool,
de tabac, de stupéfiants ou de médicaments.
Les résultats de
l’enquête sont mis en miroir avec les statistiques publiques des Français
(Santé Publique France ; Observatoire Français des Drogues et Tendances
Addictives ; INRS).
|
Chez les dirigeants |
Chez les Français |
Alcool |
52%
(au moins |
37
% (hebdomadaire) |
Tabac (Cigarette et vapotage) |
21% |
23% |
Médicament (Contre l’anxiété et la dépression) |
5% |
21% |
Stupéfiants (Cannabis, cocaïne, amphétamines…) |
2 % |
3,4% |
La moitié des
dirigeants consomme de l’alcool au moins une fois par mois. Ils ne fument pas plus
que la moyenne nationale et sont 4 fois moins nombreux à prendre des
médicaments contre l’anxiété et la dépression.
52% des dirigeants
indiquent qu'ils consomment de l’alcool au moins une fois par mois et parmi
eux,
65% consomment de manière hebdomadaire. 7% des sondés consomment
quotidiennement de l’alcool, une part identique à la tendance nationale.
Une part très
minoritaire de dirigeants font usage de stupéfiants et de médicaments
Une partie très
minoritaire des sondés (2%) confie consommer des drogues illégales, en-dessous
de la moyenne nationale de 3,4%. De même, l’étude révèle que les chefs
d’entreprises sont très peu nombreux (5%) à prendre des médicaments contre la
dépression et l’anxiété. Un taux remarquablement bas comparé à la moyenne
nationale de 21%.
L’habitude et l’envie
de « décompresser », premières raisons invoquées par les dirigeants. La quête
de performance reste très à la marge
Interrogés sur les
occasions où ils consomment alcool, tabac ou drogue, les dirigeants évoquent à
30% les ‘mondanités professionnelles’, à 52% des festivités personnelles et à
40% plutôt chez soi.
Pour 24% des sondés, la consommation n’est liée à aucun
contexte particulier.
Sur les raisons qui les
amènent à consommer, les dirigeants vont plutôt évoquer une quête de plaisir
(40%), de détente (42%) ou par habitude (49%). La notion de performance («
tenir le rythme ») est finalement très à la marge, évoquée à 8%.
Près d’1 chef
d’entreprise sur 4 démontre une consommation à risque
Cette enquête nous révèle in fine que 23% des chefs d’entreprises interrogés ont une consommation
à risque d’alcool, tabac, drogue ou médicament.
Par consommation à
risque s’entend :
- Plus de 8 verres d’alcool par semaine
- (et/ou) Fumeur quotidien
- (et/ou) Consommation de drogue au moins une
fois par mois
- (et/ou) Consommation de médicaments au moins
une fois par mois
Des dirigeants
massivement convaincus que leur consommation n’impacte pas leur travail et
encore moins leur entreprise
Parmi ces chefs
d’entreprise avec une consommation à risque, seule une poignée reconnait un
impact sur son quotidien (8% des sondés ‘à risque’) et sur son entreprise (4%).
Ils font alors état de
conséquences plutôt négatives pour eux-mêmes (baisse de la productivité,
fatigue chronique) mais des effets plutôt positifs pour leur entreprise
(meilleure relation client, hausse du chiffre d’affaires, meilleures relations
collaborateurs).
Alors qu’1 dirigeant
sur 4 reconnaît souffrir ou avoir souffert d’une addiction, seul un petit tiers
a cherché à se faire aider
1 dirigeant sur 4
confie souffrir ou avoir déjà souffert d’une addiction dans sa vie. Une grande
majorité d’entre eux (60%) n’a pas souhaité se faire aider. Est-ce par crainte
de fragiliser leur image et celle de leur entreprise, ou par habitude de gérer
leurs problèmes seuls ? Parmi celles et ceux qui ont souhaité être aidés, 74%
se sont orientés vers un professionnel de santé.
Selon Sylvie Bonello,
déléguée générale de la Fondation MMA Entrepreneurs du Futur : « Alors qu’ils font
preuve d’une force de résilience absolument remarquable depuis la Covid, les
femmes et hommes dirigeants montrent de premiers signes d’essoufflement, qu’il
nous faudra surveiller et accompagner. Nous avons choisi de dédier notre focus
sociétal annuel aux problématiques de consommations de tabac, alcool, drogue et
médicaments, qui peuvent avoir un impact dramatique sur la santé. Un chiffre
nous met particulièrement en alerte car il dit beaucoup de la relation des
dirigeants à leurs problématiques de santé :
25% des dirigeants souffrent ou ont souffert d’une addiction et la
majorité ne sont pas aidés. Un enseignement clé que nous devons intégrer aux
actions de sensibilisation que nous menons tout au long de l’année. »
Élise Tissier, directrice Bpifrance le Lab, poursuit : « La santé des dirigeants de TPE/PME, souvent propriétaires de leur entreprise, est le premier actif hors bilan de l’entreprise. Or, cet actif s’est nettement dégradé en un an, encore plus pour les chefs d’entreprise qui sont seul(e)s actionnaires, preuve de la pression exercée lorsque patrimoine et revenus de l’entreprise reposent sur les épaules d’une seule et même personne. Deux éclaircies dans ce baromètre : l’industrie et les créateurs d’entreprise. La santé mentale est meilleure chez les dirigeants industriels et les fondateurs. Et la bonne nouvelle du focus de l’année : entreprendre est bon pour la santé, puisqu’il permet aux dirigeants de ne pas (ou très peu) consommer d’anxiolytiques ! L’alcool n’est pas plus présent dans le quotidien des dirigeants que dans celui des Français en général, alors qu’il reste encore souvent lié aux évènements professionnels. »