Dans le
cadre du concours « Créatrices d’Avenir » Initiative Ile-de-France publie la
deuxième édition de son baromètre : Entrepreneuriat et inégalités de
genre.
• 56% ont été confrontées à des discriminations
comme des commentaires sexistes ou paternalistes, à des avances déplacées lors
de rendez-vous professionnels, ou à des situations de harcèlement sexuel.
• Avec un indice moyen de 5,35/10, la solitude
apparaît comme un sentiment diffus mais persistant, qui pèse particulièrement
en période de stress pour 39% des dirigeantes.
• 93% des femmes entrepreneures ont déjà
souffert du syndrome de l’imposteur
• 37% estiment que la maternité est perçue
comme un frein ou un risque dans leur parcours.
En 2025, les femmes
entrepreneures continuent de faire face à de nombreux défis spécifiques :
sexisme persistant, sentiment de solitude, syndrome de l’imposteur et
conciliation complexe avec la maternité. Si ces réalités pèsent sur leur
parcours et influencent leurs choix, elles ne freinent pas leur détermination.
La quasi-totalité d’entre elles réaffirment qu’elles referaient ce choix
entrepreneurial sans hésiter, preuve d’une résilience remarquable. Cet état
d’esprit puissant, ce message de persévérance et de détermination dans leur
projet, souligne cependant la nécessité de mieux les accompagner pour
transformer ces obstacles en leviers.
Tels sont les
enseignements de l’enquête menée dans le cadre de l’édition 2025 du concours «
Créatrices d’Avenir » par le réseau associatif Initiative Ile-de-France, auprès
de 615 femmes entrepreneures.
En complément de sa
mission de valorisation et de promotion de l’entrepreneuriat des femmes, le
dispositif « Créatrices d’Avenir » vise aussi à identifier les freins et
proposer des leviers d’action permettant de stimuler un véritable vivier de
croissance pour l’économie. Et de construire un monde où le genre ne serait
plus un critère pour oser entreprendre et réussir.
En 2025, le sexisme
dans l’entrepreneuriat est une réalité tenace
Pas de surprise sur ce
terrain, en 2025, le sexisme persiste et signe dans l’entrepreneuriat. 56% des
femmes entrepreneures, soit plus de la moitié des sondées, déclarent avoir déjà
été confrontées à des obstacles ou discriminations directement liés à leur
genre. C’est 5 points de plus par rapport à l’an passé !
L’entrepreneuriat des femmes continue donc de se heurter aux préjugés liés au sexe, aux stéréotypes sexistes et aux discriminations de genre. Dans le détail, elles sont 66% à avoir fait face à un comportement déplacé. Parmi elles, 45% ont déjà été victimes de propos sexistes ou paternalistes,
16% d’avances lors de rendez-vous
professionnels, et même 5% de pressions sexuelles ou chantages implicites en
lien avec un financement, un partenariat.
Des comportements et
des situations qui ont directement impacté leur activité ou leurs choix
professionnels pour 41% : soit en évitant certains environnements ou événements
(25%), soit en interrompant ou refusant une collaboration (16%). Les autres ont
fait le choix de fermer les yeux ou passer outre pour ne pas freiner le
développement de leur projet d’entreprise.
Femmes et hommes sur un
pied d’égalité : la solitude, un facteur de fragilité partagé
Sentiment commun à beaucoup d’entrepreneurs à un moment ou un autre de son parcours : la solitude.
« Qu'il ou elle soit solo, avec des associés, à la tête d'une équipe, tout le
monde peut y être confronté, indépendamment de son genre », souligne Francine
Savidan, présidente d’Initiative Île-de-France. Avec une moyenne de 5,35/10, le
sentiment de solitude des dirigeantes est loin d’être marginal. Sans être
écrasant, il reste un ressenti suffisamment fort pour peser sur le quotidien et
souligner le besoin d’accompagnement, de réseaux et de dispositifs de soutien
adaptés.
L’étude révèle ainsi
que la solitude fait partie intégrante de l’expérience entrepreneuriale, avec
des moments particulièrement marqués. 39% des dirigeantes déclarent la
ressentir davantage lors de périodes de stress (forte activité, signature de
contrats ou de partenariats), tandis que 30% évoquent les prises de décisions
importantes comme instants de vulnérabilité. Fait marquant, 7% confient
ressentir la solitude même dans leurs réussites, faute de pouvoir les partager,
et 18% vivent avec ce sentiment quotidiennement !
Lutter contre
l’isolement grâce à l’accompagnement
La solitude n’est
cependant pas une fatalité. Pour lutter contre l’isolement des entrepreneurs,
53% déclarent appartenir déjà à un réseau ou une communauté d’entrepreneurs,
tandis que 37% aimeraient pouvoir rejoindre un collectif. Interrogées sur les
soutiens qui leur permettraient de mieux vivre cette réalité, les dirigeantes
plébiscitent en premier lieu le parrainage et le mentorat (31%), suivis des
événements de networking ciblés (29%) et de l’accompagnement par un coach ou un
psychologue (22%). Enfin, les groupes de parole ou de soutien sont cités par
14% des répondantes.
Le syndrome de
l’imposteur : un mal (très) féminin et un frein silencieux
Dévalorisation,
sentiment de ne pas être à la hauteur, manque de confiance en soi, illégitimité
malgré des succès et accomplissements… autant de ressentis qui portent un nom :
le syndrome de l'imposteur. « Ce phénomène, qui touche particulièrement les femmes,
frappe souvent les profils les plus compétents, au point d’éroder leur
confiance en leur capacité à mener une carrière ambitieuse et valorisante »,
explique Francine Savidan.
Les chiffres parlent
d’eux-mêmes : 93% des dirigeantes déclarent avoir déjà douté de leurs
compétences même lorsqu’elles réussissent dont 66% « souvent ». Seules 7%
affirment n’en souffrir jamais.
Les impacts sont loin
d’être anecdotiques. Le syndrome de l’imposteur conduit à sous-estimer la
valeur de son offre ou produit (56%), à ne pas oser solliciter suffisamment de
clients, de partenaires ou de financements (45%), ou encore à éviter de prendre
la parole en public ou à se mettre en avant (46%). Certaines avouent même avoir
hésité à lancer leur projet entrepreneurial (31%) par peur de ne pas être à la
hauteur.
Enfin, ce « mal
invisible » est accentué par les représentations genrées : 61% des répondantes
estiment que le fait d’être une femme accentue ce sentiment de « ne pas être
légitime » dans le monde de l’entrepreneuriat.
Maternité et
entrepreneuriat une équation encore complexe
La maternité ! Un état
de grâce qui, lorsqu’il se conjugue à l’entrepreneuriat, peut vite compliquer
le parcours des femmes dirigeantes. Interrogées sur les critères où la
maternité a le plus d’impact (positif ou négatif), les répondantes placent en
tête la charge mentale et la gestion du temps et des priorités.
Mais le tableau n’est
pas tout sombre : l’entrepreneuriat offre aussi un atout reconnu par beaucoup,
celui de l’autonomie et de la flexibilité, dans un emploi du temps bien souvent
(sur)chargé.
Quant à la
compatibilité de la maternité avec l’entrepreneuriat, 37% estiment qu’elle est
perçue comme un frein ou un risque, tandis que 46% considèrent que cela dépend
du milieu ou des interlocuteurs.
Un consensus fort se
dégage néanmoins : 91% jugent nécessaire de renforcer les actions pour mieux
concilier maternité et entrepreneuriat. Comment ? L’accès facilité à des
dispositifs de garde d’enfants, des aides financières adaptées aux mères
entrepreneures, et le développement de réseaux de soutien et de mentorat, sont
les trois solutions jugées les plus utiles. Et quand on sait que 64% des
répondantes ont des enfants… l’expérience parle pour elles.
La résilience comme
moteur
Malgré tous ces
obstacles et freins, 93% des femmes interrogées se disent prêtes à se relancer
dans l’aventure entrepreneuriale si c’était à refaire. Cette donnée, au-delà
des indicateurs d’inégalité, traduit la vitalité et la détermination d’un
entrepreneuriat des femmes qui ne cesse de croître.
Selon Francine Savidan,
présidente d’Initiative Ile-de-France : « Les femmes entrepreneures
démontrent chaque jour leur force, leur créativité et leur résilience, malgré
les nombreux freins qui persistent comme le montre cette étude. Prises en étau
entre sentiment d’isolement, syndrome de l’imposteur, charge mentale accrue et
sexisme, elles avancent pourtant, portées par une détermination admirable. Avec
Créatrices d’Avenir, notre ambition est claire : lever les obstacles à
l’entrepreneuriat des femmes, briser les clichés, amplifier la visibilité des
femmes qui entreprennent et créer un environnement où leur talent et leur
légitimité ne seront plus jamais remis en question. Le chemin est encore long,
certes, mais grâce à l’engagement de tous nos partenaires tant publics et
privés et au soutien de nos bénévoles présents sur tout le territoire
francilien, nous voyons chaque jour les lignes bouger un peu plus vite. »
Créatrices d’Avenir, un
engagement fort pour booster l’entrepreneuriat des femmes en Ile-de-France
Plus que jamais le
développement de l’entrepreneuriat passe par un objectif de réelle mixité, et
donc une véritable volonté de booster l’expression du talent entrepreneurial
des femmes et de le faire éclore dans les meilleures conditions. Une mission
dans laquelle est fortement engagé le réseau Initiative Ile-de-France à travers
« Créatrices d’Avenir ». Lancé en 2011, « Créatrices d’Avenir » est un
programme de sensibilisation, de valorisation et de soutien dont l’objectif est
d’encourager les femmes qui font le pari de l’entrepreneuriat, qu’elles soient
en phase d’amorçage ou de développement de leur activité.
Plus qu’un concours, «
Créatrices d’Avenir » est un véritable levier d’accompagnement. Du lancement de
l’appel à candidatures jusqu’à la cérémonie de remise des prix récompensant les
parcours et projets les plus inspirants, les candidates entrent dans un
programme d’accompagnement complet : informations sur les aides disponibles à
la création-reprise d’entreprise, conseils en stratégie, recommandations sur
leur projet entrepreneurial, coaching, formation au pitch et à la prise de
parole, mise en réseau, accès à des solutions de financement (prêts d’honneur,
aides du Conseil régional, outils financiers portés par Bpifrance), etc.
Depuis son lancement, «
Créatrices d’Avenir » a enregistré, étudié et challengé 4 900 candidatures,
sélectionné 220 finalistes et récompensé 90 lauréates. Ces dernières
profitent chaque année de dotations à hauteur de 60 000 € mobilisées auprès des
partenaires publics et privés du programme. Des dotations en numéraire, mais
aussi en accompagnement (visibilité, conseils et coaching, billets d’avion,
mise en réseau…) en fonction des besoins de chaque dirigeante d’entreprise. Les
lauréates tirent également parti de l’important réseau de partenaires
d’Initiative Ile-de-France, organisateur du programme, et rejoignent la
communauté active et solidaire des « Créatrices d’Avenir ».


