La dernière étude Pulse d'Owl Labs
sur le travail hybride en France révèle que près de 80% des salariés français
se disent aujourd’hui confrontés à une demande explicite de retour au bureau.
Ce chiffre est
révélateur d’un mouvement de fond : malgré les progrès réalisés depuis la
pandémie, les entreprises françaises semblent opérer un repli remettant en
question les acquis récents en matière de flexibilité.
Le grand retour du
présentéisme
Les chiffres parlent
d’eux-mêmes : 76% des salariés déclarent avoir reçu une demande explicite de
retour au bureau. Près du quart des personnes interrogées (24%) indiquent
qu’elles doivent revenir en présentiel 5 jours par semaine, quand 20% sont
attendus au moins 3 jours.
Cette pression est
vécue difficilement, notamment par les jeunes générations, plus d’un salarié
sur deux (57%) déclare explorer d'autres opportunités professionnelles face à
ce retour en arrière. Dans un contexte de pénurie de talents, ce chiffre
devrait alerter les responsables d’entreprises face à cette majorité
silencieuse mais lassée.
Une flexibilité
demandée, équité exigée car devenue essentielle
Les salariés français
ont une demande claire, ils souhaitent un équilibre clair entre vie
professionnelle et personnelle. Et les chiffres de l’étude le montrent, le
travail hybride permet de mieux respecter les délais pour 44% des sondés.
Mais ce que les
collaborateurs appellent de leurs vœux, ce sont des changements structurels
durables : 33% souhaitent des journées plus flexibles et 28% des horaires
aménagés. En effet, les salariés sont contraints de gérer de nombreuses
obligations personnelles pendant leurs journées de travail et cela se fait sans
perte d’efficacité. Ainsi, 66% se disent à l’aise pour prendre jusqu’à une
heure pour des tâches personnelles, notamment pour les rendez-vous médicaux
(53,2%), les démarches administratives (53,6%), ou les tâches domestiques (56,2%).
Enfin, la flexibilité
ne doit pas seulement exister — elle doit être juste. Aujourd’hui, 15,6% des
salariés dénoncent une flexibilité accordée de manière inégale : réservée aux
cadres supérieurs, variable selon les bureaux, ou distribuée arbitrairement.
Résultat, près d’un quart d’entre eux (14,2%) ressentent du ressentiment
vis-à-vis de leur entreprise.
Le vrai frein à la
productivité ? La technologie, pas le télétravail
Autre paradoxe pointé
par l’étude : malgré l’omniprésence des visioconférences (72% des salariés y
participent quotidiennement), 86% rencontrent encore des problèmes techniques,
liés à la connectivité, aux équipements ou aux outils. Le problème n’est donc
pas le travail hybride, mais bien l’absence d’investissement dans les
infrastructures adaptées.
Néanmoins, certaines
entreprises ont investi dans certaines technologies, notamment l’IA. Entre
promesse et anxiété, l’IA s’invite progressivement dans les bureaux : si 56,4%
des salariés sont encouragés à l’utiliser, ils sont 31% à ne pas y avoir encore
accès. Mais au-delà de sa plus-value,
l’IA suscite des craintes et 36% des sondés redoutent déjà son impact sur leur
carrière. Ainsi, si l’IA peut augmenter la performance (pour 22,2%), elle reste
une source d’angoisse tant que son déploiement n’est pas accompagné.
L’étude Owl Labs révèle
un décalage inquiétant entre les attentes des salariés et les décisions des
entreprises. Revenir au bureau sans améliorer les conditions de travail
(bureaux bruyants, technologies obsolètes, manque d’ergonomie...) ne peut
qu’entraîner une démobilisation.
Dans un monde du travail en pleine transformation, la flexibilité ne doit pas être perçue comme une faveur, mais comme un levier stratégique de performance, de bien-être et de rétention des talents.