L’Observatoire Trends at Work de Hello Masters publie les dernières
tendances en matière d’espérance de vie et de durée de carrière à l’échelle
mondiale et européenne.
À l’heure où les réformes des retraites et le
vieillissement actif dominent les agendas politiques, ces chiffres offrent un
éclairage stratégique sur l’évolution du travail à l’horizon 2030.
Des trajectoires
divergentes à l’échelle mondiale
L’espérance de vie
mondiale actuelle se situe entre 72 et 73 ans, et devrait atteindre, d’ici
2030, environ 75 ans. Cette progression, bien qu’inégale, traduit des avancées
notables en matière de santé publique, d’accès aux soins et de conditions de
vie.
Certaines régions du
globe se démarquent particulièrement. L’Europe affiche aujourd’hui une
espérance de vie comprise entre 78 et 82 ans, qui devrait progresser légèrement
pour atteindre 80 à 83 ans d’ici 2030. L’Amérique du Nord suit une tendance
similaire, avec une progression estimée de 79–81 ans aujourd’hui à 80–82 ans.
En Océanie, l’espérance
de vie est déjà l’une des plus élevées au monde (78–83 ans), avec une
projection allant jusqu’à 84 ans. À l’inverse, l’Afrique reste en retrait avec
une moyenne actuelle de
64 ans, bien que des améliorations pourraient porter
cette espérance à 67 ans en 2030.
Le Japon conserve sa
place de leader mondial avec une espérance de vie dépassant 84 ans aujourd’hui,
et pouvant atteindre 86 ans en 2030, grâce à une alimentation saine, des
systèmes de soins performants et une culture du soin intergénérationnel.
L’allongement des
carrières : une tendance généralisée
La durée de carrière
suit une dynamique parallèle. Dans les pays de l’OCDE, elle atteint aujourd’hui
environ 36 ans, et pourrait s’allonger à 38 ans d’ici 2030.
L’Europe présente des
carrières moyennes de 35 à 38 ans aujourd’hui, qui devraient atteindre
37 à 40
ans dans les prochaines années, sous l’effet du vieillissement actif, de
réformes des retraites,
et de l’augmentation de l’âge de départ. En Amérique du
Nord, la durée de carrière moyenne est de
35–37 ans, et devrait passer à 36–38
ans.
L’Asie montre une
progression significative, avec des carrières allant de 32 à 35 ans
aujourd’hui, et pouvant atteindre 34 à 36 ans en 2030, notamment grâce au Japon
où le besoin en main-d’œuvre pousse à prolonger l’activité professionnelle. En
Amérique latine, on observe un passage prévu de 30–34 ans à 33–35 ans, tandis
qu’en Afrique, les carrières passeraient de 29–32 ans à 30–33 ans.
Des écarts persistants
mais un mouvement vers l’uniformisation en Europe
Au sein de l’Union
européenne, les écarts sont notables. Les pays du Nord (Suède, Danemark,
Pays-Bas) présentent les carrières les plus longues, souvent supérieures à 40
ans, soutenues par des politiques de l’emploi favorables, un faible taux de
chômage et une forte implication professionnelle.
À l’opposé, des pays du Sud
et de l’Est comme la Grèce, la Bulgarie ou l’Italie connaissent des durées de
carrière inférieures, autour de 30 à 35 ans, affectées par des départs
anticipés, des taux de chômage élevés et des systèmes sociaux moins robustes.
En matière d’espérance
de vie, des pays comme l’Espagne et l’Italie bénéficient d’une longévité
élevée, ce qui pousse à adapter les politiques de travail pour maintenir les
seniors actifs plus longtemps.
Hommes et femmes : vers
un rééquilibrage des parcours professionnels
Si les hommes
conservent aujourd’hui des durées de carrière plus longues, l’écart se réduit.
En Europe, l’écart entre les sexes est de 3 à 4 ans aujourd’hui, mais pourrait
se réduire à 1 à 2 ans en 2030, grâce aux politiques de parité et de retour à
l’emploi. En Amérique du Nord, l’écart est actuellement de 2 à 3 ans.
Cependant, certaines
régions, comme l’Asie, accusent encore un retard important : la différence de
durée de carrière entre hommes et femmes peut atteindre 5 ans, bien que la
participation féminine progresse dans plusieurs pays. En Océanie, l’écart reste
de 3 à 4 ans, mais des dispositifs de soutien à l’emploi féminin contribuent à
réduire cette distance.
Un impératif : repenser
le travail pour demain
Les données de
l’Observatoire montrent que l’espérance de vie progresse partout dans le monde,
et avec elle, la nécessité d’adapter le marché du travail. L’enjeu n’est plus
seulement de vivre plus longtemps, mais aussi de travailler plus longtemps —
dans des conditions durables, inclusives et flexibles.
Face à cette
transformation, les organisations doivent investir dans :
• la formation continue,
• des politiques de retraite adaptables,
• le soutien à la diversité générationnelle,
• et une répartition équitable du temps de travail entre les âges et les genres.