A
l'occasion de la 3e édition du Sommet de la Mesure d'Impact, l'Impact Tank,
premier think tank dédié à l’économie à impact positif, créé par le Groupe SOS
et quatre grandes universités (Sciences Po, Sorbonne Université, Conservatoire
National des Arts et Métiers, Paris Dauphine-PSL), a remis son rapport «
Refaire nos liens : l’impact du lien social dans nos territoires ».
Fruit de l’analyse de
164 initiatives concrètes portées par des associations, collectivités et
entreprises à travers la France, ce rapport porte une conviction forte : face à
la défiance généralisée et à la fragmentation qui traverse la société française,
le lien social doit devenir un levier stratégique, transversal et mesurable de
l’action publique et de l’engagement des entreprises.
Ce travail a été mené
de manière collégiale, sous la coordination de Hélène L’Huillier, chercheuse
associée à l’ESSEC Business School, avec la participation d’acteurs issus du
monde associatif, de la recherche, des institutions publiques et de l’entreprise.
Cinq recommandations
pour inscrire le lien social au cœur des politiques publiques
Aujourd’hui, 12% des
Français vivent en situation d’isolement relationnel et 21% se sentent
régulièrement seuls. Pourtant, le lien social reste peu structuré dans les
politiques publiques, faute de définition partagée, de stratégie nationale
claire et d’outils de mesure adaptés.
L’Impact Tank plaide
dans ce rapport pour une reconnaissance politique du lien social, à travers
cinq recommandations concrètes :
• Adopter une définition partagée du lien
social, pour en faire un objet politique en soi. Cette reconnaissance est
indispensable pour structurer l’action publique et orienter les
investissements.
• Se doter d’outils d’observation pour
accompagner la conception et le suivi des politiques territoriales : pour cela,
le rapport propose une « matrice des effets », qui permet d’identifier les
facteurs de fragilisation du lien social (isolement, précarité,
discriminations, crises environnementales, ségrégation territoriale, etc.) et
de relier ces facteurs à des indicateurs d’évaluation concrets.
• Articuler les échelles d’action – locales,
nationales et européennes – en reconnaissant les territoires comme laboratoires
vivants du lien social, capables d’innover et d’expérimenter des solutions à
essaimer.
• Faire du lien social une réponse aux grands
défis contemporains, en l’intégrant pleinement dans les politiques de santé,
d’éducation, d’emploi, de logement, d’aménagement et de culture.
• Revaloriser les métiers du lien, trop souvent
précaires, alors qu’ils sont indispensables : aides à domicile, animateurs,
médiateurs, éducateurs… Le rapport appelle à des mesures de reconnaissance
salariale, statutaire et symbolique.
Des initiatives locales
qui montrent la voie
Ce rapport présente des
initiatives concrètes qui montrent, sur le terrain, comment le lien social peut
être construit, mesuré et renforcé. Parmi elles :
• Des tiers-lieux comme La Koncepterie
(Chalon-sur-Saône) ou La Fabrique des Possibles (Montpellier), qui créent des
espaces hybrides d’entraide et de participation citoyenne
• Les colocations intergénérationnelles
d’ensemble2générations, pour lutter contre la solitude des aînés tout en
favorisant l’accès au logement des jeunes.
• Le programme Ruralisons, qui soutient les
jeunes engagés dans la revitalisation des territoires ruraux isolés.
• L’initiative Les Voisins Malins, qui forme
des habitants à créer du lien de proximité et relayer des informations utiles
dans les quartiers populaires.
Ces projets partagent
une même philosophie : placer le "faire ensemble" au cœur de leur
action.
44% des initiatives recensées reposent sur l’engagement collectif comme vecteur
de lien social.
Selon Agnès Audier,
présidente de l’Impact Tank : « Trop longtemps considéré comme
périphérique, le lien social est en réalité un fil rouge qui traverse tous les
grands enjeux de notre époque : écologie, éducation, santé, emploi. Ce rapport
invite à changer d’échelle et de regard : il propose de faire du lien social
non plus une externalité positive, mais un pilier stratégique de
transformation. Les outils existent, les initiatives aussi : ce qu’il faut
désormais, c’est une volonté claire pour les reconnaître, les soutenir et les
amplifier. »
Tony Bernard, directeur général de l’Impact Tank, poursuit : « Ce rapport ne propose pas un constat, mais une feuille de route. Reconnaître que le lien social se construit implique de lui donner une place centrale dans nos choix collectifs. La mesure d’impact est ici un levier décisif : elle permet de rendre visible ce qui fonctionne concrètement sur le terrain, d’objectiver les effets des initiatives, et de guider les décisions publiques et privées. C’est ainsi que nous pourrons reconstruire la confiance et, avec elle, refaire société. »